Prisonnière

Chapitre 13

- Anna, réveilles toi. On doit redescendre.

La voix de Lorren me parvint à travers la brume du sommeil. J'ouvrai difficilement les yeux et lorsque je me rendis compte que ma tête reposait toujours sur l'épaule de Lorren, je bondis sur mes pieds, morte de honte. Depuis combien de temps m'étais-je endormie ?

Lorren se releva à son tour. Je n'osai pas le regarder dans les yeux tellement j'étais gênée. Sans soleil, l'air s'était considérablement rafraîchit et je frissonnai dans ma robe à bretelle. Qu'est-ce qui m'avait pris de venir ici dans cette tenue ?

- Il y a une autre trappe là-bas. Il désigna du doigt un endroit à notre gauche, mais comme la nuit était belle et bien là à présent, je n'y voyais strictement rien.

Il attrapa ma main et ce contact suffit à me réchauffer. Il me guida lentement vers l'endroit qu'il avait indiqué et s'agenouilla.

- J'avais oublié que les nuits étaient si noirs ici. Je n'y vois strictement rien.

Il chercha à tâtons la poignet de la porte et après quelques minutes pendant lesquelles il ne s'arrêta pas de jurer, il finit par tirer d'un coup sec et la trappe s'ouvrit. Il passa d'abord puis m'aida à descendre. Je pensai soudain avec un profond désespoir que nous allions devoir redescendre par le même chemin que nous avions empruntés à l'allée. Comme si il lisait dans mes pensées, il me lança avec une pointe d'amusement dans la voix:

- Ne t'inquiètes pas, il y a un ascenseur qui va nous faire descendre.

Je m'apprêtai à lui sourire quand je réalisai quelque chose. Scandalisée, je lui lançai:

- Attends, il y a un ascenseur qui aurait pu nous monter jusque là-haut mais tu as préféré me faire monter... je ne sais combien d'étages à une échelle ? J'arrive pas à y croire.

- On ne pouvait pas emprunter l'ascenseur tout à l'heure car n'importe qui aurait pu nous voir. Et on n'a pas le droit de monter là-haut sans l'accord de Steve. A cette heure-là, tout le monde dort. On a beaucoup moins de chance de tomber sur quelqu'un.

Je hochai la tête. Je ne comprenais pas pourquoi on avait pas le droit de monter sur le toit. C'était absurde. Ce n'était pas comme si on était une équipe de terroriste près à faire exploser tout un pays.

Lorren appuya sur le bouton de l'ascenseur et quelques secondes plus tard, les portes s'ouvrirent et nous entrâmes. Les deux minutes de descente me parurent les deux plus longues de ma vie. J'étais terriblement gênée.

Lorsque les portes s'ouvrirent de nouveau, je me précipitai dehors. Il me suivit et nous fîmes le trajet jusqu'à ma chambre dans un silence pesant. Lorsque nous fûmes arrivés devant la porte, il me souhaita bonne nuit et s'éclipsa. Je soupirai et entrai dans ma chambre. Quelques minutes plus tard, je dormais à point fermé.

***

Le lendemain matin, je me rendis au réfectoire, le coeur léger. Il y avait peu de personnes, ce qui était comprehensible vu l'heure matinale. J'en profitai pour prendre mon petit dejeuner dans le calme, sans le bourdonnement incessant des conversations autour de moi.

Lorsque je fus rassasiée, je décidai de retourner à ma chambre. Sur le chemin, je croisai Steve et Lorren. Lorsqu'ils m'aperçurent, ils se dirigèrent vers moi.

- Melle Drecquet, comment vous sentez-vous ce matin ? On m'a rapporté que vous étiez souffrante hier soir et que c'était la raison pour laquelle vous n'aviez pas assisté à toute la cérémonie.

Je jetai un coup d'oeil à Lorren qui se mordait la joue pour ne pas rire. Je lui fis les gros yeux avant de me tourner vers Steve.

- Oui en effet, je ne me sentai pas très bien. Mais tout va bien ce matin.