Chapitre 6

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- Ne leurs dis rien.

Il referma la porte et sortit. Je restai quelques instants au centre de la pièce, interdite. Avais-je rêver où le type qui avait assisté à toutes mes séances de torture, qui avaient frappés mon meilleur ami jusqu'à l'évanouissement, venait juste de me demander de ne rien dire à propos de l'AGC ?

Je ne savais pas quoi penser. Etait-il sincère ? Voulait-il vraiment que je garde le silence alors que je risquai ma vie à chaque seconde passée ici ?

Je m'assis sur mon lit. C'était à n'y rien comprendre.

***Flashback : 4 mois plus tôt.***

Carl, Luc et moi étions assis en compagnie de Christian - le président de l'AGC - et des autres directeurs d'agents dans la grande salle de réunion au troisième étage. Les grandes baies vitrées nous permettaient de voir le jardin. Il y avait beaucoup de monde ce jour-là. Les joggeurs faisaient leurs tours de terrain habituels et on pouvait apercevoir au loin des agents qui s'entrainaient au combat.

Je me reconcentrai sur les personnes présentes autour de la table. Je jetai un coup d'œil à Carl, qui semblait sur le point de s'endormir. Je le connaissais assez bien pour savoir qu'il préférait largement passer ses journées à s'entraîner plutôt que de rester assis autour d'une table, à discuter des derniers exploits de l'agence. Luc, quant à lui, était assez poli pour feindre de s'intéresser à ce qui se passer autour de la table. Il prenait parfois la parole, puis replongeait dans ses pensées.

- Revenons-en au sujet d'aujourd'hui, lança Christian d'une voix forte. Agent Drecquet, agent Rewis, agent Stiva, nous avons une nouvelle mission pour vous. Elle sera légèrement différente des précédentes puisque cette fois, vous resterez en retrait. La seule chose que l'on vous demande, c'est de récolter un maximum d'informations. Et de ne pas vous faire attraper. Depuis quelques temps, nous avons retrouvés la trace de Samuel Horwitz. Il a tué trois femmes en 1997 par strangulation et égorgement. On a perdu sa trace après. En 2007, il  a tué quatre femmes et a enlevé deux enfants que nous n'avons jamais retrouvés. Il faut que vous compreniez qu'il est dangereux. Il fait parti d'une des plus grandes associations de criminels du pays. Et votre mission consiste à nous établir la liste des membres et de l'endroit où ils se cachent. Voici la liste des endroits qu'ils ont l'habitude de fréquenter. Vous partez demain.

Il fit glisser un dossier vers nous. Carl y jeta à peine un coup d'œil et Luc ne sembla pas s'y intéresser plus que ça. Je pris donc les papiers entre les mains et les feuilletai rapidement. La plupart des lieux étaient des bars ou des boîtes de nuit. J'en connaissais certains mais la plupart m'étaient inconnus.

- Bien, lança Carl en se levant. Merci de nous avoir reçus Christian mais si notre départ est, comme vous le dites, demain, j'aimerais avoir le temps de préparer mes affaires et de me reposer. Je suppose qu'il en va de même pour les agents Drecquet et Rewis. Je vous souhaite une bonne journée à tous.

Luc et moi nous levâmes à notre tour et Christian nous fit un sourire chaleureux. Il nous accompagna jusqu'à la porte et nous lança avant de nous laisser partir:

- Vous avez rendez-vous demain à 21 heures au sous-sol pour l'embarquement. Ne soyez pas en retard.

Nous acquiesçâmes puis sortîmes de la salle. Nous avions à peine fait quelques pas que Luc s'écria:

- J'arrive pas à y croire. Ça ne fait que trois jours que nous sommes rentrés de mission et il nous envoie de nouveau à l'autre bout du pays. On est bien loin de la semaine de repos promise entre chaque mission.

- Dis-toi que si ils nous envoient faire une mission aussi importante que celle-là, c'est parce qu'ils savent qu'on est les meilleurs, lança Carl en souriant fièrement.

Je levai les yeux au ciel en souriant. Carl et son égo.

- Tu n'es pas d'accord Anna ?

- Et bien, quand tu dis "nous", tu inclues Luc dedans ? Parce qu'au dernière nouvelle, la dernière fois que nous avons été en mission, il s'est pris une poutre en bois sur le crâne et on a dû tout faire tout seul.

Luc grommela quelque chose d'inaudible et Carl ricana.

*** Fin du flashback ***

L'ironie du sort avait fait que, désormais, ce n'était plus moi qui cherchait à récolter des informations mais belle et bien les personnes que j'étais censée traquer.

Je soupirai. Je n'avais aucune idée de comment j'allais m'y prendre pour me sortir de là. Depuis que Loren m'avait dit de ne rien dire, j'étais totalement perdue. Que cherchait-il à faire ?C'était peut-être un piège. En même temps, le regard qu'il m'avait lancé lorsqu'il me l'avait dit avait encore plus semé le doute en moi que ses paroles. Pour une fois, il m'avait regardé sans me montrer le moindre signe de haine. Qu'Est-ce qui lui avais fais changer d'avis sur moi ?

Devais-je l'écouter, même au prix de ma propre vie et peut-être même de celle de l'une des personnes qui m'était le plus chère au monde ? Non. Je ne pouvais pas les laisser torturer Luc. Si ils le tuaient par ma faute, je ne pourrais jamais m'en remettre. Je ne pouvais pas imaginer un monde sans lui ou Carl. Tous les trois, on s'était toujours protégés du reste du monde. Depuis aussi loin que je me rappelai, nous n'avions jamais été séparés. Ils étaient tous ce que j'avais, ma seule famille. Je ne savais pas où je serai aujourd'hui si je ne les avais jamais rencontrer. Je n'étais même pas sûre que je serai encore en vie aujourd'hui. Ils comptaient trop pour moi, tous les deux. Le seul problème, c'est qu'aujourd'hui, on me demandait de choisir l'un des deux. Soit je parlais et je sauvai la vie de Luc mais je mettais en péril celle de Carl soit je gardai le silence et Luc serait tuer.

Je ne savais pas ce qu'ils faisaient subir à Luc, mais j'avais une peur bleue de l'apprendre. Etait-il en train de souffrir, alors que moi je profitai de ma nouvelle cellule ?J'espérai vraiment qu'il resterait inconscient longtemps, car j'osais espérer qu'ils ne le toucheraient pas dans un état aussi vulnérable.

PrisonnièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant