Deuxième jour

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Cefut la sonnerie stridente de son réveil qui le tira du sommeil.Pourquoi l'avait-il laissé branché alors qu'il n'avait pas demissions à accomplir ce jour-là ? Il l'ignorait. Il l'arrêtad'un coup sec et coléreux, puis se retourna dans son lit pour serendormir. Aucun membre d'aucune section n'enchaînait deuxmissions en deux jours. C'était une chose interdite. Il fallait unpeu ménager les troupes, et les capitaines de section s'étaientdepuis longtemps rebellés contre cette pratique, disant que leurshommes étaient trop rapidement épuisés et qu'il leur fallait untemps de repos après chaque mission. Ils n'avaient pu obtenir plusd'une journée pour les équipes les plus sollicitées. Dans cescas-là, Alex regrettait de faire partie de ces dernières. Parfois,il était préférable d'être parmi les moins efficaces, de façonà pouvoir dormir plus longtemps le matin et à ne pas faire decauchemars la nuit. Le problème était que les membres de ceséquipes voyaient rarement leurs Espoirs.

Cequi lui rappela avec une pointe de colère que, comme il s'y étaitattendu, il n'avait pu voir la sienne la veille au soir. Commentavaient-ils pu oser lui retirer ce privilège ? Il avait enviede la voir. Il avait toujours envie de la voir. Parfois même plusque de voir Rachel.

Cetinstant d'indignation l'empêcha de se rendormir. Il se redressaà contrecœur en baillant de fatigue.

Ques'était-il passé la veille ? Il se souvenait parfaitement des'être disputé avec Rachel et de l'avoir entendu clairement luidire qu'elle ne voulait plus le voir. Pourtant, il se souvenaitaussi d'elle face à lui, lui parlant à la fois doucement etfermement, lui interdisant de se laisser aller... Puis le noir total.

Ilse secoua et se leva, repoussant les draps loin de son corps nu.Rachel lui en voulait toujours, et elle n'était pas prête de luipardonner. Son couple était fichu, et il ne pourrait pas voir sonEspoir avant d'être appelé pour une nouvelle mission et de laréussir. Soit le lendemain.

Ilsortit l'un de ses uniformes de l'armoire et réalisa soudain letragique de la situation.

Ilavait désobéi aux ordres. Il avait passé la mi-journée et la nuità dormir, contraint et forcé par les médicaments à ne pas ouvrirl'œil avant que son réveil ne le lui ordonne.

Etpar-dessus tout, le plus grave, le plus horrible... Fabrice étaitmort, et son Espoir l'avait regardé mourir. À sa propre demande !

Ilreplaça l'uniforme dans l'armoire.

C'étaitpour ça que Rachel était venue le voir. Pour le consoler !Pour lui faire croire qu'il n'y était pour rien dans la mort deFabrice ! Pourtant, s'il avait été un capitaine aussi bonqu'on le disait, jamais il n'aurait perdu l'un de ses hommes.Jamais Fabrice ne se serait retrouvé dans une situationdangereusement mortelle. Jamais ses hommes ne se seraient retrouvésséparé les uns des autres.

Alexse laissa retomber sur le lit, déprimé. Non content d'avoir perdul'un de ses hommes, il allait être puni pour son incompétence. Ilallait être rétrogradé, perdrait sa place de capitaine, serait missous les ordres de quelqu'un d'autres. Lui qui avait tant travaillépour ne plus avoir à obéir qu'à Illusion 100 ! Il étaitpitoyable... tous ses efforts anéantis par la mort de l'un de seshommes. Son Espoir ne lui pardonnerait jamais d'avoir laisséFabrice mourir. Un Espoir était mort par sa faute ! Un ou uneami de son propre Espoir avait disparu la veille.

Parsa faute.

Letéléphone sonna alors, l'arrachant à ses sombres ruminations. Ilessaya de reprendre un peu d'assurance avant de décrocher.

–Illusion 332 ?dit une voix au ton protocolaire.

Leservice administratif. Certainement pour m'annoncer le jour de lacommission qui me rétrogradera.

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