Illusion

Sixième jour

Cefut un véritable cri d'hystérique qui les réveilla, quelquesheures plus tard. Lucas bondit sur ses pieds et courut se plaquercontre la porte pour empêcher l'arrivante de repartir. Alex sedressa, perclus de courbatures, et vint faire une révérence plus oumoins moqueuse devant la femme.

–Pardonnez-nous,Liliane, pour notre présence en ces lieux. Nous n'avions d'autreschoix que de trouver refuge ici.

Lilianefit demi-tour et se heurta à Lucas, qui l'empêcha de tomber en laretenant par la taille dans un brui de fêlure. Elle regarda sontalon cassé comme si c'était la chose la plus gênante dans cettepièce, tout en restant accrochée au jeune Lucas. Visiblement, ellene s'en rendait même pas compte.

Rachelse dressa péniblement, épuisée. Elle s'était allongée sur leseul canapé de la salle d'attente de l'agence de détectivesfraîchement refaite. Alex et Lucas avaient optés pour desfauteuils, confortables, heureusement, mais ne leur permettant pas dedormir dans des positions agréables, à tel point qu'ils avaientterminés leur nuit à même le sol. Alex ressentait encore quelquescourbatures un peu partout. Cette nuit n'avait en rien arrangé sonétat.

–Qui êtes-vous ?demanda-t-elle.

–Vous ne mereconnaissez pas, Liliane ? Ce n'est pas la première fois queje viens ici, fit Alex avec douceur.

Lilianele regarda avec de grands yeux apeurés.

–Non, je ne vousconnais pas !

–Alex !Alexandre ! Voyons, Liliane, je suis le fils de votreemployeur !

Lilianel'observa de plus près, son regard passant des cheveux presquerasés à l'uniforme mal porté et aux pieds nus, effleurant àpeine les traces violettes qui martelaient sa peau.

–Alexandre ?Mais... Vous devriez être à Fatum. Pourquoi dormir ici ?

–C'est un peucompliqué. Je préférerais ne pas avoir à me répéter, alors...

–Alors vous allezattendre que Daniel arrive, je suppose.

–Exactement. Voustrouvez ça gênant ?

–Non, je trouve çavexant.

Lilianelança un regard réprobateur à Rachel qui s'était laisséretomber sur le canapé avec un soupir, puis à Lucas qui sifflotaitpour se donner un peu de confiance, toujours adossé à la porte.

–Comment va votrefils ? questionna Alex en la guidant vers un fauteuil. Je l'aivu si vite, la dernière fois.

Lilianes'assit, recoiffant les mèches blondes qui s'étaient échappéesde son chignon parfait.

– Ilest vrai que vous n'êtes pas resté bien longtemps parmi nous, ladernière fois. Il va parfaitement bien. Il est à l'école,aujourd'hui.

Parfait.Ce sera un problème en moins à gérer.

– Ildoit être au collège, maintenant, je me trompe ?

–Non. Il est encinquième.

Ilsse turent, embarrassés l'un comme l'autre.

–Comment va monpère ? questionna doucement Alex. Je n'ai pas pu prendre desnouvelles de lui depuis la dernière fois, alors...

– Ilva bien. Il s'inquiète pour vous, Alexandre. Il aimerait que vousquittiez cette organisation...

– Jesais, soupira Alex. Je sais. Il me l'a assez dit.

–Pourquoi ne lefaites-vous pas ? Au moins pour lui faire plaisir ?