Illusion

Dernier jour

Alexclaqua la porte de l'armurerie derrière lui, mais pas avant queses équipiers ne l'ai suivi. Ils étaient furieux de ce qu'ilsavaient découvert, furieux et dépité, comme Alex et Lucasl'avaient été quelques jours plus tôt. Eviter de penser à lasignification de leur découverte était le seul moyen pour eux derester lucide. Et comment une Illusion pouvait-elle cesser deréfléchir ? En agissant. En, agissant et en suivant les ordresde son chef. Alex était ce chef. La terrible découverte de laréalité lui avait ramené toute son autorité sur Mathieu et Bruno.Il allait en avoir besoin.

–Équipez-vous.Entièrement.

–Pourquoi ne paspasser par la machine ? questionna étourdiment Bruno.

–Parce que la machinenous colle une caméra à chaque fois qu'on l'utilise et prévientIllusion 100 dès qu'elle s'enclenche, répondit Lucas, exaspéré.Nous n'avons pas besoin qu'il se mêle de cette histoire.

– Pasencore, rectifia Alex en saisissant un ensemble de pistolets mis auxcouleurs des Illusions. Nous aurons peut-être besoin de lui plustard, mais pour le moment, il ne ferait que nous gêner.

Lucasfarfouillait dans la grande armurerie, au cas où il trouverait unearme qui lui conviendrait bien. Il ne pensait pas en avoir besoin,étant entouré d'Illusions, mais sait-on jamais ?

–Qu'est-ce que tucomptes faire, exactement ? questionna Mathieu en soupesant ungros revolver. Nous te suivons, Bruno et moi, mais nous ne savons pasvraiment ce que tu as décidé.

– Vousle saurez bien vite.

Lesdeux Illusions eurent beau insister, ils ne parvinrent pas à faireparler Alex. Peut-être avait-il peur de leur réaction, peut-êtrecraignait-il qu'ils le laissent tomber au dernier moment. Bruno etMathieu ne le savaient pas, mais ils se promirent de le suivrejusqu'au bout. Maintenant, ils étaient prêts à tout pourdécouvrir la vérité, pour savoir ce qui était arrivé à leursEspoirs et aux Espoirs de leurs camarades d'infortune. Ils avaientdécidé de tout abandonner, de tout oublier jusqu'au moment oùils pourraient enfin revoir leurs Espoirs... ou leur corps.

Ilscomprenaient maintenant pourquoi Alex avait fait tout cela. Personnene pouvait rester de marbre après avoir vu ce qu'ils avaient vu.Leurs Espoirs...

Alexignorait ce qui avait bien pu arriver à Rachel. Il y avait réfléchilongtemps, mais aucune explication logique ne lui venait à l'esprit.

– Net'inquiète pas, murmura Lucas à ses côtés. Nous laretrouverons.

Cen'était pas qu'il en mourait d'envie après ce qu'elle avaitfait... mais il ne pouvait pas non plus la blâmer. Elle n'avaitpas vue le quartier détruit. Comment aurait-elle pu réellementcomprendre leur motivation, ou même les croire ?

Iltenait en main l'un de ces petits pistolets réservé aux Méprises.Facile à cacher, elle était longée d'un petit liseré doré,marque de sa section. Les Mirages en utilisaient un semblable, àl'exception près que son liseré était rouge. C'était cettearme qu'ils prenaient pour aller chercher un homme blessé par unpreneur d'otage, durant l'accalmie qui avait pu être négociéepar la police. Une simple mesure de précaution, pour éviter que lesMirages ne soient pris pour cible, détruisant l'armisticeprovisoire.

– J'aipeur qu'elle ait subi le même sort que les Espoirs, lâcha Alexdans un souffle.

– Nousne savons pas ce qui est arrivé aux Espoirs. Ne t'inquiète pas.Je suis certain qu'elle est encore vivante.

Alexs'accrochait à cette idée, son seul espoir de la revoir un jour.Mais avec ce qu'ils avaient découvert sur Fatum, qui était mêmecapable de prendre en chasse ses propres hommes, comment pouvait-ilcroire encore à cela ?