Nous (ils) vous trouvions tellement abjectes que nous (ils) nous délections de vous savoir mourants.
*
« - Escouade G15, prête à l'armement. »
La voix retentit durement, claquant les murs, tandis que l'Arche fourmille soudain avec plus de ferveur. Les conversations cessent subitement, et la longue procession migratoire se dirige vers les fenêtres de verre. Les Citoyens s'entassent le long des barrières, tentant d'apercevoir, en contrebas, le métal brillant des Transporteurs.
J'arrête la musique classique lorsque je vois mon sergent faire le tour des Couchettes. Je me dépêche d'enfiler ma combinaison, les doigts tremblants d'une légère appréhension.
J'ai peur de ce que je vais trouver là-bas.
Sur Terre.
Mon sergent se rapproche et je me place devant la porte de ma Couchette, bras derrière le dos, bandant mes muscles, dans ce qui devrait ressembler à une position militaire. Il me jette à peine un coup d'œil puis continue son inspection. Il arrive au bout du couloir, ancre ses pieds dans le sol bétonné, nous effleure d'un regard froid. Et parle :
« - Escouade G15. Aujourd'hui est un grand jour. J'espère que vous en avez conscience. »
Une armoire à glace bombe encore plus son torse. Je me sens soudainement frêle à côté de ses biceps de la taille d'une cuisse.
« - Aujourd'hui, nous descendons sur Terre. Ai-je besoin de vous rappeler en quoi consiste votre devoir ? »
Traquer les résistants. Les capturer vivants, dans le meilleurs des cas. Sinon, les tuer.
Je regarde autour de moi, constate que tous mes camarades regardent le sol, et les imite. Le dominant reprend, nous écrasant de son autorité verbale.
« - Quelqu'un a des questions ? »
Personne ne parle ni ne bouge.
« - Tant mieux, car je n'y aurais pas répondu. Vous êtes là pour vous battre, alors le premier qui ne sait pas ce qu'il fout sur ce putain de champ de bataille, je le prends par les couilles et je le renvoie chez sa mère. C'est clair ? Bien. Toi, là. »
Il pointe un mec un peu petit de son gros doigt calleux. Le jeune homme se crispe et essaye de se grandir.
« - T'aide ton camarade et l'autre fait pareil. Tu lui mets son casque, tu l'agrafe et tu te mets en ligne. Les autres, vous l'imitez. Aller, on se bouge ! »
Il tape dans ses mains pour nous réveiller de notre état de vague incompréhension et s'apprête à sortir de la pièce. Mais il s'arrête devant moi, son corps me surplombant de ses épaules énormes. Je me fige, sens ma respiration qui s'accélère puis tente de me calmer.
Il baisse la voix. J'entends le tintement d'une arme avant que ses mots ne me parviennent.
« - Si j'entends à nouveau ne serait-ce qu'une misérable note de cette musique humaine - et je sens tout le mépris que contient ce mot- je t'étrangle moi-même. Je me suis bien fais comprendre ?»
J'hoche la tête, incapable de prononcer la moindre syllabe.
Il me libère de son envahissante présence et sort dans un claquement. Mon voisin de droite se tourne vers moi ; j'accroche son casque puis me tourne vers celui de gauche.
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Requin-Tendre | TaeKook
FanfictionTu tremblais d'une détermination puissante, instable et insatiable. Tu brûlais du besoin de me tuer, parce que j'étais de l'espèce qui a dominé la tienne et l'a conduite à sa perte. Quant à moi, je ne rêvais que d'une chose. Toi.