8xygénation

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Ils ne me connaissent pas.

Ils ne savent pas qui je suis.

Sauf

Que je ne suis pas

Comme eux.


*


Durant la première heure supposée, j'arrive à me redresser puis à ramper dans un coin. J'ai replié mes genoux contre mon ventre et je fixe la porte, haineux. Ma sueur me glace, je tremble contre le mur. Le temps passe, et je perds lentement la perception des heures qui coulent.

Durant la deuxième heure supposée, je me lasse de fixer la porte. J'inspecte minutieusement la pièce, puis découvre une caméra. Elle est dans l'angle en face de moi, et à côté se trouve un haut-parleur. Je redresse vivement la tête, pour trouver des caméras identiques dans tous les angles, au plafond et au sol.

Je me lève difficilement, marche vers celle de gauche et tends ma main pour l'arracher.
Sauf que mon bras est prisonnier de son carcan de tissus. Je sens la salive s'accumuler sur ma langue, puis sur les coussins du sol quand je hurle, longtemps, cassant ma voix et ma gorge déjà endolorie.

Je recommence à saigner ; mais rien ne m'arrête.

Je ne fais même plus de bruit quand je beugle, ma voix s'est étouffée dans ma bouche.

Je vomis du sang sur les murs trop blancs.

Je m'évanouis sur le sol tacheté.

*

La jeune fille et la Mort sont là ; rodeuses dans ma tête quand j'émerge de mon sommeil comateux. Je me plaque à nouveau contre le mur quand le haut-parleur grésille. Mon cerveau est mou contre mes tempes.

Je regarde fixement la caméra pendant que le haut-parleur débite d'une voix morne :
« - Patient G15. Vous allez recevoir une visite. Veuillez vous écartez de la porte. Toute tentative de fuite sera sanctionnée. »

Je me tasse encore plus contre le mur, et j'attends.
Les verrous s'enclenchent, le battant s'ouvre, mon père le referme.
Pendant un instant, plus rien n'existe, jusqu'à ce que mon père me tende un petit carnet noir.

Il a lu mon carnet il m'a trahi il savait depuis le début ils ont toujours su que je n'étais pas comme eux ils vont me tuer pour les avoir trahi mais pourquoi me le tend-t-il il a l'air triste oh papa si tu savais comme je te hais.

« - TaeHyung. »

Je ne l'écoute pas. Je n'écoute plus rien et je ne voudrais rien entendre, sauf le son de ta voix.

-Ne fais pas l'idiot, mon fils.
-Tais-toi. Je ne veux pas t'entendre, toi non plus.
-Tu ne pourras jamais me réduire au silence.
-Alors, je te tuerais pour que tu te taises.
-Tu es fou, mon fils.

Il s'approche un peu près et je crache ma salive sanglante sur sa blouse.

DÉGAGES CASSE TOI POURQUOI TU RESTES PLANTÉ LÀ COMME UN CON T'AS TOUJOURS ÉTÉ DÉBILE T'ES NUL TU M'AS JAMAIS COMPRIS ET T'AS JAMAIS ESSAYÉ SALE MERDE MAIS CASSE TOI PUTAIN.

Je ne le dis pas. Si je ne veux pas l'entendre, lui ne connaîtra plus le timbre de ma voix. Il voit lentement la tâche s'étaler puis me regarde encore.

Requin-Tendre | TaeKookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant