P9portion

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J'aurais voulu n'avoir jamais à te
connaître.
J'aurais voulu n'avoir jamais à te faire du mal.
J'aurais voulu n'avoir jamais à tomber amoureux de toi.
J'aurais voulu n'avoir jamais à te
tuer.

Mais je ne peux que le vouloir.

*

C'est le tintement incessant des machines qui me tire du sommeil. Je plaque mes mains sur mes yeux, aveuglé par la lumière brute et je sens l'aiguille rentrer dans la peau tendre de mon coude.

La douleur de ta perte est lancinante ; elle me foudroie dans chaque os de mon corps. Je ressens chaque parcelle de ma peau que la tienne a caressée ; puis c'est si dur que les larmes roulent le long de mon visage et imbibent l'oreiller. Ton visage si beau, tes yeux si tendres, tes lèvres si douces, la courbe de tes sourcils, ton front sous tes cheveux, le début de ton nez ne sont plus là, à côté de moi.

Ta main n'est plus dans la mienne.

L'aiguille s'enfonce un peu plus.

Un rideau est tiré, un carrelage claque sous des chaussures, les pieds d'une chaise crissent sur le sol, et les silences d'une respiration. Je n'enlève pas les mains de mon visage, jusqu'à ce que l'homme parle.

« - Bonjour, TaeHyung. Je suis le docteur Kim NamJoon.
- Je sais qui vous êtes. »

Je le fixe, les yeux injectés de sang, parce que tu me manques et que ce type n'est pas toi. Il me regarde, lui aussi, et ferme les yeux un peu trop longtemps. Il remonte ses lunettes sur son nez. Quand il reprend, sa voix est dure.

« - Et qui suis-je, pour toi ?
- C'est évident. Papa, sors-moi de là. »

Il soupire, les sourcils froncés. Mais je ne m'en soucie pas, car tu n'es pas là.

«  - Je ne suis pas ton père.
- Mais qu'est-ce que tu racontes ? Bien sûr que si.
- TaeHyung. Je suis le docteur en charge de ton dossier. Ton père est mort.
- C'est l'Arche qui t'a dit de dire ça, hein ? J'en étais sûr.
- L'Arche n'existe que dans ta tête. »

Je hoquète, éberlué par ce qu'il essaye de me faire croire. L'Arche rôde, partout, et il ne s'en rend même pas compte. Mais j'ai toujours du mal à réfléchir, à me concentrer ; alors je jette un coup d'œil vers la perfusion.
Et je me tends quand je vois écrit, en grosses lettres noires agressives :

M O R P H I N E

Je me relève vers mon père, un rictus démesuré sur ma bouche, et je crie :

« - Vous voulez me droguer pour me tuer plus facilement, pas vrai ? Parce que je suis trop fort ! L'Arche a peur de moi ! Vous avez peur de JungKook ! Et vous avez raison, parce qu'il est là, juste là, et qu'il va tous vous tuez pour m'avoir fait du mal ! Tu vas mourir papa, tu vas mourir comme une merde !
- JungKook est mort.
- JUNGKOOK EST VIVANT BORDEL DE MERDE ET IL VA VENIR ME CHERCHER.
- JungKook s'est suicidé parce que tu lui faisais du mal.
- ON S'AIMAIT.
- JungKook a sauté du haut de l'immeuble où vous habitiez.
- Vous avez juste besoin d'un coupable, et vous avez décidé que ce serait moi. Parce que je suis une anomalie et que vous êtes trop cons pour les gérer.
- Tu es malade, TaeHyung. Et tu ne nous laisses pas t'aider.
- PARCE QUE JE SUIS PAS MALADE PUTAIN Y'A QUE VOUS QUI LE CROYEZ !
- Tu as tué ton père, TaeHyung.
- MAIS NON, PUISQUE C'EST TOI MON PERE ! REFLECHIS UN PEU  DANS TA PETITE TÊTE DE CON !
- Je te l'ai dis : je ne suis pas ton père. »

Requin-Tendre | TaeKookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant