6xydation

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Nous (ils) aimons les spectacles.
Quand ils sont grandioses.
Quand ils sont surprenants.
Quand ils sont meurtriers.
Ceux-là sont les meilleurs.

*

Je me suis réveillé, le dos courbaturé et les chevilles douloureuses. J'étais allongé sur le canapé, HoSeok à côté de moi. J'ai cligné un peu des paupières sous la lumière acide des néons artificiels puis je me suis relevé.

HoSeok n'a pas bougé.

Il lançait une balle sur les barreaux d'un air morne. Il ne m'adressa pas un regard, et la balle rebondissait, rebondissait, rebondissait. Puis il l'a soudainement attrapé à pleine main ; m'a sourit en me demandant si j'avais bien dormi. J'ai répondu que oui, un peu gêné d'avoir faillit à la surveillance, mais il m'a assuré qu'il ne dirait rien.

Et que, dans tous les cas, il s'était levé plus tôt.

-Depuis quand fais-tu des cauchemars, mon enfant ?
-Ils n'ont jamais arrêtés, mère.

« - Les plateau-repas ont déjà été livrés. Il est bientôt neuf heures.
- Si tard ?
- Tu as ronflé.
- Désolé.
- Ce n'est pas vraiment grave. Mais retourne dans ta Couchette pour finir ta nuit. J'ai l'impression que t'en as besoin.
- Ouais, j'y vais.
- Bonne nuit.
- Merci, HoSeok. »

Il me salue d'un geste et je referme la porte dans mon dos.
Je n'ai même pas faim. Mes tripes sont écrasées du poids de la compréhension. Et mes mains semblent encore brûlantes de ton contact.

Que vais-je faire, maintenant que j'ai compris ?

Qu'elle est l'attitude à adopter quand on vit avec un peuple qui est prêt à nous faire du mal, à n'importe quel moment ?

Surtout, comment faire s'ils découvrent que je sais ?

Ils me tueront, car c'est ce qu'ils font aux anomalies.

Je ne veux pas mourir je ne veux pas souffrir je ne veux pas qu'on m'abandonne et qu'on pose des fleurs devant ma cellule en souvenir de ce que j'ai été parce que je ne serais plus je serais mort mais je ne veux pas mourir je ne veux pas qu'on m'oublie et qu'on dise de moi que j'étais un type sympa alors je le suis pas et que je serais mort.

La vieille femme oscille comme une pendule mal réglée dans ma tête.

Quand j'arrive dans ma Cellule, je m'écrase sur mon lit défait et soupire. Même si je fais le ménage dès que je le peux, la poussière revient, lassante et répétitive. Je rabats la couverture sur mon corps lourd et je dors comme une masse.
Ou plutôt, j'essaye.
Car la peur étouffe l'air dans ma gorge, me fais tousser plusieurs fois.
Pourtant, elle ne suffit pas à faire taire les voix qui parlent dans ma tête.

Ils savent, et après.

Si mon hypothèse est juste, alors les soldats de l'équipe spéciale s'entrainent en ce moment-même, quelque part dans l'Arche. Et il se trouve que je suis incapable de trouver le sommeil.
Et pendant qu'une idée folle tourne et retourne dans mon cerveau, je m'agite dans mes draps. Mes chaussures sont à côté de mon armoire. Je n'ai qu'à mettre des habits civils et à les enfiler, puis à marcher dans les couloirs.

Requin-Tendre | TaeKookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant