I3ndation

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Nous (ils) vous envahissons. Parce que nous (ils) vous trouvons pitoyables.

Et malsains.

Et que tout le monde peut trouver des excuses.

Votre inconscience est la notre (la leur).




*



HoSeok a appelé le sergent en m'injuriant, et j'ai ri un peu pendant que tes bras me repoussaient. Tu t'es tapi dans un coin de la pièce, méfiant, agressif, sans cesser de nous jeter des regards haineux.

Je me suis assis dans l'angle en face du tien puis je t'ai regardé. J'ai essayé de voir par derrière le masque, mais il recouvrait tout le bas de ton visage. Je ne distinguais que la courbe légère de tes sourcils, ton front sous tes cheveux et le début de ton nez, en plus de tes yeux foudroyants.

Quand l'homme est arrivé et m'a pris par l'épaule pour me trainer dehors, tu n'as pas bougé. Tu m'as regardé disparaitre tandis qu'un autre soldat t'empoignait le bras.

Le Transporteur était là, devant la porte de l'immeuble.

J'ai retrouvé les deux autres garçons qui étaient dans mon commando. Ils m'ont vu monter dans l'appareil, encadré du soldat, et sont restés immobiles. J'ai résisté à l'envie de leur tirer la langue, parce que la main du sergent qui empoignait mon bras me serrait si fort qu'elle me faisait mal.

Alors j'ai revêtu un masque froid et impassible, faussement serein, puis me suis assis à ma place.

L'homme m'a lâché.

J'ai enlevé mon casque. Tu t'es assis en face de moi, entre deux soldats musclés et tu t'es cramponné à ton siège quand le Transporteur a démarré. Mais ton expression est restée dure, glaciale et franchement hostile ; aussi, je ne me suis pas risqué à te dévisager trop longtemps.

De toute façon, j'étais trop concentré pour me retenir de vomir.

Le soldat de gauche t'a arraché ton casque et je n'ai pu retenir un sentiment de satisfaction quand j'ai enfin vu ton visage en entier.

Tu es beau.

Tu es dangereux.

Nous sommes arrivés.

Ont été les trois choses qui ont fusées successivement dans ma tête, avant que l'appareil ne se pose au sol sans douceur. Nous avons été accueillis par une horde de Citoyens hurlant de joie. Une femme au décolleté plongeant m'a lancé un regard aguicheur et j'ai fait semblant de vomir sur elle. Elle m'a regardé d'un air horrifié ; j'ai continué de marcher près d'HoSeok.

« - T'es complètement fou, mec. »

Je le regarde, surpris.

Mais je n'ai pas le temps de répondre qu'un soldat avec des cheveux blonds me tire vers une porte close. Il me jette férocement à l'intérieur et mon sergent arrive derrière moi. Je l'entends inspirer avant de fermer la porte. Il frappe le mur, une ampoule s'éclaire subitement au dessus de ma tête.

Il me pousse sur une chaise et je m'écrase misérablement dessus.

Mon sergent se met en retrait, adossé au mur d'en face, me toise, imperturbable. Le temps passe, je ne bouge pas, la tête baissée, les yeux sur mes mains posées à plat sur la table.

Requin-Tendre | TaeKookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant