Maintenant ~3

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Le bruit qu'émet la poignée de la porte brise le silence s'étant installé entre la thérapeute et moi. Je leva la tête pour voir entrer mes parents et ma sœur.

-Bonjour...soufflèrent-ils.

Je fais tomber mes cheveux de façon à ce qu'ils cachent mon visage. J'ai honte qu'ils me voient...

-Bonjour, fut ma thérapeute. Je suis le docteur Lisa Fournier, allez-y, asseyez vous.

En levant la tête pour voir qui s'asseyait à côté de moi, je croise le regard de ma grande sœur. Celui-ci est rempli de tristesse et de culpabilité. Elle me lance un sourire triste  que je ne lui rends pas. Ce n'est pas de sa faute si j'en suis là. Si je suis moi. Je n'aime pas cette façon qu'elle a de toujours vouloir être responsable et d'avoir pitié des autres.

Mes parents, eux, ne m'ont toujours pas adresser la parole. Pas qu'ils soient en colère contre moi, non, ils sont juste tristes. Pour expliquer, ils sont de ceux qui recherche le bonheur sans arrêt. Ils veulent atteindre un idéal imaginaire, comme ceux qu'on voit dans les séries. Ils se sont attribués le rôle de "parents parfaits", toujours à l'écoute, sympa sans trop l'être... Depuis toujours, ils essayent de faire rentrer notre famille dans un cadre idyllique. Carde pour lequel je suis bien trop large, dans tous les sens du terme. Car moi, je suis le vilain petit canard.
Pour illustrer la famille, au départ, il faut imaginer un joli tableau, sans défauts. Moi, je suis la tâche qu'on a fait tomber par mégarde sur la toile, celle qu'on a beau tenter d'effacer, reste indélébile. Elle est laide cette tâche, c'est inutile d'essayer de l'embellir. De m'embellir. Car moi, je serait toujours là pour gâcher ce que ma famille tente de soigner.

-Alors, débute Mme.Fournier. Je vais vous demander de vous présenter et de me donner votre impression globale sur la relation que vous avez entretenu avec Rebecca, avant sa maladie.

Je me demande si mes parents vont tenter de conserver cette façade de famille parfaite. En tous cas, ils vont avoir du mal, moi qui ai fait éclaté au grand jour que j'étais celle qui n'avait pas sa place.
C'est ma mère qui commence:

-Je m'appelle Nathalie, je suis la mère de Rebecca. Même si ma fille a toujours été de caractère réservé, nous nous sommes toujours bien entendu. On s'est très peu de fois disputés...

Je relève la tête en entendant sa voix se briser:

-... je pensais avoir été assez présente, mais en fait, je n'ai pas été capable de voir que ma propre fille allait mal...

Elle s'effondre en pleurs, que mon père tente de calmer. Je vois Mme.Fournier se pencher pour lui prendre la main et lui dire:

-Ne vous inquiétez pas, tous va s'arranger.

Vraiment? À moins que je disparaisse, ça me semble compliqué.
Elle se tourne ensuite vers moi, guettant ma réaction.
Je sais ce qu'elle veut: que je me mette à pleurer de culpabilité, que j'ai une prise de conscience.
J'ai en effet envie de pleurer. Mais de rage. Car c'est à cause de moi que ma mère est malheureuse. Sauf que ça, c'est pas une nouveauté.  Si je n'étais pas née, ma famille serait-elle plus heureuse? Sûrement. Mais je ne veux pas montrer à ma thérapeute ce qu'elle attends. Je ne veux pas que tous voient que je souffre. Ils faut qu'ils pensent que je vais bien. Car après tous, je vais bien au fond, non? Avant que je sois obligée de suivre cette thérapie stupide. Car ce que tous appellent une maladie, c'est ce qui m'a enfin permit de me sentir bien.

Alors, je lâche un "Pff" méprisant en direction de ma mère.

Ne te mens pas Reb... Tu sais que le mépris, c'est envers TOI que tu l'éprouves... Car tu ES méprisante...

Ma lutte contre moi-mêmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant