Flash-back: Décembre (il y'a 6mois)

216 26 18
                                    

Il faisait chaud ce jour là, pourtant, je m'étais couverte car je n'aimais pas que l'on puisse voir mon corps directement. J'avais perdu du poids, mais pas assez.
Mes vêtements sont comme un camouflage, qui cache les détails, ce qui est laid, laissant simplement apparaître des formes simples, peu précises. On peut se permettre d'imaginer que ce qui est caché derrière le tissu est beau.
J'arrivais en retard au lycée, pour ne pas avoir à parler avec beaucoup de personnes. Je suis la souffrance des autres, mais eux sont aussi la mienne.
Les cours ont commencés depuis cinq minutes, alors en retard un peu plus un peu moins... Je veux repousser au maximum le moment où je serais assise, immobile, à ne rien pouvoir faire. C'est horrible pour moi. Malheureusement, je ne peux pas me permettre de sécher, je ne ferais que m'attirer des ennuis et donner des prétextes à mes parents pour me reprocher mon "nouveau mode de vie".
Je monte les escaliers me menant à ma salle de français. Je suis seule, et cela me procure le plus grand bien. Arrivée face à la porte qui s'ouvrirait vers un véritable martyre, je respire une dernière fois avant de toquer.
La porte s'ouvre sur ma prof, exaspérée de mon énième retard.

-Va t'asseoir Rebecca, tu rattrapera le début du cours sur un de tes camarades.

Je me dirige vers ma place, au fond, à côté de mon amie Méline.
Celle-ci me dévisage comme si elle avait du mal à me reconnaître ce qui m'énerva.

-Tu as mis une ceinture... me glisse t'elle alors que je m'asseyais, la voix lourde de sous entendus.
-Et alors? C'est interdit?
-C'est juste que tu n'en mets jamais d'habitude...
Je laisse échapper un rire sarcastique:
-Je n'ai pas le droit de changer de style?
-Fais pas genre tu comprends pas ce que je dis!

Ne voulant pas rentrer dans ce débat idiot, je marmonna:
-Tais toi, on va se faire engueuler.
Je l'entendit murmurer un truc du genre "Toujours des prétextes" mais l'ignora.
Elle m'énervait à se mêler de ce qui ne la regardait absolument pas. Je lui demandais moi, si elle mettait des strings?
Je tenta de me concentrer sur le cours, mais c'était peine perdue. Il fallait que je bouge. Que je fasse quelque chose, mais pas rester assise à stagner! C'est en restant immobile qu'on devient grosse. Vous me direz, je le suis déjà, mais si je voulais devenir normale, je me devais de rester toujours active.
Là, le seule mouvement que je pouvais faire c'est faire tressauter ma jambe contre le barreau de la chaise et faire la majorette avec mon crayon à papier.
Je reçus un papier de Méline, je me doutais qu'elle allait encore me faire des reproches, mais ne voulant pas faire d'histoire je le lu: Avec les filles faut qu'on te parle à la récrée, tu nous attends à la fin du cours d'acc?
"Parler" était ici synonyme de "critiquer". Mais je n'avais pas le choix, alors... Je lui renvoya son mot en écrivant: Si vous voulez. En tout cas c'est adorable de vous être liguez contre moi dans mon dos
Je n'eu pas besoin de la regarder lire pour savoir qu'elle leva les yeux au ciel.
*
-Reb, on veut pas que tu t'énerves...
Ça, c'était déjà fait mes cocottes.
-...et tu dois nous écouter jusqu'au bout, acheva Léna, une autre de mes amies.
On était dans la cours, cinq de mes amies -dont Méline- étaient en face de moi, à la fois gênées mais déterminées à me dire ce qu'elle voulait me reprocher. La scène faisait sacrément penser à une fratrie qui venait avouer à sa mère qu'ils avaient fait une bêtise.
-Bah allez-y, lançais-je.
-Ben voilà, ces derniers temps, tu es... bizarre, tu ne penses qu'à ton poids, tu nous parles tous le temps de nourriture, à la cafète tu prends des mini portions de trucs méga léger, tu lis des magazines de diététique, tu te prives d'aliments que tu adorais, tu t'épuises à faire du sport...

Chaque parole était une flèche qui me piquait dans ma certitude que ce que je faisais était important et bon. Elles déclenchaient une tristesse qui se transforma vite en colère que je devais retenir pour ne pas leur renvoyer à la tronche tous ce qu'elles me balançaient.
Ce fut Amélie qui repris:

- On a rien contre le fait que tu fasses un régime, mais tu ne trouves pas que ça va un peu loin? Tu as perdu vachement de poids... Tu t'éloignes de nous, t'es plus la même...
Elle me faisait penser à une petite fille toute triste qui inspirait la pitié.
On aurait dit qu'elles avaient listé tous leurs argument et me les jetaient en désordre. J'essayais de ne pas les écouter mais c'était impossible. Pourquoi me faisait-elle tant de mal?
-Tu es belle comme tu es, tu sais que c'est dangereux de trop maigrir... T'étais pas comme ça avant...
C'était trop.
Je devais
Exploser
Méline allait renchainer quand je me mis à hurler:
-FERMEZ VOS GUEULES!! Vous comprenez rien ou quoi?! Vous êtes justes jalouses parce que moi je veux devenir belle, parce que moi je serais plus la grosse moche que vous vous trimballiez et à côté de qui vous étiez magnifiques, parce que moi je suis capable de tenir un régime et de faire ce qui est bon pour moi! Si je vous soule, très bien, personne ne vous oblige à traîner avec moi. De toutes façon vous êtes des sales connes égoïstes, vous pensez qu'à vous, vous vous en fichez que je me sentes enfin bien dans ma peau!!
Essouflée, j'allais reprendre mais Léna ouvra la bouche alors je l'interrompis immédiatement:
- Non c'est bon, tais toi, j'ai plus rien à entendre de vous c'est clair? Fichez moi la paix une bonne fois pour toute, merde!
Je m'en alla, ignorant les regards des autres sur nous dans la cours et les cris de mes amies qui m'appelaient.
J'avais perdue mes amies, mais je m'étais trouvé moi même.

Ma lutte contre moi-mêmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant