Maintenant ~4

133 16 11
                                    

J'ouvre les yeux.
Doucement.
La lumière du jour tombant me pique les yeux.
Je me rappelle. La séance de thérapie. L'engueulade avec Mme.Fournier et ma soeur. Mon évanouissement.
Je n'ai pas le temps d'esquisser le moindre geste que mon infirmière arrive à mon chevet et me dit:

-Tu es restée évanouie une bonne dizaine d'heure. Tu es très fatiguée il est donc évident que tu reste ici à l'hôpital. Mme. Fournier a décider que tu ne continuerais pas la thérapie pour le moment, tu n'es pas prête. Tu dois reprendre des forces avant. Je te laisse, tu as de quoi manger sur ta table de chevet. On se retrouve demain.

Et elle s'en va, me laissant seule pour assimiler tout ça.
Comment ça je ne suis pas prête pour la thérapie? Ça veut dire que je ne vais jamais guérir? Je suis trop nulle, c'est ça ? Elle n'a même plus envie de s'occuper de moi tellement je lui fais pitié ? Tellement je suis désespérée à ses yeux?

Et bien d'un côté, tant de mieux, je n'ai pas besoin d'elle après tout, je me débrouille très bien toute seule. C'est depuis que je suis dans cet hôpital de merde que tout va mal. Que tous le monde se mêlent de ce qui ne les regarde pas. Toute ma vie on ne s'intéressait pas plus que ça a moi, alors pourquoi commencer maintenant? Au moment où j'avais enfin l'impression de contrôler ce que je suis? D'être bien?

A l'idée que je vais encore rester ici des jours et des jours, j'ai envie de hurler. Je n'en peux plus , je me demande si ça va un jour se finir tout ça. J'en ai marre de tout, de cet hôpital, de cette maladie qui n'en est pas une, de mon corps, de moi, de ma vie, de la vie tout court... J'aimerais m'endormir et ne plus me réveiller. Simplement.

Soudain, la faim. Elle arrive toujours quand ça va pas elle. Quand je n'en ai vraiment pas besoin, il faut qu'elle apparaisse, me murmure à l'oreille de manger, fais grogner mon ventre pour me montrer comme il est vide...

Là, je la sens qui prends possession de moi, et fais tourner mes yeux vers la tomate posée sur mon plateau avec du pain. Ils ont l'air si appétissant. J'en ai tellement envie là, maintenant. De croquer dans cette tomate, de sentir son jus qui se déverse dans ma bouche. D'entendre craquer la croûte tu pain contre mes dents.
BORDEL QUE J'AI FAIM.

Mais enfin Reb? Tu va pas manger, déjà que tu ne bouges plus et que je ne préfère pas imaginer combien afficherait la balance, tu en rajoutes? Faut te rappeler combien de calories y'a dans ce morceau de pain? Tu crois que tu peux te permettre de manger? Mais putain Reb, si en plus d'être grosse tu es incapable, comment veux tu devenir belle?

Aller, c'est juste une tomate... Une tomate de rien du tout... Et puis j'ai trop faim... Je mange juste la tomate, et ça ira!

Je prend le fruit et croque dedans. Que c'est bon! Les bouchées s'enchaînent et s'enchaînent.
Là, rien ne m'arrête, je mange le pain aussi, le finis en deux bouchées, mais j'en veux encore encore, j'ai faim! Sauf qu'il n'y a plus rien sur le plateau.

Et oui Reb... Tu as tout manger, sale grosse.

La faim me quitte d'un coup, remplacée par la nausée. C'est comme si un esprit c'était emparé de moi et me libérait enfin.
Sauf que la, je ne me sens pas libre du tout. Au contraire, je me sens lourde et emprisonné par tout ce que j'ai manger. Des gens diraient que c'est peu, mais pour moi c'est énorme.
J'ai des crises comme ça ou je mange mange mange mange des quantités astronomiques, comme pour rattraper touts les repas que j'avaient sauter. Comme si j'étais condamnée toute ma vie à m'empiffrer.

Je me sens encore plus mal qu'en me réveillant. J'ai envie de vomir, de recracher tout ces calories qui me polluent. J'ai mal.
Je me lève brusquement, m'avance vers les toilettes mais mes jambes me lâche d'un coup et je tombe.
Je me cogne contre la baie vitrée de la chambre. Sonnée, j'essaye de me relever mais je n'y arrive pas. Je n'ai plus de forces.

Alors je reste là et pleure. Pleure de même pas être foutue d'aller jusqu'à des toilettes pour y vomir tout ce que j'ai avaler comme une grosse.
Grosse que je suis et resterais à ce rythme...

Je regarde dehors. Il fait nuit. Les lumières sont allumées, les phares des voitures sont des tâches de lumières que vont et viennent dans les rues.
Je regarde ce monde duquel j'ai l'impression d'être exclue. Ce monde pour lequel je ne suis pas faite, pas dans les normes.
Derrière ma fenêtre, je me sens comme une prisonnière. Une prisonnière qui regarde ce dont quoi elle est privée.
Mais je sais que ce n'est pas dans cette chambre que je suis prisonnière, mais dans mon corps.
Dans ma maladie.
Je veux en sortir, mais je n'y arrive pas. J'ai envie, mais en même temps non... Je ne veux pas que tout redevienne comme avant. Justement. Je veux du changement et ma maladie m'en à apporter. Mais un changement mauvais... Un changement qui me ronge et dont je n'arrive plus à me défaire...

Alors je continue à pleurer, des larmes qui se vident peu à peu d'émotion, en regardant la ville nocturne à mes pieds, avec son obscurité teintée de lumières.

*

Le grincement de la porte me réveille.
Quand j'ouvre les yeux, je constate que je suis toujours au sol, contre la baie vitrée. Mon infirmière - qui vient d'entrer- me regarde inquiète:

-Qu'est ce que tu fais la Rebecca? Tu ne serais pas mieux dans ton lit?

-Non, je suis bien ici.

-Bon... Ah, je vois que tu as manger tout ce que je t'avais donner hier, c'est bien!

Je serre les poings pour me retenir de l'étrangler. C'est TOUT sauf "bien", mais ça, elle ne veut pas le comprendre. Ni elle ni personne.

-Et aussi, enchaîne t'elle, tu va partagée ta chambre avec une autre fille qui a la même... Maladie que toi. Elle arrive dans la matinée.

Mon cœur se noue. Pour moi, personne ne peut me comprendre. Personne ne peut vivre ce que je vis. C'est impossible...
Je ne veux pas que cette fille me regarde avec la même pitié que les autres.
Mais je crois que surtout, ce dont j'ai le plus peur, c'est de voir ce que je suis vraiment à travers elle.
De voir ce que je n'accepte pas de voir depuis des mois.

**^^**^^**^^**^^**^^**^^**^^**

Voilà le nouveau chapitre!!
Il n'est pas très long et pas très intéressants, mais je préfère l'arrêter maintenant pour avoir vos avis et attente pour la suite! Je vais rentrer dans une partie de l'histoire plus compliquée pour moi, où je vais devoir faire attention à ne pas perdre le style du début et ne pas tomber dans le cliché ! ^^
Je suis désolée de mettre autant de temps à écrire mes chapitres, pour me pardonner j'essaye d'écrire la suite demain! (Mais je garantis rien)
En plus avec ma rentrée en seconde j'ai encore moins de temps, j'ai du travail que je met du temps à faire car je suis pas au top de ma forme et de mon moral depuis la rentrée, y'a qu'à attendre que ça passe ^^'
J'espère que votre année démarre bien? ^^
Merci encore de me lire , bisous :)❤️

Ma lutte contre moi-mêmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant