Chapitre 21

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  Seule à la maison, je passais de l’ordinateur à la télé, en faisant un détour par la cuisine pour me préparer des tartines de Nutella et du pop-corn. Mes parents avaient emmené Maya à la plage et mon frère était à son cours de tennis du samedi. Je m’ennuyais à mourir, alors je décidais de rallumer mon portable, éteint depuis déjà une semaine. Au lycée, les gens me regardaient du coin de l’oeil et chuchotaient entre eux. Les messages de menaces et de déception coulaient à flots. Je les ignorais. Tant que je n’avais pas compris ce qu’il se passait, je ne les lirais pas. A quoi bon se faire du mal sans aucune raison? J’appelais Mick pour lui proposer d’aller au cinéma avec moi. J’en avais tellement marre que l’on se fâchait pour un oui et pour un non… D’abord, il ne répondit pas, puis au deuxième il décrocha.

 - Allô, fit sa voix au loin.

 - Salut chéri… Ça te dirait qu’on aille au cinéma cette aprèm? Il y a une séance à 15 heures.

  J’entendis les grésillements du téléphone.

 - Après ce que tu m’as fait?

  Il lâcha un petit rire nerveux.

 - Tu crois que tu peux te rattraper avec un cinéma? Tu vis en plein conte de fée ma pauvre!

 - Ce que je t’ai fais? m’exclamais-je.

 - Oui ce que tu m’as fait! Je ne te pardonnerais pas Abbigaëlle!

 - Mais, qu’est-ce que j’ai fait?

 Il criait presque.

 - Fais pas l’innocente! Tu sais très bien!

 - Non, je ne sais pas! Explique-moi!

 - Arrête de mentir! J’en ai marre de tes mensonges! Pour une fois tu veux pas assumer tes erreurs?

 - Mais quelles erreurs?

  Il soupira.

 - C’est fini.

 Je ne disais rien de peur d’avoir mal compris mais sa phrase confirma mes inquiétudes.

 - C’est fini entre nous. Je veux plus jamais avoir affaire avec toi.

 Avant que je puisse prononcer un mot il raccrocha. Je fondis en larmes. Sans aucune explication, il m’avait quitté. Sans aucune raison, c’était la fin de notre histoire. Nous avions vécu tant de choses ensemble. Je me souvenais encore de nos baisers langoureux dans les salles de cinéma. Il savait que je n’aimais pas ça et qu’il était dur de me déconcentrer quand je regardais un film parce que je restais toujours fixée à l’écran, attendant impatiemment la fin. Pourtant, lui, il arrivait à me déconcentrer, à me désintéresser du film. Ses baisers étaient plus envoûtant que le film lui-même. Une fois collées, nos bouches ne pouvaient se décoller. Même quand je tentais de me reconnecter au film, il arrivait toujours à m’en dissuader. Nos mains aussi se touchaient et s'enlaçaient, rien ne pouvait se mettre sur notre chemin. Je pensais que nous étions fait l’un pour l’autre, c’était presque évident. Ses petites attention me faisaient totalement craquer. Il me donnait les numéros des salles lorsque nous étions dans le même cours et parfois il prenait le temps de les vérifier sur mon emploi du temps. Souvent, je trouvais des mots gentils dans mon casier. Je les avais tous conservé dans une boîte au fond de mon placard. Je la sortis et relu les mots un par un, les mouillant quelques fois. Au plus profond de moi, je voulu les jeter ou les brûler mais je n’en trouvais pas le courage. Je remis donc la boîte à l’endroit où je l’avais prise et retrouvais à côté, une peluche en forme de lapin. Il me l’avait acheté pour la saint Valentin. Bien-sûr le lapin n’était qu’un prétexte. Il y avait caché à l’intérieur une magnifique chaîne en or où pendouillait un pendentif en forme de coeur. Je l’avais d’ailleurs autour du cou. Je le décrochais, ouvris la fermeture de la peluche puis rangeais le collier dedans.
  Je m’allongeais sur mon lit, tenant fortement mon oreiller et restais là de longue heure sans bouger. J’entendis la porte de la maison s’ouvrir.

 - Y’a quelqu’un? Abby t’es là? Je vais prendre une douche.

  Comme Logan n’entendit pas de réponse, il se dirigea vers la salle de bain. L’eau coulait fort. Je ne bougeais toujours pas, écoutant le doux bruit de l’eau.

 - Abby?

 Il toqua à ma porte et n’entendant pas de réponse, il entra dans ma chambre puis posa sa serviette sur ma chaise de bureau avant de venir s'asseoir sur mon lit.

 - Quelque chose ne va pas, soeurette?

 - Si, tout va bien.

 - Arrête, je vois bien que tu vas pas bien. T’as de la fière?

  Il toucha mon front, mais je repoussais violemment sa main.

 - Tu sais que tu peux tout me dire?

  Je m’assis à ses côtés, posais ma tête sur son épaule droite et observais avec attention ma bibliothèque.

 - Il m’a quitté.

 - Mickael?

  Il me réconforta d’un énorme câlin.

 - Tu sais ce qu’on fait quand ça ne va pas?

 - On reste dans son lit à se morfondre sur son sort?

 - Non.

 - On va courir jusqu’à que le vent emporte nos problèmes?

 - Non plus! On va manger une bonne pizza!

 - Je n’ai pas la tête à manger une pizza.

  Une fois Mickael m’avait emmené dans une pizzeria. Nous en avions pris une chacune et nous nous sommes réfugiés chez lui, en les mangeant devant un film d’horreur. Je n’avais jamais eu autant peur de ma vie. Heureusement qu’il était là pour me serrer fort contre lui.

 - Ça te fera du bien de sortir. Fais le pour moi.

 Il me fit les yeux doux, si bien que je finis par céder. Je remis un peu de maquillage pour cacher mes yeux gonflés par les larmes et mis mon plus beau jean ainsi que mon t-shirt préféré que m’avait offert Logan quand il était parti à Hollywood. Il laissa un mot à l’égard de mes parents sur le frigo et nous partîmes.
 Malheureusement ce petit coin de bonheur fut vite stoppé par la présence de celui qui m’avait quitté quelques heures plus tôt. Sur toutes les pizzeria de Miami, il avait fallu que je tombe sur celle où il se trouvait. Je tirais mon frère jusqu’à la sortie et essayais de le convaincre d’aller manger ailleurs.

 - Tu plaisantes! C’est la meilleur pizzeria de Miami! Te prive pas pour ce con. Ignore le c’est tout.

  Malgré tout mes efforts nous prîmes deux pizzas Hawaïenne. Lorsque je m'approchais de sa table, l’un de ses potes de l’équipe de football cracha sur mes chaussures. Mon frère voulut me défendre mais je l’en empêchais.

 - Logan, il n’en vaut pas la peine.

 Mickael me fixa un long moment.

 - Venez les gars on s’en va, dit-il à toute sa bande.

 Ils me lancèrent tous des regards noirs pleins de mépris et suivirent le beau blond.

Don't stopOù les histoires vivent. Découvrez maintenant