Chapitre 2

16 1 0
                                    

Tia

  Je quittais le lycée à la hâte, pressée d'aller prendre une bonne douche et d'enfiler mon pyjama pour enfin pouvoir terminer le dessin que j'avais commencé très tôt ce matin au lieu de dormir. Mettant un pied devant l'autre, j'avançais le plus vite possible, trottinant de temps à autre avec les mains accrochées aux anses de mon sac noir. Noir. Comme ma veste, mon haut, mon pantalon, mes chaussettes et mes chaussures... peut-être même aussi noir que mon coeur? Il s'était peut-être noirci, qui sait? Depuis quelques semaines, je réfléchissais sans réfléchir et ça me tuait, c'était comme si j'étais en transe. J'avais l'impression de devenir folle. Je me sentais profondément triste pour aucune raison et irritable, surtout aujourd'hui. Une brune aux yeux bleu n'avait pas cessé de m'interpeller, j'avais beau essayer de l'éviter, de l'envoyer balader, mais elle revenait toujours, comme un boomerang.
J'ouvris la porte de chez moi et me précipitais sous la douche où je restais une fois de plus quelques temps en transe le temps que l'eau emportait le shampoing avec elle. J'enfilais un sweat et un bas puis me séchais les cheveux avant de repartir dans ma chambre. Je commençais par mes exercices de maths que je finis en peu de temps et enchaînais sur la biologie et l'histoire où je passais de longues heures à comprendre. Malgré mon ventre qui criait famine, je pris le temps de tout finir et descendis me préparer une pizza que je mangeais en pensant à ma famille.
Pourrais-je faire comme si de rien n'était? Ignorer ce fait et revenir à cette nuit où j'avais joué à la curieuse? Je n'étais pas du tout prête à aborder ce sujet. Je ne voulais pas les faire culpabiliser, ni les faire souffrir d'avantage. La seule solution que j'avais trouvé était de m'éloigner d'eux en venant vivre ici, à Miami. Au début papa et Ash étaient contre, ils ne voulaient pas que je vive seule vu mon âge... mais puisque maman m'y autorisait, ils avaient tous les deux fini par céder. Ça ne faisait que quatre jours que j'étais ici, seule, dans notre villa de vacances. Depuis, je ne les avais jamais contacté, eux m'avaient appelé deux fois pour savoir si je mangeais bien, si je dormais bien et si j'étais prête à aller au lycée.
Je sortis mon téléphone de la poche ventrale de mon sweat. Mon écran affichait "1 nouveau message".

Ash:
"Hey petit poulpe 🐙 Alors, qu'est-ce que ça fait de vivre loin de sa famille?? C'est dur hein? Ça va, tout se passe bien? Comment c'était la "rentrée"? Depuis que t'es partie, maman n'arrête pas de m'appeler pour me répéter "lui envoie pas de message, ne l'appelle pas, elle a besoin d'être seule, de respirer. Tu comprends?". Je comprend, mais voilà... Bisous 😙"

  Je me mis à sourire bêtement et lui répondis aussitôt.

Moi:
"Hey bro! Ça me fait aussi bizarre de vivre sans vous (même si tu nous "abandonnes" pendant 1 an...😌), surtout seule dans un endroit aussi grand... mais je suis une grande fille maintenant, haha. Sinon je m'en suis sortie au lycée et aussi au niveau "survie". Aussi, écoute pas maman, et puis maintenant que tu me parles, je me rend compte que depuis que je suis là je suis un peu coupée du monde... En tout cas, contente de savoir que je te manque! Kiss 💋"

  Quelques secondes plus tard je reçu une réponse.

Ash:
"Tu sais très bien que c'est pour mes études bébé 😝. Je suis déçu, moi qui croyais que je te manquais..."

Moi:
"Bébé?? Quel bébé!? Arrête de m'appeler comme ça!! Je suis plus un bébé!
Ha. Ha. Ha. Tu me manquAIS (à cause de la pizza!) mais tu me manquES plus 😝"

Kyle:
"Tu préfères "grande-fille"? J'avoue qu'en fait toi aussi tu me manques de moins en moins... 😏
Pourquoi tu parles de pizza?"

Moi:
"C'est pas drôle!
Celle dans mon ventre"

Ash:
"Pourtant je sais que tu fais un sourire boudeur 😏
T'as fait le rituel pas vrai?"

  Je souris une fois de plus. Un jour, quand nous étions petits, Ash avait fait des yeux et une bouche en sauce tomate sur la pâte à pizza, depuis c'était devenu une habitude d'étaler la sauce tomate après avoir fait un smiley avec.

Moi:
"Même pas vrai!
Bien sûr!"

  Si, c'était vrai, quoi que mes proches fassent, je ne parviens jamais à m'énerver contre eux, alors j'affiche toujours un "sourire boudeur" parce que je n'arrive jamais à garder mon sérieux quand on me taquine.

Ash:
"Yeah!
Repose toi bien pour ton deuxième jour de cours alors. Dors pas trop tard, te lèves pas en plein milieu de la nuit pour aller dessiner sous prétexte que tu trouves pas le sommeil, prends ton petit déj tous les matins, et fais pas de bêtises!

Moi:
"Okay! Thanks! Bye 💋"

Ash:
"😙"

  D'une légère pression, je verrouillais mon téléphone et le remis dans ma poche avant de débarrasser et de faire la vaisselle.
  Je repartis dans ma chambre et sortis la feuille crayonnée à laquelle je rajoutais de nombreux coups de crayons pour laisser apparaître un oeil grand ouvert, vide. N'ayant pas réfléchis au type d'iris que j'allais dessiner, ni à sa couleur, je commençais à faire le contour de la pupille que je ne cessais d'agrandir. Après tout, puisque l'oeil était grand ouvert, la pupille devrait être dilatée. Mais à cause de quoi? ... la peur, la surprise? Après un court temps de réflexion une idée me passa par la tête et je ne pris pas la peine de sortir mes crayons de couleur. Peu à peu, une paire d'yeux faite à partir de nuances de gris reflétaient une longue route déserte au milieu d'une forêt, un jour d'hiver. Voilà ma réponse à la question, ce n'était pas un regard effrayé, ni un regard surpris, c'était tout simplement un regard perdu, aux pupilles dilatées par l'obscurité de la nuit.

- - - - - - - - - - - -

Envoûtant ce dessin n'est ce pas...?
Que représentait t-il réellement?
Et pourquoi Tia s'est-elle exilée?

Si vous voulez savoir, laissez vous emporter par les chapitres qui suivent et n'hésitez pas à partager et sûrtout à commenter!!! 😊

Don't stopOù les histoires vivent. Découvrez maintenant