Je ne sentais plus mon corps, bien que je ressentais la souffrance de ce dernier. J'avais l'impression de n'être qu'une coquille vide qui restait en vie, via sa souffrance et la douleur qui la tiraillait de toute part. Chacun de mes muscles, le moindre de mes os, chaque parcelle de ma peau vibraient sous la douleur que provoquait la torture que je vivais maintenant depuis ce qui me semblait être une éternité. Mon corps ne fonctionnait plus. Je n'étais qu'une pauvre poupée désarticulée avec laquelle un enfant prenait un plaisir malsain de jouer encore et encore. Parce que c'était ainsi que me paraissait la situation. JungKook était un enfant et j'étais une poupée. J'étais sa poupée qu'il pouvait faire souffrir à sa guise. Personne n'était là pour l'arrêter dans sa folie.
JungKook était animé par un seul et unique désir, celui de me détruire. Il prenait son pied à chacune de mes plaintes, aux moindres signes de fatigue que pouvait lui montrer mon corps. Il s'arrêtait uniquement lorsqu'il me voyait au bord de l'évanouissement. Il me laissait quelques heures de répit avant de recommencer inlassablement ce jeu malsain auquel je me devais de participer contre ma propre volonté. Hormis ma propre souffrance physique, j'avais la sensation de vivre ses émotions, ses sentiments. C'était comme si je voyais à travers lui, ou plutôt, que je vivais à travers lui. Lorsqu'il me brisait un os, un sentiment de satisfaction me gagnait et je savais que ce dernier venait de lui. J'étais sa chose et je ne pouvais lui échapper.
C'était un drôle de sentiment que de ressentir les émotions d'un autre. Mon don me permettait uniquement de lire dans les pensées des gens, ces dernières marquant ma peau avant de disparaître, comme si ce phénomène n'avait jamais eu lieu. Mais avec JungKook, c'était différent. Le fait d'avoir maintenu le contact avec lui avait provoqué quelque chose en moi. Jamais encore je n'avais pu vivre un souvenir et, jusqu'ici, je n'avais jamais pu ressentir une émotion qui ne m'appartenait pas. C'était un phénomène plutôt complexe à expliquer. C'était comme si nos deux âmes ne formaient plus qu'une. Ses pensées se mélangeaient avec les miennes, nos souvenirs se confondaient et j'avais bien failli sombrer dans la même démence que lui.
Oui, j'avais bien cru devenir comme cet homme mais quelque chose m'en empêcha. Ou plutôt, quelqu'un. Un vague souvenir d'un visage souriant s'était imposé à mon esprit et je m'étais accroché si ardemment à ce dernier que j'avais évité de justesse la noyade. Le souvenir du visage souriant de Jimin c'était imposé dans mon esprit et je m'étais accroché à ce dernier, comme si c'était mon salut. Jimin était et restera à jamais mon point d'ancrage. Si je l'avais oublié, mon inconscient lui, s'en souvenait parfaitement et n'hésitait pas à me le rappeler dès qu'il me sentait sombrer.
J'étais épuisé, physiquement mais surtout, mentalement. JungKook s'amusait avec mon don parce qu'il prenait plaisir à voir ses pensées couvrir ma peau. D'ailleurs, ces dernières ne me quittaient plus. Je voyais mes bras être recouverts de cette encre noire tandis que ma peau me piquait toujours de cette brûlure si familière. Pourquoi ne partaient-elles pas ? Je ne le savais pas. Peut-être était-ce à cause du contact constant que je subissais, mon corps ne parvenait sans doute pas à se remettre de cette intrusion. D'habitude, même lors de mes plus grosses crises, j'avais toujours un long laps de temps pour m'en remettre et permettre aux pensées de l'autre de dégager de mon esprit. Or, cette fois-ci, ce n'était pas le cas. Chaque jour, JungKook forçait mon regard à croiser le sien. Chaque jour, ses pensées envahissaient mon esprit. Chaque putain de jour, je savais ce qui m'attendait.
Ses souvenirs défilaient dans mon crâne comme un film. Je voyais son enfance, son passé. Je connaissais sa vie à travers son regard. Si au début, il m'effrayait, aujourd'hui, il ne m'évoquait plus qu'un sentiment. La pitié. JungKook me faisait pitié, sans doute parce qu'il me ressemblait. Il était perdu, déboussolé, seul et isolé de tous à cause de son don. Je n'étais pas entrain de dire que je comprenais pourquoi il avait commis tous ces meurtres. Sa folie meurtrière était encore quelque chose qui m'échappait mais je parvenais à le comprendre à un moment précis de sa vie.
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Tomorrow Tome I
Fanfiction«Si vous traversez l'Enfer, continuez d'avancer. » a-t-on dit. Je n'avais pas signer pour traverser un tel merdier.