Rêve Africain - En Pause

Chapitre 11

Maintenant que j'ai récupérer quelques cheveux de Jérémy, il faudrait que je trouve un moyen pour me rendre à Ouidah, capitale historique de mon pays. Il y a justement la fête des langues vivantes qui est dans une semaine. Ils organisent chaque année une excursion à cette occasion. Je pourrais peut-être en profiter. Dire à mes parents que j'y vais et utiliser l'argent de l'inscription pour me rendre à Ouidah. Mes parents n'étant pas du genre à faire des enquêtes sur tout et rien je pus facilement leur soutirer les sous. Le jour j, je me levai aux aurores pour qu'à 7h je puisse déjà être en route. Je fus à Ouidah dans les environs de 9h. Descendue du taxi, j'entrepris de prendre un zem jusqu'à ma destination.

-"Kèkènon !!! Mikplinmisoryi zounkanmin Kpassè ton." (Taxi!!! Amenez moi dans la forêt Kpassè )
-"Ninbi adjan sou ??" (Combien tu veux payer ??)
-"Kponko" (cinq cents franc)
-"Eioh. Akpoloko wè." (Non. C'est mille francs)
-"Kponko wè yin oundo" ( Ce n'est que cinq cents que j'ai )
-"Bo sianyi" (Bon assieds-toi)

Nous primes alors la route menant vers la dites forêt. Ne connaissant pas clairement la route je demandai de l'aide à une femme que je reconnue être une prêtresse vu son accoutrement. Elle me mena au cœur de la forêt et me dit qu'avant d'entrer je devais enlever mes chaussures et mettre un peu d'eau sur mes membres et un peu sur la tête. Devant la case j'enlevai mes chaussures et pris de l'eau dans la calebasse que je vis à ma gauche juste devant l'entrée de la case.

-"Cococo"
-"Minminmin. Min nouè?" ( Salutations.... Qui est-ce ?)
-"Bokonon oundjan monmi nou noudé." (Féticheur je voudrais vous voir pour quelque chose)
-"Ovitché bior houétchémin" ( Entre dans ma maison ma fille.)

Sur ces mots j'entrai dans la case et m'inclinai devant le prêtre. Il m'invita à m'asseoir sur la peau de mouton qui se trouvait au sol, ce que je fis.

-"Qu'est-ce qui t'amène jeune fille ??"
-"Je voudrais que vous fassiez un homme tombé follement amoureux de moi."
-"Ce que tu demandes la ma fille est très délicat. Es-tu sûre de ce que tu veux ??"
-"Oui. Je le suis."
-"Sais-tu aussi que les conséquences pourraient être très graves pour toi?"
-"Ceci n'est pas mon problème. Pourriez-vous le faire oui ou non ?"
-"Maîtrise ton langage en présence de mes fétiches. Ils n'aiment pas les petites insolentes dans ton genre."
-"Excusez moi"
-"Bon bon. Tu as un objet qui appartient à cet homme ??"
-"Non. Mais j'ai quelques uns de ses cheveux."
-"Encore mieux. Donne les moi"

Je lui tendis le sachet dans lequel j'avais conservé les cheveux de Jérémy. Il le saisit, sortit les cheveux du sachet et les mis dans une petite calebasse. Il prononça quelques mots dont la compréhension m'était impossible. Il me demanda ensuite de tendre la main. Lorsqu'il la saisit il me piqua le doigt et recueilli quelques gouttes de mon sang dans la petite calebasse. Ensuite il continua à prononcer d'autres incantations. Il parlait de plus en plus vite et cela m'effrayait. C'est comme s'il était en transe. Ses yeux étaient tout blanc. Je paniquais mais je faisais preuve d'un sang-froid légendaire. Le féticheur se leva et se mit à danser autour de la calebasse avec des castagnettes en main pour assurer le rythme musical. Tout d'un coup il s'effondra au sol et au même moment le contenu de la calebasse s'enflamma. Je perdis mon sang-froid et me mise à crier. Malheureusement nous étions trop loin de la population. J'étais hors de moi. Voulant tenter une réanimation sur le féticheur ce dernier me saisit le bras, ouvrit ses yeux et me dis tout bas:

-"L'envoûtement est réussi. Maintenant vas t'en d'ici. Sur le champ."

Je le remerciai et repris la route de chez moi. Mais ne voulant pas rentrer plus tôt que prévu je fis un tour chez Dossi histoire de me calmer les nerfs.

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