Musique en média : The Divide (OST) - Running After My Fate (Instrumental)
Le froid qui avait raidi le corps de la jeune femme finit par engourdir son cerveau et avec lui les souvenirs insoutenables. Elle dut sombrer de nouveau, car lorsqu'elle émergea, la camionnette était arrêtée et les portes ouvertes. Trois silhouettes se découpaient dans la lueur lunaire et discutaient sans leur prêter attention.
Prenant garde à ne pas bouger, Faustine jeta un œil à côté d'elle et croisa une paire d'yeux brillants.
C'était bien un garçon. Et comme elle l'avait soupçonné, il avait été battu au point d'en être douloureux à regarder, même dans la pénombre ambiante.
Leurs regards s'ancrèrent l'un dans l'autre. Faustine ne s'était jamais sentie aussi proche de quelqu'un de toute sa vie. Ils avaient beau être de parfaits inconnus, en cet instant ils étaient liés par une peur commune dévorante.
« La femelle a mauvaise mine », grogna Greudge.
Ses cheveux noir de jais retombaient raides sur ses épaules. En temps normal, il les attachait au-dessus de sa tête dans un étroit chignon, mais là, ils étaient encore mouillés. Vu que sa dernière prise s'était montrée récalcitrante et que le Glanage touchait à sa fin, il s'était offert une douche.
« C'est juste une p'tite nature », grogna Spline. « On l'a pas touchée. » Il ajouta beaucoup plus bas, comme pour lui-même : « C'est pourtant pas l'envie qui manquait. »
Reidge retint un ricanement, son frère était insatiable. Ceci dit, il n'avait pas tort. Il jeta un œil sur la fille dans le camion. Emmaillotée dans ses cordes et bâillonnée, les yeux rougis et le maquillage dégoulinant, elle n'en était que plus appétissante. Rares étaient les femelles qui lui faisaient autant d'effet.
Greudge leur jeta à tous deux un regard mauvais. « J'espère au moins que vous êtes restés discrets. »
Comme Spline était trop occupé à reluquer la femelle, Reidge répondit au chef du Glanage pour eux deux : « Tu nous connais Greudge, discrétion c'est notre deuxième nom.»
Greudge jeta un dernier regard aux passagers du fourgon, il avait bien envie de faire ravaler son sourire hypocrite à cet enfoiré de Reidge. D'abord parce qu'il n'en croyait pas un mot, ensuite parce que deux Glanés c'était vraiment que dalle.
Mais le fait qu'ils aient chopé une femelle compensait, alors il laissa passer. Et puis Reidge était l'un des rares à conduire convenablement et il aurait encore besoin de lui avant la fin de la nuit.
Ils déchargèrent les deux Glanés et les mirent avec les autres dans la grange. Puis Greudge leur donna le point de rencontre suivant et ils se mirent au volant de leurs véhicules respectifs.
Il ne restait qu'à espérer que les autres aient été plus consciencieux que ces deux-là.
Greudge s'attacha les cheveux nerveusement. Tant pis s'ils n'étaient pas vraiment secs, ça lui chatouillait les joues et il détestait ça.
Ils étaient partis à quinze, il fallait au moins qu'ils ramènent le double de Glanés. Sinon le vieux chef, Sanathe, ferait la gueule et aucun d'eux n'aimerait ça. Il porta ses yeux sombres sur l'horizon. L'aube poignait déjà. Ils avaient jusqu'au crépuscule pour ramener tout le monde.
Greudge regarda ses hommes décharger les derniers Glanés. Ces imbéciles prenaient tout leur temps, chahutant les prises et se moquant les uns des autres ; se bousculant gaiment comme si c'était une putain de récréation ! L'après-midi touchait à sa fin et il fallait encore ramener les véhicules.
Ils avaient moins d'une cinquantaine de Glanés. C'était correct, même si c'était moins que les prévisions du chef. Dire que les quatorze enfoirés placés sous ses ordres pour cette mission spéciale étaient supposés être la crème de leur meute.
Sanathe les avait choisis soigneusement, ils étaient ceux qui s'adapteraient le mieux selon lui, qui se feraient le moins remarquer. Les meilleurs quoi, les plus efficaces.
Efficacité mon cul ! Des fainéants, tous autant qu'ils étaient.
Greudge n'avait qu'à regarder Reidge et son frère pour sentir monter la colère. Il connaissait assez les penchants de Spline pour savoir que ceux-ci s'étaient plus occupés de la profusion de femelles humaines que du Glanage.
Et les autres n'étaient pas mieux. Ces petites enflures pensaient plus à s'amuser qu'à faire leur devoir. Or, la faute et le déshonneur retomberaient d'abord sur lui si les résultats s'avéraient mauvais.
Secouant la tête, il posa son regard sur chacun des mâles devant lui, les uns après les autres ils baissèrent les yeux. « Allez, on enferme tout ça avant la nuit et on prépare le terrain. »
Les hommes se mirent en mouvement. Pour la plupart, ils avaient une stature plutôt impressionnante et quand ils devaient accomplir une tâche à proximité les uns des autres, il n'était pas rare qu'ils se bousculent plus ou moins par mégarde. Avec ces parfaits lunatiques, il était donc fréquent que le plus basique des ordres tourne à l'échauffourée.
Greudge les laissa se démerder, gardant tout de même un œil sur les plus belliqueux, histoire de savoir qui tabasser, si leurs querelles le mettaient en retard.
Une fois les derniers Glanés correctement parqués dans l'espèce de grange paumée qu'ils avaient dégotée et les véhicules abandonnés loin du site, Greudge s'arrogea un petit moment de satisfaction. Le fait qu'il ait dû taper sur un ou deux de ses subalternes pendant l'opération n'était pas étranger au semblant de bonne humeur qu'il avait retrouvé.
Avec quelques-uns de ses hommes, il resta près de la grange pour surveiller les Glanés tandis que les autres se retranchaient dans le bois avoisinant pour ne pas trop attirer l'attention. Il ne restait plus qu'à patienter.
Adossé à la grange, il laissa ses pensées dériver en regardant le soleil disparaître derrière les cimes. Sanathe l'avait choisi pour diriger le Glanage parce qu'il connaissait, mieux que n'importe qui d'autre dans la meute, les humains et leurs mœurs. Greudge était déjà venu, il y avait bien longtemps.
Son séjour avait alors duré plus longtemps. Il avait appris à conduire et à se comporter comme un humain, à se fondre dans la masse, à se servir de certains de leurs gadgets. Tout ça lui était vite revenu. En revanche, l'enseigner aux autres s'était avéré plus compliqué.
Il avait beau ne pas supporter Reidge, il devait reconnaître que le type était assez futé. Il avait vite compris comment les téléphones fonctionnaient et même s'il ne captait rien au Code de la route, il avait assez de jugeote pour imiter les conducteurs humains.
On ne pouvait pas en dire autant de tous les autres et Greudge s'était vu contraint de limiter le nombre de véhicules. Il se souvenait de la police. Ils ne pouvaient pas prendre le risque d'être interceptés par elle. Ils n'avaient pas de papiers pour circuler ici et la nature de leur mission leur vaudrait une montagne d'ennuis.
Les pensées de Greudge finirent naturellement par se tourner vers les Glanés enfermés dans la grange. En se concentrant un peu il les entendait gémir et ce son faisait bouillir son sang. Il avait hâte de les voir passer les tests. Combien survivraient ? Lesquels montreraient le plus de potentiel ?
L'idée de Sanathe était du génie. Ils avaient besoin de sang neuf et la rareté des femmes rendait chez eux la chose impossible.
Ce Glanage, comme l'avait baptisé le vieux chef, était risqué. Mais si tout se passait bien, dans quelques heures ils seraient de retour chez eux et la mission serait un succès.
Quelques heures et la sélection commencerait enfin.
Putain, il avait hâte.
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La part du Loup
WerewolfAprès plusieurs jours de harcèlement, Faustine est enlevée par des loups-garous. Elle doit survivre dans leur monde hostile pour espérer rentrer un jour chez elle, vivante. *** Des SMS pour le moins perturbants, un détraqué anonyme qui se rapproche...
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