Musique en média : Hans Zimmer - Time (Inception)
L'endroit dans lequel ils étaient entassés était devenu de plus en plus glacial au fur et à mesure que le jour tombait. Les kidnappeurs avaient lourdement cadenassé les portes à battants et même s'ils ne l'avaient pas fait, personne n'aurait cherché à s'enfuir.
Maintenant que la nuit s'était installée, on ne voyait plus grand-chose à l'intérieur. On entendait surtout les gémissements et les sanglots des corps meurtris, pressés les uns contre les autres.
Autour d'elle, Faustine ne distinguait que des voix de garçons, à peine plus vieux qu'elle sans doute. La peur appesantissait l'air. Ils crevaient tous de trouille dans leurs bâillons. Faustine était l'une des premières à être arrivée dans la grange. Son compagnon et elle avaient été déchargés de la camionnette comme des meubles ou du bétail. Elle s'était laissée faire, trop effrayée à l'idée d'attiser la colère des hommes malfaisants.
Le garçon du van était juste à côté, sur le sol couvert de terre battue et de paille. Elle avait pu l'étudier un peu à chaque fois que leurs kidnappeurs avaient rouvert les portes et balancé de nouvelles victimes à l'intérieur.
Il n'était pas aussi mal en point qu'elle l'avait d'abord cru. C'était un maigrichon qui devait faire la même taille qu'elle. On lui avait si bien cassé le nez que le pourtour de ses yeux s'était teinté d'une nuance noirâtre. Du sang avait séché sur son menton, sous le bâillon... des dents cassées ou une lèvre fendue peut-être.
Faustine aurait dû s'estimer heureuse de n'avoir pas été frappée, pourtant elle aurait volontiers échangé un nez cassé et quelques bleus contre le souvenir des derniers moments de Sandra.
Dans son petit short et débardeur de pyjama, elle avait extrêmement froid. Quand son voisin le remarqua et se dandina dans ses cordes pour se serrer un peu plus contre elle, elle éprouva de la gratitude plus que de la gêne.
Elle aurait voulu le remercier, lui parler pour qu'ils se rassurent mutuellement, mais c'était impossible. Et de toute façon, qu'auraient-ils dit ? Qu'ils voulaient rentrer chez eux ? Qu'ils avaient peur et qu'ils ne voulaient pas mourir ? Il n'avait pas l'air de savoir plus qu'elle pourquoi ils étaient là.
Faustine songea qu'en à peine une journée, sa vie avait pris un tournant dramatique. Plus ils avaient roulé et plus elle avait perdu son maigre espoir d'être retrouvée.
Même morte.
Pour finir, la seule chose qui trottait dans sa tête était une supplique adressée aux ténèbres. Pourvu que je ne souffre pas trop.
De toute évidence, ils étaient victimes d'une bande organisée particulièrement violente. Elle avait repensé à ces récits sur les sectes qui enlevaient des gens, les torturaient et les tuaient parce qu'ils n'étaient pas considérés comme des êtres humains à leurs yeux.
Elle avait lu des trucs à faire froid dans le dos. Elle s'imaginait déjà, égorgée comme une truie, dans un grotesque rituel d'invocation satanique. Dans le noir, au milieu de tous ces inconnus terrorisés, c'était les seules choses auxquelles elle pouvait penser.
Ça, et Sandra. Ce qui en définitive revenait au même.
Faustine se mit à trembler comme une feuille et son voisin posa sa tête sur son épaule, comme pour la réconforter.
En temps normal partager la chaleur corporelle d'un parfait étranger l'aurait dégoûtée, mais ici, comme dans la camionnette, ce fut exactement ce qu'il lui fallait pour ne pas s'effondrer totalement.
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La part du Loup
WerewolfAprès plusieurs jours de harcèlement, Faustine est enlevée par des loups-garous. Elle doit survivre dans leur monde hostile pour espérer rentrer un jour chez elle, vivante. *** Des SMS pour le moins perturbants, un détraqué anonyme qui se rapproche...
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