Mon incroyable rencontre avec Wentworth Miller

#9 Journal intime de Lucie [Au Café de la Place]

29 juin 2016 - 14 heures 30
Florac - Café de la Place

Sous la chaleur étouffante du début d'après-midi, j'ai faussé compagnie à Nicole pour aller prendre l'air en ville. Nous sommes dimanche et c'est un jour particulièrement calme à la Clinique : excepté mon rendez-vous quotidien avec le psychiatre, je n'ai aucun atelier de prévu.

Je décide donc de m'installer au Café de la Place, sans aucun autre but que celui d'observer les touristes, les commerçants et les gens du village. Contempler des personnes normales, après une semaine passée avec des "fous".

Je suis assise depuis une vingtaine de minutes à peine qu'une voix près de moi interrompt ma rêverie.
- Bonjour. Lucie, c'est bien ça ?
Je reconnais tout de suite cet accent, cette voix chaude et grave. Wentworth ! Il est assis à la table sur ma droite, une tasse de café posée devant lui. Depuis quand est-il là ? Il n'y avait personne quand je suis arrivée ! Une fois la stupeur passée, je lui souris.
- Oui. And you're Wentworth, isn't ?
Cette fois c'est lui qui est étonné de m'entendre parler anglais. Je me félicite intérieurement de ce petit coup de théâtre et nous continuons naturellement notre début de conversation en anglais.
- Tu parles anglais ?! s'exclame-t-il. C'est bon de trouver enfin quelqu'un avec qui discuter ici !
Il a l'air réellement content. Je l'invite à me rejoindre à ma table et j'oublie l'espace d'un instant que ce mec est une star internationale. Curieuse, je lui demande comment se fait-il que lui connaisse mon prénom.
- Les nouvelles vont vite à la Clinique. Même si je ne parle pas vraiment le français, je comprends pas mal de choses. J'ai vu ton nom inscrit sur certains ateliers, j'ai vite fait le rapprochement avec ton arrivée. Et toi, comment sais-tu qui je suis ?
Je marque un temps d'arrêt avant de répondre. "J'ai passé 3 heures à faire ma fouine à ton sujet sur Google" ne me semble pas franchement judicieux comme répartie, bien que ce ne soit que la simple vérité.
- J'ai une télévision, une connexion internet et en plus je bosse pour la presse people. Alors je suis plutôt douée pour repérer les acteurs célèbres, même ceux qui se cachent au fin fond de la Lozère.
Je pensais que cette petite touche d'humour l'amuserait, mais je vois son visage se fermer. Prenant soudainement conscience de ce ce que les mots "presse people" peuvent évoquer pour une célébrité dans son genre, je décide sans plus attendre de tout lui déballer : mon métier, le magazine Public, la lettre et le suicide, les 10 jours à dormir, l'hôpital et finalement mon arrivée à la Clinique. Il m'écoute attentivement et je ne peux m'empêcher d'être troublée : ses yeux bleus, ses traits fin, ses lèvres charnues ... Ce mec est vraiment beau !
- Voilà, maintenant tu sais tout de ce qui m'a amené ici. Et rassure-toi, je n'ai aucunement l'intention d'appeler mes collègues du journal pour leur signaler ta présence.
- Merci, me répond-il simplement. Merci pour ta discrétion.
Je perçois alors dans son regard toute la souffrance que peut engendrer le succès : la presse people, les paparazzis, les rumeurs, les fans hystériques, les haters ... Il y a largement de quoi péter un plomb.

Après mes confidences, nous restons un moment silencieux.
- Maintenant que je sais comment toi tu as atterri ici, c'est à mon tour de te parler de moi non ? me demande-t-il soudainement.
- Pas forcément ! On peut juste rester là à regarder des gens normaux en vacances. Ou commander des dizaines de shots de vodka pour oublier qu'on doit rentrer chez les fous ce soir.
Wentworth éclate de rire.
- L'idée me plaît bien, mais il est peut-être un peu tôt encore. Par contre une promenade dans la ville, ça te tente ? Il paraît qu'il y a quelques trucs sympa à visiter dans le coin mais je ne me suis encore jamais aventuré.

Évidemment, j'accepte. Une balade dans Florac en compagnie de Wentworth Miller, c'est aussi improbable que séduisant ! Il remet ses lunettes de soleil sur son nez, visse sa casquette sur ses cheveux courts et se tourne vers moi en souriant.
- Let's go ?!