Chapitre 22

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Je pris la magnifique robe violette et la rangeai dans sa house grise. Mes poings se serrèrent d'eux-mêmes. Le souvenir du soir du gala, me revint en mémoire avec un arrière-goût amer. Il trottait dans ma tête depuis cette nuit-là, c'est-à-dire depuis une bonne semaine. Semaine, absolument éreintante. Non seulement, j'étais moralement faible et fatiguée, mais j'avais beaucoup de choses à préparer pour mon retour aux Etats-Unis.

Je soufflais, pris mon jean bleu clair, le plia et le mis dans ma valise. Un bip me fit prendre mon téléphone. C'était un mail d'Addison qui était extrêmement heureuse de me revoir dans deux jours. Oui, je quittais la France demain. Avec le décalage horaire c'était comme deux jours aux États-Unis. Ma famille m'avait appelé la veille pour pouvoir passer à la maison, le jour de mon départ. Seuls David et Chloé n'avaient pas pu parler avec moi, l'un rentré en Belgique, l'autre en lune de miel à l'autre bout du monde. Je répondis brièvement à Addi avant de poser mon téléphone. Je jetais un coup d'œil à la fenêtre et soupirai. Il pleuvait des cordes. C'était affreusement désespérant. Je n'aimais pas la pluie, c'était tellement morose, et la voir, dans mon état de fatigue chronique, rendait mon humeur encore plus morose.

Je soupirai à nouveau et regardai autour de moi. Avec tous les vêtements apportés pour le voyage, il me fallait bien plus qu'une valise. Je soupirai de paresse et passai ma main dans mes cheveux. J'avais besoin d'une pause. Je me levai et allai dans la cuisine dans l'idée de me préparer à manger. Pourquoi pas des nouilles chinoises ? Approuvant mon idée, je fis chauffer de l'eau. Je voulus prendre le sachet de nouille et découvris avec horreur qu'il n'y en avait plus. Râlant, je décidai de mettre mes chaussures et allai chez le traiteur chinois au coin de la rue.

C'était un peu comme ça depuis une semaine. Je faisais tout pour être le plus de temps possible en action. Cela m'empêchait de tomber dans mes pensées qui revenaient toujours et encore vers Jeremiah. C'était comme un mélange de regret et de colère. J'étais en colère parce que j'avais encore l'impression que nous n'avions rien résolu. Je m'en voulais parce que j'avais était aussi têtue qu'à l'habitude et j'en voulais à Jeremiah parce qu'il ne comprenait rien à rien. Et je regrettais qu'on en arrive là.

J'enfilai mes bottes, pestant parce que je devais traverser la pluie, et mis mon manteau à capuche. Je sortis et verrouillai ma porte.

Quelques minutes plus tard, j'étais sur le chemin du retour. Je baissai la tête pour éviter de retrouver mes cheveux mouillés. Avoir mes cheveux frisés mouillés par la pluie, c'était vraiment ce qu'il fallait pour mettre mon moral à zéro. Je marchais donc sous la pluie torrentielle, le sachet de nouilles et beignets aux crevettes à la main. Je lâchai un soupir de soulagement lorsque je vis enfin la façade de mon hôtel. Je pressai le pas et faillis alors tomber quand mon pied rencontra une branche de bois. Mais je me rendis compte qu'il ne s'agissait pas d'une branche d'arbre, mais d'un pied. Un pied relié à un corps. J'ouvris la bouche pour m'excuser à la personne, visiblement assise à même le sol, quand mes yeux brouillés par la pluie s'éclaircirent.

- Jeremiah ?

Il était là, assis à même l'escalier de l'hôtel, les vêtements et cheveux complètement trempés. Je retins un hoquet de surprise alors que je dévisageai son visage mouillé. Il me regarda et ses yeux bleus parurent étinceler dans la nuit sombre. Il était époustouflant. A sa simple vue, mon cœur se mit à accélérer et je dus me retenir de me jeter dans ses bras. C'était juste, comme si une force invisible me poussait vers lui. Une énorme vague de désir. C'était tellement perturbants. Tous ces sentiments qui se battaient en moi. Je me souvins alors que j'étais fâchée contre lui. Je serrai mon sachet plus contre moi et montai les escaliers, l'ignorant complètement. Ce ne fut que lorsque j'atteignis la porte vitrée de l'hôtel, que ma main fut attrapée. J'ignorai les pulsions excessivement fortes de mon cœur et dégageai ma main de la sienne. J'entendis Jeremiah pester derrière moi et poussai avec détermination la porte d'entrée. Je présentais ma carte au réceptionniste, Julien. Ce dernier eut un regard compatissant en me voyant ainsi trempée.

Amour & Ambition 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant