Chapitre 4

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« On ne va jamais aussi loin que lorsqu'on ne sait pas où on va » Christophe Colomb

Les aboiements répétés de Kliff me réveillent en sursaut. Il bondit sur les sièges, alarmé, perçant leur revêtement de ses griffes. Le soleil n'est pas encore levé, je me demande ce qu'il peut bien y avoir au dehors pour le mettre dans cet état. Je sors et aperçois un homme, muni d'un fusil de chasse, arriver à grande vitesse vers nous tout en poussant des cris.

— Merde !

Je pousse un juron et démarre en trombe. L'homme semblait réellement énervé, qui sait s'il n'aurait pas été capable nous tirer dessus. Je jette un œil dans le rétroviseur central, Kliff s'est calmé, il est couché sur la banquette arrière, et regarde par la fenêtre d'un air rêveur. J'expire longuement afin de faire redescendre mon rythme cardiaque, et allume la radio.

« Soy una raya en el mar, fantasma en la ciudad, mi vida va prohibida, dice la autoridad"

Je reconnais les paroles de Clandestino, de Manu Chao, mes muscles se détendent et je me laisse bercer par la mélodie. Mon père était un grand adepte de la musique de Manu Chao, aussi ai-je entendu cette chanson de nombreuses fois lorsque j'étais enfant. Au fil des années, les paroles ont pris tout leur sens à mes yeux, reflétant mon mode de vie et mes idéaux. Je fredonne doucement l'air, ne voulant pas gâcher cet instant de douce nostalgie.

J'aperçois un panneau indiquant « BRIANCON 700km ». J'ai toujours aimé la montagne, ces paysages qui semblent deux mondes diamétralement opposés entre été et hiver, la bipolarité que l'on peut retrouver en un même lieu, simplement par le changement de saison. Je me sens semblable à elle, aussi solitaire, changeant, silencieux. C'est donc à Briançon que nous irons, puis nous nous perdrons dans les Hautes-Alpes, à la recherche du temps perdu

Salutations, lecteurs! Ce nouveau chapitre, comme vous avez pu le constater, est un peu plus court que les autres. De plus, il y aura entre les chapitres 4 et 5 une ellipse de quelques jours, afin de dynamiser l'action, qui me semble légèrement tourner en rond... Enfin voilà, vous pouvez évidemment toujours me donner votre avis et vos remarques, que j'accueillerai avec grand plaisir!
À la semaine prochaine!

Photographie de l'en-tête par Henri Cartier-Bresson (1932)
Vidéo de l'en-tête: Clandestino, Manu Chao

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