"Il y a des fleurs partout, pour qui veut bien les voir." Henri Matisse
La musique m'envahit. Les basses provenant des enceintes face à moi vibrent en mon for intérieur, l'alcool coule dans mes veines, remplaçant peu à peu le sang qui s'y trouve. Mon corps se meut au rythme de la musique, ma tête tourne, je titube. Je sens quelque chose attraper mon bras avant de perdre conscience.
❁ ❁ ❁
Je chute à une vitesse affolante dans un gouffre sans fin, croisant sur mon passage une multitude de petites créatures bleues et vertes qui me saluent poliment. Seb se rue vers moi en hurlant des paroles incompréhensibles. Je voudrais qu'il attrape ma main, qu'il me sorte de là, car malgré l'immensité de là où je me trouve, j'ai une horrible sensation d'enfermement. Si je reste là plus longtemps, je vais me noyer. Un choc me coupe de toute illusion.
J'ouvre les yeux, clignant plusieurs fois pour m'assurer que je suis bien revenu à moi. En effet, je suis à nouveau conscient, mais je ne me trouve plus près des enceintes, ni même à l'endroit où se passait l'événement. Je cherche Kliff du regard et l'aperçoit à quelques mètres, la tête entre les pattes. Près de moi se trouve une personne aux cheveux en bataille, une cigarette aux lèvres. Je n'arrive pas à distinguer s'il s'agit d'une jeune femme ou d'un homme. Je me redresse et reste assis à ses côtés, probablement en attente d'un mot, un signe de sa part; mais l'inconnu reste silencieux. M'est-il venu en aide? Si j'entendais sa voix, je pourrais peut-être mettre un genre sur cette silhouette énigmatique, mais je ne peux me résoudre à briser le silence.
- Pourquoi vouloir absolument tout "genrer"?
Le timbre rauque de mon voisin me confond encore plus, il m'est impossible de savoir si la voix que je viens d'entendre est féminine ou masculine. De plus, comment a-t-il su à quoi je songeais?
- Arrête de te tracasser, je ne lis pas dans les pensées. Mais tes yeux te trahissent, et même dans le noir il m'est facile de deviner tes pensées.
Je décèle un léger sourire dans ses paroles.
- Mais, donc... ,je commence.
- Donc, quoi? Tu veux connaître mon sexe? Je n'ai pas l'intention de te le dire, mais si tu es si curieux, tu n'as qu'à aller chercher la réponse par toi-même.
Mes joues s'empourprent malgré moi. Habituellement, une telle invitation ne m'aurait pas autant gêné, mais mon incapacité à définir l'identité de cette personne, et sa manière si détachée d'aborder les choses me troublent.
- Lou! appelle une voix virile.
L'être proche de moi tourne la tête en direction des voix.
- C'est toi, Lou?
- Bien joué, Sherlock! Allez viens, on bouge, je n'ai pas tellement envie que ces guignols me trouvent.
Sur ces mots, mon compagnon se lève, attrape un gros sac à dos et me tend une main que je ne tarde pas à saisir. Une main douce mais ferme, qui ne le trahit pas non plus. Cette personne est un réel mystère.
- Lou, c'est un prénom de femme, non? je tente.
- Pas forcément, non. C'est un nom mixte. Et puis, ce n'est qu'un diminutif. D'ailleurs, tu devrais arrêter de te tracasser avec ça, attends juste le lever du jour, me dit-il malicieusement.
- Lou... Louis? Louise? Louison?
- Tu n'y es pas du tout! rit le jeune homme, la jeune femme, peu importe, je vais suivre ses conseils et attendre l'aube afin de satisfaire ma curiosité.
Je surprends son regard insistant.
- Tu viens?
ॐ
Bonsoir! Encore une fois je poste le vendredi, mais bon je ne pense pas que ce soit très grave! Disons que j'oscille entre le vendredi et le dimanche pour les publications. Alors, que pensez-vous de ce chapitre? De l'inconnu? Est-il trop mystérieux, pas assez? A quoi vous attendez-vous? Ça fait beaucoup de questions, je le reconnais, mais j'aime beaucoup lire vos avis, alors je vous en prie!
Photographie de l'en-tête par Valérie Haziza
VOUS LISEZ
Les choses muettes
EspiritualParfois, on est envahit par la sensation qu'un "ailleurs" nous attend, quelque part au beau milieu d'une forêt, ou bien dans les lumières d'une métropole. C'est ce que Pierre, un jeune homme de 20 ans, a ressenti ce matin-là. Alors, après avoir sort...