Une plume pour deux

Un cadeau... Spécial

J'étais là quand ton ventre a commencé à s'arrondir.
J'étais là quand tu as commencé à rester beaucoup à la maison, allongée sur le canapé.
Papa me disais que j'allais avoir une belle surprise, que nous allions tous avoir un cadeau. Je ne comprenais pas très bien comment un cadeau si formidable pouvait bien être caché dans ton ventre, maman, mais j'y croyais. Et puis c'est vrai qu'il commençait à devenir sacrèment gros, et toi sacrèment fatiguée. J'étais inquiète.
Mais papa m'a rassuré en me disant que dans quelques mois, quelques semaines, quelques jours, tu allais nous offrir quelque chose d'exceptionnel.
Alors j'ai attendu. Et je voyais bien que toi aussi. Tu étais impatiente de d'être récompensée de ton beau travail durant tous ses mois. Je te voyais comme le père Noël, avec ton ventre rond en guise de hotte. Mais le problème, c'est que je n'avais pas entouré sur le catalogue le cadeau que je voulais. Et si j'étais déçue ? Si le magnifique cadeau tant espéré était en fait quelque chose que j'allais détester ? Pire, que TU  allais détester ?
Papa rigolait et me disait qu'il n'y avait aucune chance.

À la maison, beaucoup de choses ont commencé à changer. Papa a repeint une chambre entière en bleu. Je trouvais ça super moche, mais c'est devenu encore pire lorsqu'il a installé un tout petit lit et pleins de doudous.
Mais les doudous, normalement, c'est dans ma chambre qu'ils dormaient, d'habitude, pas dans une petite pièce toute bleue et toute vide !
Alors tu m'as expliqué que bientôt, cette pièce ne serait plus vide. Un petit être viendrait la rendre vivante.
Et là, j'ai eu soudain très peur. Mais comme tu étais ma maman et que je voulais te faire plaisir, j'ai dis que j'étais super contente !
Tu parles. Je voulais une super poupée qui marche toute seule moi, ou un avion à réaction miniature, pas un petit frère !

Finalement, tu es partie à l'hopital, en tenant ton énorme ventre des deux mains. Tu étais toute blanche et tu semblais avoir mal. J'étais très énervée que ce petit frère qui n'existait même pas encore soit aussi méchant avec toi. Mais quelques heures plus tard, j'ai compris pourquoi tu étais si heureuse.
Et j'ai aussi compris que ma vie ne serait plus jamais pareil.

Mais vous savez quoi ? Finalement, avoir un petit frère, c'est peut être plus cool qu'un avion à réaction miniature. Enfin, je crois...