Je voudrais aller à la mer. Je voudrais voir ce qu'il y a de l'autre côté de ces murs en béton, je voudrais découvrir le monde, je voudrais rencontrer des gens d'autres pays, je voudrais voyager.
Je voudrais sortir d'ici, de cet endroit qui m'étouffe.
Je suis enfermée ici comme dans une cage, les barreaux comme des barres d'immeubles.
Je respire, mais j'ai l'impression que ça ne me suffit plus. J'ai l'impression que l'oxygène est de plus en plus rare. Et moi, je reste là, avec mes poumons qui rêvent d'un air pur et ma tête qui ne pense qu'à s'évader.
À deux, on pourrait le faire, franchir ces murailles invisibles qui nous condamnent à vivre ici de grès ou de force. On pourrait partir, main dans la main, sur n'importe quel chemin du moment que le béton et les immeubles sont loin derrière.Mais, quand je veux serrer ta main, ma paume ne rencontre que du vide et se renferme sur elle même, comme une coquille vide. Quand je cherche ton regard, ta présence, je ne sens que l'odeur âcre de l'essence et du goudron tout autour de moi.
Le problème, c'est que je rêve d'un Nous qui n'existe pas. Un Nous avec un grand N, un Nous qui rend plus fort, qui permet de réaliser ses rêves, même les plus fous.
Mais j'ouvre les yeux et je ne vois que moi, Je, un pauvre petit Je, tout seul, deux petites lettres qui réduisent tellement le champs des possible...
Pourquoi n'existes-tu pas ? Pourquoi ne viens-tu pas à mon secours ? Pourquoi n'entends-tu pas mon appel ? J'ai besoin de toi comme tu as besoin de moi. J'ai besoin d'une épaule solidaire, d'une âme soeur, d'une seconde aile pour enfin m'envoler loin d'ici, loin de cette morosité grise qui me brouille les idées.
Je rêve d'horizons, de soleil, de rires et de chants, de plages de sable fin ou d'étendues verdoyantes. Je rêve d'arbres et de fleurs, de nuages et de pluie, de vent et de couchers de soleil.
Peut être suis-je utopique, peut être rêvais-je trop, peut être que je ne vis pas ma vie de la bonne manière. Pensez ce que vous voulez, mais si imaginer d'autres horizons me permet d'aller mieux, alors laissez moi avec mes océans turquoises, mes plages et mes forêts.Je te cherche, je te désire aussi fort que de m'enfuir d'ici pour toujours. Et je sais, je suis persuadée qu'un jour je te trouverais, et ensemble nous parcourrons le monde. J'en ai l'intuition.
En attendant, cher inconnu qui partagera mon aventure, je te souhaites de vivre, vivre vraiment, pas pour les autres, mais pour toi. Je te souhaite de faire ce que tu veux de ta vie, fumer, boire, manger, fuir, marcher, courir, voler, lire, rire, penser, aimer, rêver, mais surtout, retiens bien car c'est important :
N'oublie pas de me rejoindre.Sarah plia sa feuille pour en faire un avion, ouvrit sa fenêtre, et sans regarder en bas, lança le petit bout de papier du 35 ème étage. Au bout de quelques secondes, elle regarda enfin le sol, mais l'avion avait disparu, comme happé par le béton. Un passant passa, puis deux, puis trois, et enfin, un jeune homme leva la tête.
Dans sa main droite, une feuille de papier pliée en forme d'avion.
VOUS LISEZ
Une plume pour deux
Krótkie OpowiadaniaPlusieurs petits textes assez mélancoliques, sur des thèmes différents.