Arrêter de se taire

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"Je t'aime. C'est con à dire mais c'est la vérité. Je t'aime. Je ne peux rien y faire, c'est comme ça.
Ça me rend malade de t'aimer. Ça me tue parce que je sais pertinemment que ce n'est, que ce ne sera jamais réciproque.
Mais je t'aime quand même.
Tu es tellement... Extraordinaire, et on dirait que tu ne t'en rends même pas compte. Quand tu marches et que tes cheveux balancent au vent, quand tu ries et que tu mets une main devant ta bouche d'un air gêné, quand tu écris et que tu te mords la lèvre pour te concentrer, quand regardes quelqu'un avec ce regard si innocent, si joyeux, et que les reflets bleus de tes yeux ressortent, tels des sources d'eau pure, quand tu écoutes ta musique avec des écouteurs et que tu met des cheveux devant ton visage comme si tu voulais te cacher, quand tu te mets du vernis et que le petit doigt est toujours écaillé avant les autres, quand tu oublies de te maquiller et que tu arrives en cours avec tes fossettes et tes petits yeux fatigués, j'ai envie de pleurer tellement tu es belle.
Je voulais te le dire, tu sais. J'avais tellement attendu avant de te dire tout ce que j'ai sur le coeur. Mais j'ai eu peur, comme d'habitude. Tu me fais peur, mais pas au mauvais sens du terme. Tu m'impressionnes, j'ai l'impression de devoir gravir l'Everest avant d'avoir le droit de te parler.
Alors j'écris, parce qu'une fois les mots sortis de ma plume je me dis que c'est presque un premier pas, que tu pourrais un jour les lire, et qu'au fond c'est mieux que rien.
Mais j'en ai marre, marre d'écrire ce que je ressens alors que je pourrais le crier au grand jour. J'en ai marre de me taire alors que j'aimerais tant pouvoir m'exprimer.
Alors voilà, je m'exprime. Je te dis enfin tout ce que je pense mais plus je parle plus je regrette parce que tu me regardes comme si j'étais fou, alors que je suis juste fou de toi. C'est débile à penser et encore plus à dire mais c'est vrai.
Alors maintenant je vais m'en aller, et te laisser avec tous ces mots que j'ai enfin réussi à te dire en face.
Que ça ne serve à rien ou pas, je m'en fout. Je voulais juste que tu saches que je t'aime, et que ça me tue, mais tant que je ne serais pas mort enterré je continuerais de t'aimer."

Je tournais les talons et commençais à marcher, quand soudain une petite main attrapa la mienne. Ses ongles étaient peint en bleu foncé et le petit doigt déjà presque totalement écaillé.
Quand ses lèvres se posèrent sur les miennes, je réalisais que j'avais dis quelque chose totalement faux : je mourrais dans ses bras et pourtant je ne l'aimais que plus fort.

Une plume pour deuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant