ʟᴏᴠᴇ ᴄᴏᴅᴇ, ygjm

E

Il l'avait ramenée chez elle.
Elle avait préféré écourter le week-end afin de pouvoir penser calmement à ce qu'il s'était passé en l'espace de un jour et une nuit.

Ascenseur émotionnel.

Pourquoi ..?

—De la personne qui porte des Converses.
—Tu parles à qui exactement ?
—À qui je suis censé déclarer mon amour ?
—Yoongi...
—Quand tu sauras, au fond de toi, à qui je dois dire "je t'aime" : tu me le diras.

Elle s'était approchée et l'avait embrassé du bout des lèvres. Elle était comme ça dans le fond ; elle était comme ça...
Avant de retrouver son foyer, Jimini s'était envolée. Elle avait laissé place à Jimin, qui avait repris les rênes de son corps pour complètement adhérer à sa vie de jeune lycéen. Il était cependant heureux de rentrer chez lui, puis heureux de mimer une fièvre pour rester dans son lit.
Que ça soit à Jimin ou à Jimini, Yoongi n'avait donné aucun signe de vie ; il était resté en retrait depuis qu'il l'avait raccompagné à la gare, en restant distant de son corps mi-homme mi-femme.
Yoongi s'était abstenu d'envoyer un quelconque message, uniquement afin de le laisser réfléchir calmement sur eux.
À lui aussi cela lui permettait de faire une pause.

Yoongi était dans sa chambre et repensait aux premières fois où il l'avait vue, à cette soirée. Elle était si belle, si heureuse et si légère... Il eut fallu qu'elle lui fasse du mal pour que son égo d'enfant triste prenne le dessus. En y pensant, il se disait que s'il était comme ça avec ce genre de filles, c'était en partie à cause de sa mère. Il avait beau l'aimer, dire qu'elle était la meilleure et qu'elle l'avait toujours rendu heureux ; mais c'était tellement faux.
À l'âge de 12 ans : il n'oublierait jamais.
Ce jour où il vit sa mère ouvertement tromper son père dans le lit conjugal, alors qu'ils habitaient encore à Daegu. La raison de ses paroles violentes envers Jimini provenaient probablement d'ici, mais malgré tout, il aimait sa mère comme personne ne pouvait l'aimer, et la respectait peu importe ce qu'elle était.

Un soupir glacial s'échappa de ses lèvres.

Elle lui rappelait tellement sa mère dans le fond : jolie et souriante mais cachant une attitude de femme fatale aux attitudes de fille facile.
Peut-être que si sa mère n'avait jamais été comme cela, il n'aurait jamais été comme ça avec elle. Et peut-être que si Jimini ne l'avait pas ridiculisé, il n'aurait pas été comme ça non plus.
Il se tourna sur le côté et fit face à son deuxième oreiller qu'il caressa d'une main, et dire que pendant la fin des grandes vacances il l'avait fait se coucher là, dans son lit ; et qu'il avait passé un week-end entier avec elle. Un craquement sévit dans son cœur, il avait besoin de regarder cette vidéo à nouveau.

Il attrapa son cellulaire sur la table de chevet puis fouilla dans les anciens dossiers vidéos.
Il hésita à la jouer, puis froissa ses yeux avant d'uniquement écouter le son des railleries de ces personnes contre lui ; il entendait clairement sa voix à elle, mener la danse de sa honte.
Voilà, la raison de sa haine qu'il avait mijotée pendant deux semaines encore avant qu'elle ne vienne à sa soirée.

Un grognement se fit
entendre de son cœur ;
il était en colère.

En colère contre ce que lui-même avait créé.
Il éteignit la lumière, et se concentra sur les images qu'il voyait les yeux fermés, dans le noir de sa chambre.
L'atmosphère se faisait étrange, étrange et irrespirable. Il ouvrit ses paupières pour voir sa solitude dans les yeux ; puis il capta dans l'obscurité son sourire.
Quand il avait ouvert la porte ce soir-là, qu'il avait tout d'abord vu Taehyung, et que ses yeux s'étaient décalés vers sa silhouette.
Sa manière de faire, sa manière de parler et de danser. Sa présence sur son corps lorsqu'elle était venue se poser sur ses genoux en prétextant le faire sourire ; tout avait marché mais pourquoi ?
Yoongi croyait toujours qu'il l'avait aimée à cause de Jimin, et qu'il s'était attaché à elle uniquement avant la rentrée, à force de la voir et de partager des moments avec elle : c'était faux.
La vérité n'était pas là du tout, et il s'en était rendu compte. C'était son air symbolisant presque un "fuis-moi" qui l'avait attiré, au-delà de son envie de vengeance.
Pourquoi aller l'aider alors que c'était son choix d'être avec ce type dans cette pièce ? Non pas parce qu'il voulait son numéro, non, il voulait bien au fond l'empêcher de faire cette bêtise parce qu'il avait vu à quel point elle était belle et magnifique derrière cet attirail, et que malgré ce qu'elle lui avait fait, il trouvait le moyen de ressentir dans son bas-ventre une sensation, lorsqu'il touchait sa peau.