Partie II - Chapitre VI - 1

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C'est ainsi que nous partons pour Lidaev. Nous quittons l'auberge vers 10h. Je me demande s'il va falloir redescendre ou marcher sur les branches ; je ne sais quelle option est la plus rassurante, surtout chargés comme nous le sommes. Mais Keshav décide de partir par les routes suspendues que forment les arbres. Nous continuons un peu sur le grand Chêne puis passons à un autre arbre au dessus de la forêt. Le paysage est plutôt monotone. On voit trop de vert, des feuilles partout, de l'herbe en bas et de la lumière verte à travers le feuillage. Le sentier me renvoie différents ton de marrons tout comme les branches de alentours. La voie est manifestement aménagée, elle passe tranquillement d'un arbre à un autre. Nous croisons quelques personnes. Pourtant malgré ces voyageurs, il n'y a aucune auberge. Je passe la matinée à discuter avec Nicholaï. Il veut tout connaître de mon expérience en tant que détective privée. Il est vraiment sympa et me fait rire avec son drôle d'humour. Enfin à midi, nous montons plus haut dans l'arbre puis nous nous posons sur une plateforme. En plus, à 5 mètres, un grand hamac est accroché. Si nous avons le temps, j'irais bien faire un petite sieste au soleil. Julie étend la nappe puis nous sortons de nos sacs de quoi manger.

 - Alors comment te sens tu, Julie, après cette première demi-journée de marche ? s'enquiert Keshav.

 - C'est assez fatiguant mais ça va. Je n'ai pas l'habitude de marcher autant. Enfin toi non plus, Dia, tu vas bien ? Tu ne fais pas de sport alors cela doit être plus difficile.

Je suis bien embarrassée. Julie ne m'a pas adressée la parole depuis ce matin. Je n'ai pas envie de lui mentir encore. Mais je ne peux pas délibérément lui parler de ma fonction d'espionne et donc de mon entrainement quotidien, surtout devant mon affreux collègue.

 - Mais si, je pète la forme, dis-je en riant. À monter et descendre les marches, et à courir d'un bout à l'autre du lycée, cela m'a bien préparé.

Keshav me fixe durement et je comprends que j'ai gaffé. Il semblerait que malgré sa nature, Julie ne puisse pas tout savoir.

 - Pour aller d'un cour à un autre, je reprends vivement.

 - Mais oui, bien sûr, on te croit Éloïse, se moque Nicholaï sans prêter attention au regard noir que lui lance Keshav.

 - Je m'appelle DIA. Si j'entends, ne serait-ce qu'une seule fois de plus, dans ta bouche, le prénom Éloïse, je ne te parlerais plus. Compris ?

 - Cela nous ferait des vacances, murmure Keshav.

 - Vous avez franchement un gros problème relationnel, tous les deux, se fâche Nicholaï.

 - Tiens, tu ne l'avais pas remarqué, lâche Julie, amère.

 - D'ailleurs, Julie, il faut que tu saches quelque chose, dit-il mystérieusement. Nos amis ici présents sont des espions à la solde du proviseur de Lycée du Lac.

 - Ben voyons. D'accord pour les fées clochette et loups garous mais il ne faut pas exagérer non plus. Tu me prends vraiment pour une quiche. Bientôt tu vas m'apprendre que mes ailes sont en faite des pistolets lasers.

 - À toi de voir, mais ne t'étonnes plus si ils commencent à te parler de filatures, gadgets, interrogatoires, preuves ... Bon j'ai fini de manger, je vais faire un petit somme. Réveillez-moi quand on part, Ok ?

 - Oh non ! je m'exclame. J'ai repéré le hamac la première. Si tu y arrive avant moi, je te le cède.

Puis je m'élance. Malheureusement je n'ai pas pris en compte sa nature de panthère. Il arrive ainsi avant moi.

 - Tu sais, il y a de la place pour deux, m'offre-t-il d'un air taquin.

 - Tant qu'à faire, je n'ai rien à perdre, dis-je en m'allongeant au près de lui.

Nous somnolons pendant une trop brève demi-heure. Tout à coup, Nicholaï, me secoue.

 - Ils sont partis sans nous.

 - Quoi ? m'exclame-je subitement parfaitement réveillée.

 - Ils n'ont que peu d'avance. On peut les rattraper. Dépêches-toi.

Je n'arrive pas à le croire. Ils ne nous ont pas attendu. Nous ramassons à la hâte nos affaires. Puis nous courrons d'une bonne foulée. À chaque embranchement, Nicholaï semble savoir immédiatement quelle direction il faut prendre ; il n'hésite pas un seul instant. Cela doit être un des atouts des panthères. Cependant, il nous faut bien une heure pour les rattraper. Quand enfin, nous les apercevons, j'arrête Nicholaï.

 - Que dis-tu de les surprendre en arrivant par les côtés. En passant par les branches des alentours, on peut les doubler ou leur sauter dessus sans se faire remarquer.

 - Je dis que tu es une petite coquine et je suis totalement partant, me sourit-il.

Nous cavalons donc de branche en branche. Je suis à droite, du côté de Julie, Nicholaï se trouve en face. Lorsqu'il imite le cris de l'épervier, nous sautons et atterrissons juste derrière eux. Un simple ''bouh'' et des chatouilles suffisent pour que Julie se retourne mi-riant, mi-hurlant. À côté, les garçons chahutent bruyamment et s'insultent copieusement. Grâce l'effet de surprise, Nicholaï prend le dessus, voilà Keshav vaincu. Il me semble que c'était la dernière fois que l'on nous oubliera. Ce petit interlude a permis de détendre l'atmosphère. Ainsi nous continuons notre route en bavardant gaiement. Cependant, à la tombée de la nuit, je n'ai pas encore vu une seule auberge.

 - Dis, Keshav t'as-t-il dit où on dormira ce soir ? demandé-je à Julie.

 - Eh non, certainement dans un hôtel, pourquoi ?

 - Rien, t'inquiètes, je me demandais, c'est tout.

 - Keshav ? Appelle-t-elle aussitôt. On s'arrête bientôt parce qu'on commence à fatiguer.

 - Vraiment ? Désolé, il fallait le dire plutôt, on s'installera sur la prochaine plate-forme, d'accord ? Promet-il. Sinon, tu vas bien ?

 - Oui mais ce sera un lieu normal, comme une auberge ? s'inquiète-t-elle.

Il répond par un signe de la tête tellement vague que je commence à comprendre.

 - Nous n'allons pas dormir dans un lit, n'est-ce pas ? Nous resterons pendant 3 jours et 3 nuits au grand air, loin de la civilisation, je déclare.

 - Et ce soir, on se couche sous le ciel noir, à la belle étoile ! s'extasie Nicholaï. Trop cool ! pas vrai les filles ?

 - Vous êtes sérieux ? Déjà que nous partons à l'aventure sans rien dire à personne dans un monde complètement fou mais en plus, vous voulez jouer à Indiana Jones et risquer notre peau même en plein sommeil.

 - Mais ça va aller, dit Nicholaï d'une voix rassurante. D'après ce que je sais, dans les environs il n'y a que des serpents gouliers, des singes cannibales et des tigres traqueurs. Ah ! J'oubliais des plantes carnivores bien entendu.

 - Niko arrête, lance Keshav d'un ton sans appelle. Julie il n'y a aucun danger ici. J'ai choisi ce chemin car il est plus court. Je ne pensais pas que cela te dérangerais tant de dormir à la belle étoile. Seulement maintenant, on ne peut pas vraiment faire demi-tour. Ça ira ?

 - Oui, de tout manière, nous n'avons pas vraiment le choix.

Même si je ne le dis pas, elle a tout à fait raison. On ne nous a rien demander, juste mit devant le fait accompli. Cette discussion a eu pour effet un silence pesant. De plus, je ne suis pas une peureuse mais maintenant qu'il fait bien noir, j'aimerais autant me trouver dans un endroit un peu plus sûr qu'une route de branches. Quand Keshav nous indique la plateforme sur laquelle nous dormirons, je manque d'éclater de rire. Elle est pas plus grande que celle de ce midi, voire moins. Cette nuit, un seul d'entre nous bouge et hop : il se retrouve 150 mètres plus bas dans un drôle d'état. Décidément, ce monde n'est pas fait pour moi. J'aime le confort tel qu'un bon lit douillet et une maison sur le plancher des vaches. Cependant, s'il y a encore un hamac, alors ce sera la guerre mais c'est moi qui l'aurai. Malheureusement, après y avoir grimper, je constate que le confort est des plus spartiate, c'est à dire pas de hamac ou de banc.

🍀🌸🍀

Bonjour !
Que pensez-vous du petit "rapprochement" entre Niko et Dia ?
En espérant qu'ils ne tombent pas, je vous fais des
Bisous 😘

Les Chroniques de Dianelïa Miaczynski et Cie Où les histoires vivent. Découvrez maintenant