Une pensée et quelques larmes

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Pour certaines personnes, elles ne sont que des objets sexuels, une diversion pour les hommes, des êtres dépourvus de sentiments, des trophées, ou des actrices du burlesque. Chacun de ces mots utilisés pour désigner les prostituées est toujours déshumanisant.

Je n'ai jamais su lire entre les lignes, je n'ai jamais pu comprendre la profondeur de ce mot ; pour être honnête, la définition donnée par les livres ou sur Internet ne mentionne pas le sacrifice, la peur, ou les émotions de certaines d'entre elles, mais se limite à l'aspect vulgaire de ces femmes. Au début, ce mot me répugnait, je n'en comprenais pas le sens, et d'ailleurs, cela n'a pas changé. Cependant, son arrivée, cette femme, a changé une partie de ma perception de ce mot.

Dans cette ville austère, elle vivait, à la recherche d'un prince qui pourrait la libérer de ces chaînes. Cette femme, dont la nudité était source de péchés, éveillait en moi le désir d'une connexion profonde. Je voulais qu'elle soit ma compagne, ma partenaire intime, je souhaitais la traiter avec le respect qu'une personne mérite, bien au-delà de l'étiquette qui lui avait été imposée. Je ne voyais qu'entre ses cuisses, ses lèvres pulpeuses, douces comme les fraises du printemps, et je n'avais pas le temps de découvrir la profondeur de son cœur rempli de tristesse et des blessures que la vie lui avait infligées.

L'argent pour moi était simplement le fardeau de ces femmes, et cela me répugnait, mais elle, elle était bien plus que cela. J'aurais pu la dévêtir avec respect, l'aimer et la chérir comme elle le méritait, mais au lieu de cela, j'ai choisi de la blesser, me blessant moi-même en chemin.

Elle était et demeure ma muse, celle que j'ai aimée dès le premier regard, celle que j'ai voulu protéger. Je la désirais ardemment, mais je n'ai pas su prendre soin d'elle et je ne l'ai jamais réellement comprise. Pas un jour ne passe sans que je ne repense à notre histoire. Si seulement j'avais su lui montrer correctement mes sentiments, si seulement j'avais su lui dire qu'elle comptait pour moi, si seulement j'avais su lui faire comprendre qu'elle avait droit au bonheur en tant qu'être humain, surtout en tant que ma compagne, et que j'étais ce prince charmant qu'elle attendait.

Ce n'est qu'après son départ que j'ai finalement accepté la réalité, que j'ai cherché à la comprendre. L'orgueil, la colère et la fierté ont détruit notre relation. Elle était faite pour moi, mais je l'ai compris bien trop tard.

La prostituée  : en réécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant