Undertale: Par delà la Fin.

Chapitre 7: Le récit de l'Araignée

Les lampes, disposées autour des tables, donnaient à la salle un aspect mystique en éclairant quelques minces volutes de fumée mauve flottant de temps à autre. Dans la pièce, les petites arachnides se prélassaient, en bonnes clientes, sirotant un peu de thé, discutant entre elles de tout et de rien, et recommandant ensuite une tasse, assoifées par leurs longs échanges.
Dans un coin, toutefois, la situation était légèrement différente. Assises sur des chaises hautes identiques à celles du bar, devant une petite table basse en bois, quatres araignées tenaient dans leurs petites pattes des cartes, faisant au moins 10 fois leur taille, mais qu'elles soulevaient néanmoins sans peine. Devant elles, s'entassait une pile de divers objets de toutes sortes, allant de vieux papiers de chewing-gums à des liasses de billets américains, sans parler des casquettes de base-ball, des colliers en perles, et de divers petites pierres brillantes qui étaient au sommet de la minuscule montagne.
Le tapis. La somme de toutes les mises au poker. Le Saint Graal de la partie.
C'était quitte ou double.
La première arachnide dévoila ses cartes avec assurance, sûre d'elle.
Toutes se penchèrent sur son jeu. Une simple pair.
Elles pouffèrent, au grand damne de la joueuse, qui devint cramoisie, et baissa les yeux, rouge de honte.
Très drôle. Bon, la suite maintenant.
La suivante sourit, et montra, fière de sa main, un carré de 7. Bonne pioche.
La troisième, dégoutée, jeta ses cartes par terre. Elle n'avait qu'une double paire. Impossible de rivaliser.
Elles se tournèrent enfin vers la dernière, qui, à la surprise générale, enfournait déjà la mise dans un immense sac en toile, en sifflotant allégrement. Elle leva les yeux vers ses compagnes, et leur indiqua d'un air absent à l'aide d'une de ses pattes son jeu.
Quinte flush.
Elle se leva, légère, et s'éloigna en portant son fardeau sur son dos, sous les cris suraigues et les poings menaçant des autres joueuses dressés dans sa direction, visiblement colériques et peu enchantées de sa victoire.

Mais laissons là ces curieuses joueuses de poker pour en revenir à notre histoire. Assis au bar, un petit humain, accompagné du spectre d'une jeune fille flottant au dessus de lui, sirotait un liquide marron dans une tasse en porcelaine, pareil a du chocolat chaud, servi par une curieuse créature à l'air humanoïde, une femme présentant certaines caractéristiques arachnéennes.

-Ça faisait un bout de temps, mon chou! dit Muffet, accoudant deux de ses six bras au comptoir, la tête reposant entre les deux mains. Je suis contente de te voir... même si j'aurai préféré que nos retrouvailles se fassent dans d'autres circonstances.

-Qu'est ce qui s'est passé ici, Muffet? Comment ça se fait que l'Underground soit... comme ça? demanda nerveusement Frisk, après avoir bu une gorgée.

La mine de la serveuse s'assombrit, en entendant cette question. Le petit sourire espiègle, et la joie de vivre qui se lisaient habituellement sur le visage de la reine s'étaient volatilisés, pour laisser place à une expression que l'enfant ne lui connaissait pas: la gravité. Elle se râcla légèrement la gorge, se redressa, et sortit un chiffon et un verre de dessous le bar, qu'elle se mit à essuyer avec. Après un court silence, sans que personne ne dise rien, le seul bruit perceptible étant l'ambiance sonore du salon de thé, Muffet parla enfin, d'une voix mal assurée.

-C'est... C'est une longue histoire. Après ton... départ vers la surface, avec le Roi et plus de la moitié des monstres de l'Underground, ceux qui ont voulu rester ont dû s'organiser. Les villes s'étaient en partie vidées, nous n'étions plus très nombreux. Alors, les gens ont voulu se rassembler. Reconstruire une communauté solide. Retrouver cette atmosphère conviviale, comme à Snowdin, avant. C'est pourquoi la Nouvelle-Couvreneige a été fondée.
Au départ, les choses allaient très bien. Des petites maisons poussaient un peu partout, les monstres étaient joyeux, et vivaient dans un monde sans gouvernement ou lois, mais en toute tranquilité. J'avais des clients qui venaient régulièrement ici, bien différents de mes araignées, et qui étaient si sympathiques, si aimables, si gentils...