Je suis éveillée depuis cinq heures ce matin, les yeux rivés sur la fenêtre, fascinée par le ballet des éclairs qui zèbrent le ciel sombre. Les éclairs illuminent la pièce par intermittence, projetant des ombres mouvantes sur les murs. Le tonnerre qui suit est un grondement si puissant qu'il semble résonner jusqu'au plus profond de moi. Certains éclats sont si brusques qu'ils me font sursauter, comme des coups de tonnerre inattendus dans une symphonie chaotique. Pour passer le temps, je me suis mise à compter les éclairs, et croyez-moi, c'est bien plus difficile que de compter les moutons quand on était enfant. En repensant à ces éclairs et à leur impact, je réalise que le groupe de bikers avec lequel j'étais a joué un rôle inattendu dans ma capacité à supporter ces bruits tonitruants. Leur enseignement m'a appris à maîtriser mes réactions face à ces sursauts brutaux. Les journées passées en leur compagnie, à vivre des moments de tension et de bruit incessants, ont façonné ma manière de gérer le stress et l'anxiété. Ce qui était autrefois un défi, maintenant, semble presque familier, comme une vieille amie. Les éclairs et le tonnerre ne sont plus simplement des perturbations, mais des événements que je peux observer avec une certaine distance émotionnelle, un reflet des leçons apprises dans un monde auquel chaque bruit pouvait être le prélude à quelque chose de plus grand. Le lieutenant Georgio m'avait trouvée errant dans les rues, cherchant un coin où passer la nuit. Quelle idée stupide de vouloir tout changer du jour au lendemain. Très vite, nous avons noué des liens. Il m'avait présentée à son président le soir même, et Gary, le président, m'avait rapidement prise sous son aile. Il m'a intégrée au club en tant que prospect. Contre toute attente, j'ai réussi à franchir cette étape, et seulement quatre mois plus tard, j'ai gravi les échelons pour devenir représentante. Une mention spéciale pour le poste de secrétaire a également été ajoutée à mon gilet. Quant à Georgio, il est resté à mes côtés, toujours fidèle. Nous passions beaucoup de temps ensemble, et il m'arrivait même de dormir avec lui. Malheureusement, diverses circonstances m'ont contrainte à me séparer de ce groupe. Les tensions internes, les changements de direction et les conflits qui ont émergé au fil du temps ont progressivement érodé les liens que nous avions tissés. C'était comme si chaque décision prise par le club nous éloignait un peu plus de l'idéal que nous avions construit ensemble. Lorsque la dernière confrontation a éclaté, il était devenu clair que rester ne ferait qu'aggraver les choses. J'ai pris la décision difficile de partir, malgré la douleur de laisser derrière moi des gens qui étaient devenus ma famille. Un brin de nostalgie m'envahit en repensant à ces souvenirs. Les rires partagés, les moments de camaraderie, et même les épreuves que nous avons traversées ensemble. Mais il ne sert à rien de se vautrer dans le passé. Je me répète comme un mantra : « Ne t'attarde pas là-dessus, Lexie ! » Il est essentiel de se concentrer sur l'avenir et d'avancer, même si chaque pas en avant est empreint d'un écho des jours passés. Maintenant, ma vie est marquée par cette transition. Je suis revenue à une certaine forme de normalité, mais chaque soir, lorsque l'orage gronde et que les éclairs déchirent le ciel, je me remémore ces jours de tempête intérieure et de fraternité. Peut-être qu'un jour, ces souvenirs deviendront une partie acceptée et intégrée de moi-même, plutôt qu'un poids qui me ralentit. Mais pour l'instant, je dois continuer à marcher, les yeux fixés sur l'horizon, en espérant que chaque nouveau jour m'apportera un peu plus de paix et de clarté. Quand mon réveil affiche "8:30", je me lève pour prendre une douche. J'ai trouvé un appartement au nord de Los Angeles, non loin du café où je travaille comme serveuse. Physiquement, je suis plutôt petite, avec de longs cheveux bruns et des yeux bleu clair. Classique, me direz-vous, mais que voulez-vous... La génétique fait ce qu'elle veut. Après ma douche, je m'habille pour le service : une jupe noire élégante, ni trop courte ni trop longue, et un chemisier blanc. Je détache ma chevelure et me maquille légèrement, optant pour un look discret, mais soigné.
Dans la cuisine, je prends une pomme, tout en jetant un coup d'œil au post-it collé sur le réfrigérateur, qui me rappelle à l'ordre : "Mange le matin ! Pas de petit déjeuner à la va-vite !" Foutu rendez-vous médical. Je soupire en lisant cette note. Je sais que je devrais prendre plus soin de moi, surtout après les récents bouleversements dans ma vie. Mais ce matin, la tâche semble d'autant plus ardue. Je fais une grimace en mordant dans la pomme. Puis, je prends un moment pour consulter mon téléphone et vérifier les messages. Rien de nouveau, juste des notifications habituelles. Je note un message de mon patron me rappelant la réunion de l'après-midi pour discuter des nouvelles procédures. Parfait, encore un autre rendez-vous pour alourdir ma journée.
En quittant l'appartement, je fais un dernier coup d'œil autour de moi. L'endroit est modeste, mais accueillant, et j'ai réussi à le rendre confortable à ma manière. Je ferme la porte derrière moi et descends les escaliers, essayant de chasser les pensées désagréables de ma tête. La journée s'annonce chargée, mais c'est un des prix à payer pour une vie organisée et stable, même si la stabilité paraît encore bien fragile.
La rue est encore paisible lorsque je sors de l'immeuble. Les premières lueurs du jour se reflètent dans les fenêtres des bâtiments voisins, et l'air frais du matin est un répit bienvenu avant la chaleur de la journée. J'atteins le café en un rien de temps, où je suis accueillie par les arômes familiers du café fraîchement moulu et des pâtisseries du matin.
Au comptoir, mes collègues sont déjà en train de préparer les premières commandes de la journée. Ils me saluent avec des sourires, et je réponds en essayant de masquer ma fatigue. La routine me reprend rapidement : préparer les machines à café, organiser les tables, et accueillir les premiers clients.
Malgré la monotonie apparente, il y a quelque chose de réconfortant dans cette routine. C'est une sorte de rituel quotidien qui me permet de me recentrer, même si, parfois, je me surprends à rêvasser en pensant aux défis de la journée et aux obligations qui m'attendent.
Le café se remplit peu à peu, et je me laisse emporter par le rythme de la matinée. J'essaie de rester concentrée, d'être souriante et efficace, tout en gardant à l'esprit que la journée n'a pas encore dit son dernier mot. Le rendez-vous médical que je redoute plus que tout est prévu pour l'après-midi, et j'essaie de ne pas laisser ce stress interférer avec mon travail. Pour l'instant, je me concentre sur l'instant présent, chaque sourire et chaque commande étant une distraction bienvenue.
Quelques instants plus tard, de nombreuses motos y sont garées, toutes plus belles les unes que les autres, mais aucune n'égale mon petit bijou : une magnifique Bobber TFC de la marque Triumph. Une véritable pépite. Ce n'est pas le moment de rêvasser, Lexie !
Je fais un signe de main à mon patron pour signaler ma présence lorsqu'un des habitués m'interpelle... C'est Josh !
- Eh, ma mignonne !, me dit-il, en souriant.
- Oui, mon mignon ?, lui répondis-je, en riant.
- Tu peux me resservir un café bien noir ?Aussitôt demandé, aussitôt servi. À peine ai-je eu le temps de le remercier qu'un groupe de neuf bikers entre dans le café et se dirige vers une longue table située au fond. Certains d'entre eux m'adressent des signes de tête amicaux pour saluer, tandis que deux autres, leurs regards froids et sévères, ne me laissent pas indifférente. C'est à ce moment-là qu'un de ces bikers se lève et commence à marcher dans ma direction. Sa démarche est assurée, presque impériale, et chaque pas semble résonner avec une intention précise. Il porte une veste en cuir ornée de plusieurs insignes que je ne reconnais pas immédiatement, mais je note qu'elle est marquée d'un blason distinctif. Son visage est à moitié caché par une casquette noir, mais ses yeux, d'un bleu acier, fixent intensément.
Je me redresse derrière le comptoir, essayant de dissimuler ma nervosité sous un sourire professionnel.
- Bonjour, dit-il d'une voix profonde. On m'a dit que vous êtes la personne à qui parler pour les commandes ici.
- Bonjour, oui, c'est bien moi, répondis-je. Que puis-je faire pour vous ?
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Knights of Hell.
RandomObsédée par l'idée de tourner la page, Lexie aspirait à effacer les traces d'une existence qui l'avait maudite. Les blessures qu'elle portait, tant physiques que psychologiques, la poussaient à fuir un monde où la confiance était une notion étrangèr...