Knights of Hell.

Chapitre 7

La question reste en suspens, l'accusation implicite. Je lève les yeux vers eux, deux ombres menaçantes dans la pénombre.

- C'est lui. C'est Dahili. Ma voix est faible, mais déterminée.

Je vois la surprise se mêler à la colère dans le regard de Nathan, tandis qu'Anéo semble plus circonspect.

- Depuis quand tu reçois ces lettres ? gronde Nathan.

- Depuis qu'on est partis ? demande Anéo

Je baise la tête un peu honteuse d'avoir été prise sur le fait. Et je pensais sincèrement être plus discrète.

- Et tu n'as rien dit ? Pourquoi ? surenchérit Nathan.

- J'avais peur... marmonne-je. Peur de vos réactions.

- Peur de quoi ? Qu'on te juge ? Qu'on te trouve faible ?

Je baisse la tête, incapable de le regarder. Il a raison. Nathan lâche un soupir exaspéré.

- Tu aurais dû nous en parler tout de suite. S'emporte-t-il.

- Je sais... Murmure-je, la culpabilité me pesant sur la conscience.

Anéo pose une main sur mon épaule, une tentative de réconfort.
- Calme-toi, Nathan. On va trouver une solution. Il se tourne vers moi. Pourquoi est-ce qu'il t'envoie toutes ces lettres ? Qu'est-ce que tu lui as fait ?

- Je l'ai bloqué dans un hangar, dis-je avec une pointe d'ironie. Il m'harcelait, et personne ne voulait rien faire. Alors j'ai dû me débrouiller seule. Il est resté enfermé dans le hangar, une balle plantée dans le genou. Il m'avait poussé trop loin, et cette fois, j'avais décidé de riposter.

J'ai volontairement décidée de ne pas parler de certain passage plus sombre. Je n'ai donc pas pu leur avouer qu'il m'avait violé. Cela me rendrait encore plus vulnérable, et je ne pouvais pas me permettre ça.

– - Tu pars. Fait tes affaires, Lexie ! grogna Nathan, le visage congestionné.

Je sursaute.
- Quoi ? Tu plaisantes, j'espère ? Je ne pars pas ! Mais de quoi tu parles ? Je me lève d'un bond, les yeux écarquillés.

Nathan me dévisage avec un mépris glacial.
- Tu poses trop de questions. Et si ! Tu pars, et c'est tout. Il se détourne, refusant de me regarder.

Je croise les bras sur ma poitrine, défi dans le regard.
- Et où je vais ? Je ne peux pas partir comme ça et puis, je ne bougerai pas d'un poil !

Anéo, tente de me calmer d'un geste.
- Lexie, attends...

Le président fait volte-face, ses yeux fixés sur la lettre encore posée sur la table.
- C'était la seule ? La seule lettre ? Il tend la main, impatient.

Je baisse la tête, une rougeur envahissant mes joues. Je sais que j'ai fait l'erreur d'en laisser une sur la table.  Je me dirige lentement vers le meuble de l'entrée, où les lettres sont rangées par ordre chronologique, comme des secrets enfouis. Chaque enveloppe semble contenir un morceau de mon passé.

- Ramène-la au QG ! crache Nathan à Anéo, ses yeux noirs étincelant d'une colère féroce. Il serre les poings, ses veines gonflées sur ses tempes. Je suis figé, incapable de bouger. Le danger est palpable, une menace tangible qui me paralyse. Chaque seconde qui passe semble une éternité. Comme une ombre, Nathan me contourne et disparaît dans le couloir. Le bruit sourd de la porte qui se referme est la seule réponse à mon appel du silence.
Je comprends alors que je n'ai plus de choix.

– Bon, on y va ? demande mon invité, un brin impatient.

Je secoue la tête, un non catégorique sur les lèvres.

– Quoi « non » Lexie ? En fait, je crois que tu n'as pas le choix. Et putain, rien qu'à le voir comme ça, même moi, je n'ai pas envie de m'y frotter. Nathan l'air vraiment énervé.

– Si j'ai le choix ! Et je dis non. Pourquoi devrais-je bouger ?

- Je pense que... Tu déménages au QG.

Le sang me monte au visage.
- PARDON ?! je crie, incrédule.

Anéo pose une main sur mon épaule, essayant de me calmer.
- Lex, me dit-il, la voix douce, tu es bien trop importante pour qu'on te laisse seule et surtout je ne sais où...

- Mais pourquoi...

– Pourquoi ? Tu demandes pourquoi ? Il lâche un petit rire amer. Mais Lexie ! Tu es spéciale ! Aussi bien en tant que personne, que en tant que... enfin... tes qualités sur le terrain quoi. Il secoue la tête, les yeux brillants. À mes yeux, tu es importante. Y'a une sorte d'alchimie entre nous. Et Nathan ! Je ne t'en parle même pas ! Je crois que... enfin laisse tomber ça. Et pourquoi tu devrais bouger ? Tu es entrée dans nos vies, tu crois vraiment que l'on va te laisser tomber ? Et encore plus depuis qu'on sait qu'il te cherche...

Je suis abasourdie ! Je ne m'attendais pas à toute ses révélations de sa part. Les mots d'Anéo résonnent en moi, me troublant profondément. Mais une part de moi se sent rassurée, je ne suis plus seule.

– Mais Anéo, Dahili a toujours été une mauviette. La seule fois où il a osé, il était entouré pour jouer le gros dur. Jamais il n'osera m'approcher, et en plus de ça, il est en prison.

– Je crois que, tu ne te rends pas compte de la gravité. Que Dahili soit en prison, c'est une chose, cependant, les lettres n'arrivent pas par la magie du saint esprit. Donc quelqu'un sait où tu habites. Et peut-être que lui aussi. Il était peut-être une mauviette avant la prison, mais qui te dit qu'aujourd'hui, il n'a pas changé ?! Il cherche une vengeance, Lexie. Il ne reculera devant rien. Nathan ne le laissera jamais t'approcher et moi non plus d'ailleurs. Mais il faut que tu comprennes qu'il est pourra jamais te surveiller et surveiller le club en même temps. Tu viens avec nous, tu seras protégée.

Une colère sourde monte en moi. Je me sens à la fois rassurée de compter pour eux et en colère contre Dahili. Son ombre plane sur ma vie depuis trop longtemps.

– Mais... Anéo...

– Non ! Ça suffit ! Dépêche-toi, il a beau être mon meilleur ami, je n'ai pas envie qu'il revienne pour nous passer un savon. Il se lève et me tend la main. On y va ?

Finalement, après cet échange, je compris que cela ne servait à rien d'essayer d'arranger la chose. Un poids s'abattit sur moi. Les mains tremblantes, je commence à remplir ma valise. Chaque vêtement que j'y glisse me rappelle un pan de ma vie passée. Un gros sac, d'après les cris de mon ami dans le salon. Car, je cite « Ne crois pas que tu vas rentrer d'ici quatre jours ».

Je saisis la plus volumineuse valise que je trouve et y entasse l'essentiel. Spécialement pour aujourd'hui, une magnifique Dodge Challenger SRT8 de 2015 noir, nous attendais devant. Le moteur ronronne déjà, impatient. Mon ami me prend ma valise dès main, ouvre le coffre et la pose délicatement dans le coffre.

– Installe-toi. Vas-y hein ! Nous en avons pour une heure de route à peu près.

– Mais c'est...

– Ouais, c'est à nous. Enfin, à Nathan. Nous sommes quelques-uns à en avoir une. Mais Nathan préfère qu'elle reste au garage. La moto quoi... Il rit, un sourire espiègle aux lèvres.

Je rigole à mon tour. C'est du Nathan tout craché.

– Ouais je sais, poursuit-il, je crois même qu'il en a fait une règle, mais je ne me suis jamais attardé dessus. Mais, parfois, on peut faire une entorse au règlement...

Je m'installe dans le siège passager, la valise dans le coffre. La route s'étire devant nous, une ligne droite qui s'enfonce dans l'inconnu. Le soleil commence à se coucher, teignant le ciel de nuances de rose et d'orange. Je suis fascinée par ce spectacle, mais une petite voix au fond de moi me rappelle où je vais. Le QG..