Chapitre 5

2.7K 203 4
                                    

- En fait, je voulais te rencontrer pour mieux comprendre ta situation et voir certains points..

- Comme le point de mon départ ?
- Entre autres..

Je ne réponds pas à sa dernière phrase. Le serveur arrive afin de commander notre repas, puis repart discrètement. Cette fois-ci, le président ne parle pas, et laisse un silence, presque agréable. Je savoure les dernières bouchées de plat tout en observant le café-restaurant qui commence à s'animer autour de moi. La lumière du soir, filtrée à travers les grandes fenêtres, confère à l'endroit une ambiance chaleureuse et accueillante. Le bruit des conversations et le cliquetis des couverts forment une douce mélodie de fond, qui contraste avec ce rendez-vous.

Alors que je me lève pour m'éloigner de la table, je prends un instant pour admirer le cadre. La décoration intérieure est élégante et simple, avec des touches de bois brut qui rappellent la nature environnante. Des plantes en pot ajoutent une touche de verdure et d'énergie à l'espace, créant une atmosphère apaisante qui invite à la réflexion. Je fais un tour rapide du café-restaurant en attendant le dessert et remarque quelques détails qui ajoutent au charme du lieu : des œuvres d'art locales accrochent les murs, des bougies parfumées sont disposées sur les tables, et un feu crépite doucement dans une cheminée en pierre dans un coin. L'endroit dégage une atmosphère d'intimité et de confort, idéale pour des discussions sérieuses ou des moments de détente.
Le biker semble s'être levé également pour répondre à un appel, me laissant l'occasion de réfléchir en toute tranquillité. Je pense à son envie de savoir pourquoi je suis parti. Le café-restaurant, avec son ambiance calme et son décor agréable, contraste fortement avec l'urgence et le stress de ma vie quotidienne. Je reviens à table dans l'attente du dessert. Cherchant à calmer l'anxiété qui commence à se manifester sous la pression de la situation. Le président me fixe avec une intensité mesurée.
- J'ai quitté ce milieu pour des raisons qui sont un mélange de désillusion et de recherche d'une voie différente. Je voulais m'éloigner des conflits incessants et des tensions qui paraissaient ne jamais finir. J'avais besoin de changement, de quelque chose de plus stable et peut-être de plus... personnel. M'éloigner et me reconstruire surtout.
Le président écoute attentivement, ses yeux scrutant chaque expression sur mon visage. Il semble absorber chaque mot comme s'il était crucial pour la suite de notre discussion.

- Je vois.
- J'ai le droit aussi de vous poser des questions, ou uniquement vous ?
- Vas-y Lexie. Je t'en prie. C'est vrai que je ne t'ai pas laissé l'occasion de m'en poser.

Je fais mine de réfléchir, alors qu'une question me brûle les lèvres.
- Tout d'abord, votre âge et votre prénom.

Il rigole, signe qu'il ne s'attendait pas à une question aussi directe. Ses yeux pétillent d'une lueur amusée et il se redresse légèrement dans son fauteuil.
- J'ai 28 ans. Et.. Je m'appelle Nathan. Et arrête de me vouvoyer, tu veux bien ! s'agace-t-il. Puis il reprend d'une voix plus calme. Mais dis-moi, tu resteras toujours évasive avec ton départ ?
Il incline légèrement la tête, scrutant le visage de celui qui s'approche. Son regard, celui que tous les présidents arborent lorsqu'ils émettent un ordre tacite de silence, se pose sur moi. Et, contre toute attente, je ressens un certain apaisement. La serveuse, presque brutale, dépose mon desert avec un fracas. Puis, c'est au tour de Nathan. Son décolleté plongeant, elle s'attarde sur lui, lui lançant un clin d'œil complice. L'agacement me monte aux lèvres. Ce type de femmes, qui se pavane et aguiche en toute impunité, me révulse. Jalouse, moi ? L'idée me paraît absurde. Nathan n'est qu'un président de club, après tout. Sauf que son regard, maintenant, est plongé dans le mien, et une étrange chaleur me monte aux joues. Je détourne le regard, mal à l'aise. Mais il persiste, ce regard, collant à ma peau comme une seconde peau. Je sens mon cœur s'accélérer, et une curieuse excitation me gagne. Est-ce possible ? Est-ce que je suis en train de... rougir ? Une fois la serveuse repartie et assez loin, je reprends mes questions.

- Pourquoi tu veux le savoir ? Enfin, je veux dire... Ce n'est pas bien grave, non ?
- Je t'ai posé la question en premier !
- Réponds-moi avant !
- Lexie ! gronde-t-il, ses yeux noirs étincelant d'une colère menaçante.
- Mais ça ne te regarde pas !

D'accord, non ! C'est trop ! Il commence sérieusement à me sortir par les yeux ! Comment peut-il s'imaginer que ses haussements de voix vont m'intimider ? C'en est trop ! Je quitte la table, m'excusant à peine. C'est mon choix de garder certaines choses pour moi, et il le sait très bien. Une fois dehors, ses prospects me dévisagent, puis j'aperçois du coin de l'œil Nathan qui les rejoint du regard. Je me dirige vers la falaise, le vent marin me fouettant le visage. Sans veste, je frissonne de tous mes membres. Le phare, au loin, scintille comme un œil vigilant. J'entends des pas derrière moi. Inutile de me retourner, je le reconnaîtrais parmi mille. Ses longs pas assurés résonnent sur le chemin côtier. Une veste vient se poser sur mes épaules.
- Je te ramène, murmure-t-il.

Je me tourne vers lui, les yeux rougis. Il me fixe, son regard perçant à travers la brume marine. Je sens mes défenses s'effondrer sous son intensité. Il y a quelque chose dans son regard qui me touche, un mélange de colère et de tendresse. Je l'ai blessé, je le vois. Mais comment lui expliquer sans le blesser davantage ?
- Merci, murmurais-je en ajustant la veste. Je l'enfile, trouvant un réconfort inattendu dans sa chaleur. Nous marchons côte à côte, le silence s'installant entre nous, lourd et chargé de non-dits.
Le vrombissement du moteur me réveille les sens. Le vent dans les cheveux, la sensation de liberté... Ce retour à la réalité est brutal. Une fois devant chez moi, nous descendons de la moto, silencieux. Il s'assied sur les marches, le regard perdu. Je le rejoins, un nœud au ventre. Le temps semble s'étirer, interminable. Je le regarde jouer avec des cailloux, un geste machinal qui me déconcerte. Je pense à tout ce qui s'est passé, à ce que nous sommes devenus. Un frisson me parcourt moins à cause du froid que de cette tension palpable. Impatiente, je le touche doucement de l'épaule. Il lève les yeux, surpris. Nos regards se croisent, intenses. Un sourire nerveux naît sur mes lèvres. Je sens mes joues rougir. Il se lève, puis se penche légèrement vers moi, et je sens mon cœur s'accélérer. Il dépose un baiser sur mon front, puis il se retourne. Je le rattrape par le poignet.
- Reste, dis-je d'une petite voix. Il me regarde, un léger sourire aux lèvres.
Je suis légèrement déçu de la soirée. J'avais espéré autre chose. J'ai simplement envie d'oublier ces tensions et peut-être, un jour, je lui parlerai de mon départ du club.
- Tu veux monter plutôt que de rester dehors, Nathan ? m'étonne-je moi-même.
- Lexie... dit-il, hésitant, oui, si tu veux...

Il se lève et me tend la main. Une fois dans mon appartement, je prépare du café. Je l'observe, concentré sur mes gestes, son regard suit chacun de mes mouvements, et je sens une chaleur monter en moi. Il y a quelque chose d'intriguant dans cette tension qui s'installe entre nous. Je ne peux m'empêcher de me mordre les lèvres.
- Arrête ça ! grogne-t-il, amusé.
- De quoi ? répondis-je, feignant l'innocence.
- Ça. Il se rapproche, son regard se fixe sur ma bouche. D'un geste lent, il effleure mes lèvres, et une sensation de chaleur me submerge.

Knights of Hell.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant