Chapitre 6

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Puis, il fait demi-tour et s'avance vers l'étagère à DVD, ses yeux parcourant les titres. Il s'arrête sur "Godzilla" de 2014.
- Celui-là, ça te tente ? me demande-t-il avec un sourire.
- Mon préféré !, m'exclame-je, les yeux brillants.

Je récupère un plaid moelleux et nous nous installons sur le canapé. Je suis impatiente de revivre cette aventure avec lui. Le film commence, et je suis rapidement happée par l'action. Mais la fatigue se fait sentir...

BIP BIP BIP !
Mon réveil me sort brutalement de mon sommeil. Je me frotte les yeux, désorientée. Le souvenir de la soirée précédente me revient en vagues. Je suis dans mon lit, encore vêtue de mes vêtements d'hier. Qu'est-ce qui a bien pu se passer ?

Je me lève et file dans la salle de bain. Une bonne douche me remet d'aplomb. En sortant, je remarque un mot posé sur la table du salon. L'écriture est familière... celle du mystérieux message trouvé dans le cuir. La curiosité me démange. Je prends le mot en main, mes doigts frôlant le papier.
"Tu t'es endormie, alors je t'ai couchée, tu aurais été bien plus confortable dans ton lit que sur le canapé. Comme je ne savais pas si tu avais un double des clefs, mes prospects se relaieront toute la nuit afin de surveiller ta porte qui est rester ouverte. Je passerais demain. N." Pas de doute, c'est bien Nathan.

Quel gentleman ! Mais ça veut dire qu'il va venir me voir chez moi, et je ne suis clairement pas prête ! Et en plus, ses gars ont passé la nuit à faire le guet devant ma porte ? Je leur dois bien un café.

J'ouvre la porte et trouve l'un de ses prospects, dos à moi. L'autre me surveille de l'entrée de l'immeuble. Je leur tends deux tasses de café fumantes. Le premier, visiblement touché par mon geste, me remercie d'un hochement de tête. Le second, plus jeune, me regarde avec un mélange de curiosité et d'admiration. Je leur souris et referme la porte.

À peine ai-je refermé que l'on cogne à nouveau. C'est Anéo ! Je l'invite à entrer. Il jette un coup d'œil autour de lui et sourit.
- C'est... joli. dit-il, l'air un peu gêné.
- J'attends le 'mais'. plaisante-je.

- Petit... commence-t-il, mais je l'interromps.
- Tiens ! Ça ne m'aurait pas étonné ! Nathan... pardon, ton président, a dit pareil.
Anéo lève un sourcil, amusé.
- Nathan ? Vraiment ?

Alerte ! Mon cerveau me lance une alerte. Dans quel plan je me suis mise. Je le vois rigoler.

- C'est correct Lexie. Je sais qu'il vient ici. Et il sait que je viens ici. Je suis son bras droit.


TOC TOC TOC.

Eh crotte ! J'ai oublié que Nathan devait passer. Mais lorsque j'ouvre la porte, ce n'est ni un charmant président, ni personne d'ailleurs. Simplement une lettre. C'est son écriture, je la reconnaîtrai entre mille. Il sait où j'habite.

'Lexie Lexie Lexie... Tu sais... Je sors bientôt. Et tu peux te cacher où tu veux, je serai toujours où tu habites. D.'

Un frisson me parcourt. C'est une menace voilée, mais elle est bien réelle. Je range rapidement la lettre, le cœur battant la chamade.

Anéo arrive et me trouve visiblement perturbée. Je lui invente une excuse, quelque chose de banal pour ne pas l'inquiéter. Sa présence est rassurante, mais la menace plane toujours au-dessus de ma tête.

Un nouveau coup à la porte me fait sursauter. Anéo me contourne et l'ouvre. Je reconnais immédiatement la silhouette de Nathan. Ils échangent une poignée de main chaleureuse, puis Nathan se tourne vers moi. Il se baisse légèrement, sa main glisse le long de ma hanche dans un geste à la fois familier et intime. Un doux baiser sur le front scelle cette arrivée. Nous passons l'après-midi à discuter, à rire. La présence de Nathan et d'Anéo me font du bien, me distrait de mes soucis. Mais au fond de moi, une petite voix me rappelle les lettres mystérieuses. Au moment du départ, Anéo me serre fort dans ses bras. Nathan, quant à lui, me glisse un "Je repasse très vite" à l'oreille, son regard insistant sur le mien. Je sens mon cœur s'accélérer.

À peine la porte refermée que j'entends à nouveau un coup. J'ouvre un œil, redoutant ce qui m'attend. Une nouvelle lettre, posée sur le paillasson. La peur me glace.

"Je vois que tu as reçu ma lettre. Tu as peur ? D."

Ces quelques mots, griffonnés sur un papier blanc, résonnent dans ma tête comme un glas funèbre. Il sait où je vis. Mon sanctuaire n'est plus. La peur s'installe, sournoise, envahissant chaque recoin de mon être. Je dois partir, et vite. Avant qu'il ne passe à l'acte.

Les jours qui suivent sont une succession de nuits blanches et de journées angoissantes. Nathan et Anéo ne sont pas revenus. Puis, le coup de grâce : mon garage a été vandalisé. Ma moto, mon unique échappatoire, est maintenant une épave. C'est lui, j'en suis sûre. Il me teste, il me pousse dans mes retranchements.

Les jours passent, interminables, ponctués par le silence de mon harceleur. Mais je sais qu'il est là, tapi dans l'ombre, attendant le moment opportun pour frapper. Je suis prisonnière de mon propre appartement, terrorisée à l'idée d'ouvrir la porte.

Pour échapper à cette réalité, je me plonge dans des séries, des films. Le monde fantastique de Tolkien et de Rowling devient mon refuge, un endroit où je peux oublier mes problèmes. Ma semaine d'arrêt a été prolongée à un mois. Mais même dans ces univers imaginaires, l'ombre de "D" plane au-dessus de moi.

TOC TOC TOC.

Mon cœur bat à tout rompre. Qui peut bien venir à cette heure-ci ? D'un pas hésitant, je m'approche de la porte. Et là, devant moi, Anéo. Un immense soulagement m'envahit. Je l'attire dans mes bras, le serrant fort.

- Lexie ? Ça ne va pas ? Tu as l'air perdu. Ses yeux, d'habitude si pétillants, sont remplis d'inquiétude. Je secoue la tête, mais il voit à travers mon mensonge.

- Ne me mens pas, s'il te plaît. Je sais que quelque chose ne va pas.

Je veux lui dire tout, lui expliquer la peur qui me ronge depuis des jours. Mais les mots se coincent dans ma gorge. Je ne peux pas l'impliquer dans ça, le mettre en danger. Je me contente de sourire faiblement.
- Je suis juste un peu fatiguée, c'est tout.

Il me propose de m'aider à me détendre, de me préparer une tisane. Je l'accepte, heureuse de sa présence. Nous nous installons sur le canapé, lui à côté de moi. Il commence à me raconter une anecdote sur leur dernière mission, sa voix douce me berçant.

Mes paupières s'alourdissent, le bruit de sa voix me bercent. Je ferme les yeux et peu à peu, je m'endors, bercée par la chaleur de sa présence.

À mon réveil, une voix grave me tire de mon sommeil.

- Putain ! MERDE !
Je sursaute, le cœur battant la chamade. Les mots suivants, chuchotés, me glacent le sang.
- Tait-toi bordel Nathan ! Elle dort ! Elle en a besoin ! Je n'ai même pas pu lui expliquer pourquoi on avait décollé. Anéo s'arrête un instant Mais ça... ça change tout. On ne peut pas l'ignorer. Poursuit-il.

Ils ont trouvé la lettre. Celle que j'ai laissée sur la table, par inadvertance. Un bruit de papier froissé confirme mes pires craintes. Ils sont en train de la lire.

- Tu sais ce que ça veut dire, n'est-ce pas Anéo ?
- Ouais. On est dans la merde. D ?! Tu penses que c'est lui ? Tu penses que c'est...

Knights of Hell.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant