Une trentaine de minutes plus tard, le courage me manqua. J'ouvris la porte, prête à affronter la journée, et me retrouvai nez à nez avec un prospect visiblement impatient.
- Lexie ? C'est Thom. Tu te souviens de moi ? Sa voix, un peu trop assurée, me tira de mes pensées.
J'hochai la tête, l'air dubitatif. Son sourire s'étira, révélant une dentition parfaite.
- Parfait. Les supérieurs m'ont assigné à toi.- Assigné ? Tu es mon gardien personnel ? plaisantai-je, mais ma voix ne trahissait pas vraiment l'humour.
- Non, non, détends-toi. Je suis juste là pour te présenter le club et t'aider à t'intégrer. C'est tout. Ses yeux pétillaient d'un étrange amusement.
- D'accord... murmurai-je, plus par politesse que par conviction.
- Tu as faim ? La plupart des membres sont partis avec le président, donc on peut en profiter pour discuter tranquillement.
- Tu veux dire que je vais rester ici longtemps ? demandai-je, une pointe d'inquiétude dans la voix.
- Je ne sais pas trop, Lexie. On verra bien. En attendant, on y va ?
Je le suivis dans les couloirs, un mélange de curiosité et d'appréhension me tenaillant. Pendant la descente, il me parla du club, de ses activités, de son histoire. J'essayais d'écouter, mais mes pensées étaient ailleurs. Je m'assis sur la même chaise de bar que d'habitude, et Thom me servit un café. Je le regardais le préparer, mes yeux scrutant chaque mouvement. Soudain, un bruit sourd retentit dans la pièce voisine. Thom sursauta et se retourna vers moi, un air inquiet.
- C'est étrange, je n'ai jamais entendu ce bruit avant. Une nouvelle vague d'appréhension me submergea. Qu'est-ce qui se passait dans ce club ?Un silence pesant s'installa. Thom posa délicatement ma tasse sur le comptoir et se dirigea vers la porte donnant sur la pièce d'où provenait le bruit. Il hésita un instant avant de l'ouvrir. Je le suivis des yeux, le cœur battant la chamade. Les lumières étaient éteintes, seules quelques lueurs filtraient par les fenêtres.
Thom, le visage tendu, avança prudemment dans l'obscurité. Je le suivis, prête à faire face au pire. Soudain, il s'arrêta net, l'index pointé vers un mur ruisselant.
- Tu vois ça ? demanda-t-il, la voix presque étouffée par l'excitation.
Je suivis sa direction et mes yeux s'agrandirent. Un mince filet d'eau s'infiltrait par une fissure, créant un petit ruisseau qui zigzaguait sur le sol.
- C'est... c'est une fuite, balbutiai-je, dégonflée, mais surtout soulagée.
Thom éclata de rire.
- Je crois bien que tu as raison, répondit-il, essuyant une larme de rire. J'ai cru que c'était plus grave... et c'était juste une pauvre petite fuite.Nous nous regardâmes, un rire communicatif. L'atmosphère tendue s'était dissipée, remplacée par un sentiment de gêne. Je ne pouvais m'empêcher de penser à toutes les théories farfelues que mon cerveau commençait a élaborés.
- Eh bien, commença Thom, au moins, on aura vécu une petite aventure.
Je ne pus m'empêcher de sourire.
- Une aventure... avec une fuite d'eau.Nous passons le reste de la matinée à chercher des serviettes pour absorber l'eau et à nous moquer de notre réaction exagérée. L'incident nous avait rapprochés, et je compris que, malgré l'ambiance parfois tendue de ce club, il y avait aussi de la place pour l'humour et la camaraderie.
Après notre petite aventure avec la fuite d'eau, j'ai passé le reste de la semaine cloîtrée dans ma chambre. L'excitation initiale avait laissé place à une profonde déception. Je m'étais imaginé plongée dans une intrigue mystérieuse, et finalement, tout n'avait été qu'une fausse alerte. Mon moral était au plus bas. Les nuits sans sommeil s'enchaînaient, hantée par l'image de Thom, le visage crispé, à la recherche d'un danger inexistant.
Nathan et Anéo, pourtant d'habitude si présents, semblaient distants. Ils avaient des allées et venues mystérieuses, des conversations chuchotées. J'avais l'impression d'être exclue d'un secret. Je les interpellais, mais ils éludaient mes questions avec des excuses banales. Je me sentais de plus en plus isolée.
Une semaine s'était écoulée, et je n'avais toujours pas de nouvelles de Nathan et Anéo. Nos interactions se limitaient aux repas, encore que, souvent, ils ne faisaient que passer. Un soir, alors que je dînais seule, un coup sec à ma porte me fit sursauter. Mon téléphone, que je tenais à la main, glissa et se fracassa sur le sol.
- Oui ? demandai-je, me baissant pour ramasser les morceaux.
- Lexie ? La voix de Nathan me fit lever les yeux. Il me regarda, un air inquiet, puis son regard se posa sur mon téléphone brisé. Ça va ?- Oui, oui, bien sûr, répondis-je d'un ton sec. Pourquoi tout le monde me pose cette question ?
Il soupira.
- Je ne sais pas, Lexie. Thom m'a dit que tu passais tes journées enfermée dans ta chambre. Tu ne veux même pas sortir pour prendre l'air.- Et alors ? Je fais ce que je veux, rétorquai-je, un peu trop sur la défensive.
- Je sais, mais... Il hésita un instant. Tu sais que tu peux sortir si tu en as envie, non ?
- Ah bon ? dis-je, un brin ironique. Et c'est nouveau ça ?
Il secoua la tête.
- Écoute, je sais que tu dois être énervée, mais...- Énervée ? C'est le mot faible. Je suis exaspérée ! Mais tu dis que je peux sortir. Donc, je peux sortir en ville ?
- Non. C'est trop tôt. Je suis sincèrement désolée. D'ailleurs, Anéo, il m'a parlé de toi.
- Et que t'a-t-il dit ?
- Rien de méchant, ne t'inquiète pas. Il m'a juste confié tes craintes. Je sais que ce n'est pas facile, mais un jour, tu comprendras. Vraiment, Lexie... Ca va mieux maintenant?
- Si il vous en a parlé, alors vous savez ma réponse. dis-je avec une pointe d'agacement.
- Je comprends. Mais pourquoi ne m'en as-tu pas parlé dès le début ?
- On m'a toujours répété de ne jamais montrer mes faiblesses.
- Alors pourquoi Anéo est au courant ? Il me lança un regard noir, l'air perplexe.
- Je lui fais confiance. Il se leva brusquement et quitta la pièce en claquant la porte.
Mon cœur se serra. Quelques secondes plus tard, un nouveau coup retentit.
- Entre ! hurlai-je, la voix tremblante.
- Calme-toi, Lexie, c'est moi. Je me jetai dans ses bras, cherchant un refuge. Je restai ainsi un long moment, le cœur apaisé par ses battements réguliers. Tu veux en parler ?
- Je ne sais pas... Je ne sais plus quoi penser. C'est ton président. Il me retient ici, il m'a dit que tu l'avais prévenu de mes craintes... Et puis, il m'a demandé pourquoi je ne lui avais pas parlé. J'ai dit que je te faisais confiance.
- Aïe. Il n'a pas apprécié, hein ?
- Non, pas du tout.
- Tu sais, Lex, Nathan n'est pas habitué à ce qu'on lui résiste. Il est le président, et tu sais comment ça se passe... Soit tu obéis, soit tu pars. Tu es la seule à lui tenir tête.
- Ouais, bah il l'a cherché. dis-je, une note de défi dans la voix.- Je sais, princesse, mais fais attention à toi. Ne le provoque pas devant les autres, il déteste ça.
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Knights of Hell.
DiversosObsédée par l'idée de tourner la page, Lexie aspirait à effacer les traces d'une existence qui l'avait maudite. Les blessures qu'elle portait, tant physiques que psychologiques, la poussaient à fuir un monde où la confiance était une notion étrangèr...