TOC TOC TOC.
- Entré !
La porte s'ouvre brusquement et Nathan entre. Il me fixe un instant, ses yeux scrutant mon visage. L'atmosphère se charge d'une électricité palpable. Je sens mon visage rougir. Il me sourit d'un air entendu.
- Tu es bien installée ?
- Oui, merci.Je suis à la fois excitée et intimidée. Je ne suis pas habituellement timide, mais là, je suis chez eux ! Je suis au milieu d'un QG où les seules personnes que je connaisse, ce sont lui et Anéo. C'est vraiment intimidant.
- Tu es sûre ? Ça va ?
- Oui oui...- Tu te sens prête à rencontrer les autres ?
- Oui ! Allons-y...
Cette fois-ci, nous descendons les escaliers. Juste avant d'atteindre le rez-de-chaussée, Nathan s'arrête, me retient un instant du regard. Un sourire esquissé sur ses lèvres, il me lance un clin d'œil complice avant de poursuivre sa descente.
En bas, l'espace s'ouvre sur une vaste pièce à vivre, baignée de lumière. Cuisine, salon et salle à manger se fondent en un seul ensemble, créant une ambiance chaleureuse et conviviale. Ils sont tous là, réunis autour d'une table basse, leurs conversations s'arrêtant net à notre arrivée. Anéo se place à mes côtés, comme un rempart protecteur.
- Lexie, je te présente les gradés... Commence Nathan, d'une voix assurée. Les jumeaux Kelan et Aiden, nos représentants. Natten et Mao, nos lieutenants, et Kelio, notre sergent d'armes.
Les jumeaux, grands et musclés, me dévisagent avec un air amusé. Natten, plus discret, observe mes réactions du coin de l'œil. Quant à Mao, il me sourit avec bienveillance. Kelio, le sergent d'armes, est impressionnant avec sa stature imposante et son regard perçant. Je sens tous les regards sur moi, et un frisson me parcourt l'échine.
- Salut.
- Yo.
- Yo !Des poignées de main se succèdent, accompagnées de sourires plus ou moins chaleureux. Quelques minutes de conversation plus tard, Nathan me tire par la main vers un groupe plus important.
-Suis-moi" me chuchote-t-il à l'oreille, voici le reste de la bande. Ector, Valjo, Redj et Caslio, les rookies, puis Leo, Isor, Eliott et Tyh, les full patch. Et pour finir, Alix Thom et Hugo les prospects.J'acquiesce, mais avoue intérieurement que j'ai déjà perdu le fil. Trop de noms, trop de visages. je me perds dans une mer de tatouages, de vestes en cuir et de regards scrutateurs. Ector, le plus grand et le plus baraqué du groupe, me tend la main avec un sourire un peu forcé. Je serre sa main, sentant la force de son étreinte. Les autres me saluent d'un signe de tête, plus ou moins amical. Je me sens un peu comme un animal observé dans une ménagerie. Dans ce monde de motards, la hiérarchie est stricte. Au sommet, le président, puis le vice-président, le road captain, le sergent d'armes et le secrétaire/trésorier. Viennent ensuite les lieutenants, les représentants, les full patchs (les membres à part entière), les prospects (en cours d'intégration) et enfin les rookies, comme moi, les nouveaux venus. Ces derniers sont un peu comme des apprentis, suivant les autres de près, en attendant leur éventuelle intronisation après quatre mois d'essai. J'ai tout de même réussi à reconnaitre ce que je crois être Alix, le pauvre prospect qui avait gentiment amené le sac de boulangerie.
- Lexie ? Tu es la ?
- Oui, excusez-moi. J'étais dans mes pensées.- C'est correct, rigole Anéo, viens, on va manger.
Nous rejoignons les autres dans la cuisine, un espace vaste et convivial où règne une ambiance détendue. Soulagée, je constate que les regards ne sont pas tous braqués sur moi. Certains membres sont affairés à préparer les sandwichs, d'autres discutent animément, tandis que quelques-uns me dévisagent discrètement. Anéo me pousse gentiment vers une chaise libre. Je m'installe, un peu maladroitement, sur celle-ci. Le pain, artisanal et généreux, dégage une odeur alléchante. Je le prends avec précaution, remerciant mon voisin d'un sourire timide. Autour de moi, les conversations vont bon train, mêlant rires et expressions argotiques que je ne comprends pas toujours. Je me sens un peu comme une étrangère dans ce monde, mais l'accueil chaleureux des autres membres me rassure.
- Ne t'en fais pas, personne ne mord ici. Il rit, un rire chaleureux qui me détend un peu.
Je sursaute à cette voix si proche de mon oreille. Anéo, voyant ma réaction, éclate de rire, visiblement amusé de m'avoir fait sursauter.
- Je sais, Ané...
- Ané ?, dit-il, surpris. C'est nouveau ?
- Oui, j'ai dû perdre le 'o' en route. Répondis-je en haussant les épaules, tout en croquant dans mon sandwich.
Pendant que nous discutons, je lève les yeux et cherche du regard Nathan. Il est en train de parler avec d'autres membres, son visage grave. Je me demande ce qu'il se dit avec eux. Ma curiosité mal placée en prend un coup, je dois l'avouer.
- Oh, je vois, rigole mon ami. Et alors, comment tu te sens ?
- Ma voix est un peu faible.
- Oh Lexie, à d'autres... Il se penche vers moi, son regard se posant sur Nathan, puis il revient à moi. Dis-moi la vérité...
Je marque un temps de pause, hésitant.
- Tu as raison Anéo. Je ne sais pas ce que je fais là. J'ai peur d'avoir à nouveau à faire à Dahili. J'ai peur de ce que le club peut penser. Je suis perdue, je n'aurais peut-être jamais dû suivre...- Stop, Lexie, me coupe-t-il, d'une voix douce, mais ferme. C'est normal d'avoir peur. Mais ici, tu ne risques rien. Tu n'as plus rien à craindre. Nathan et moi, on a été clairs avec les gars. Et crois-moi, Nathan ne laissera jamais personne te faire du mal, et moi non plus, d'ailleurs.
- Je sais Anéo, lui répondis-je, la gorge serrée.
Je regarde à nouveau en direction de Nathan, espérant y trouver une confirmation des paroles d'Anéo. Mais son visage reste impénétrable.
Je décide alors de me lever.
- Je crois que je vais me coucher, dis-je à Anéo, qui hoche la tête.
Tandis que je me dirige vers ma chambre, je remarque qu'Anéo se lève à son tour et s'approche de Nathan. Les deux hommes échangent quelques mots, leurs regards se croisant plusieurs fois. Je les observe discrètement, un nœud se formant dans mon estomac. Qu'est-ce qu'ils sont en train de se dire ?
À ma grande surprise, Anéo finit par me suivre à distance raisonnable, ses pas résonnant doucement dans le couloir. Il s'arrête devant la porte de ma chambre, comme s'il voulait s'assurer que j'étais bien arrivée. Au moment de refermer la porte, le remercie d'un sourire.
- Bonne nuit, Lexie, me dit-il, sa voix douce apaisant légèrement mes inquiétudes.
- Bonne nuit, Anéo, répondis-je, avant de rentrer dans ma chambre et de fermer la porte derrière moi.
Allongée dans mon lit, je ne parvenais pas à trouver le sommeil. Les événements de la journée tourbillonnaient dans ma tête, et l'échange entre Anéo et Nathan me taraudait. J'avais entendu leurs voix s'éloigner progressivement du couloir, puis s'éteindre.
Mon sommeil ne se fit pas attendre.. Quand soudain, un cauchemar me saisit...
Je me réveillai en sursaut, en hurlant. La porte s'ouvrit aussitôt. Anéo et Nathan entrèrent en trombe, leurs visages marqués par l'inquiétude.
- Lexie, qu'est-ce qui se passe ? demanda Anéo, les yeux grands ouverts, reflétant une inquiétude sincère.
Je le regardais, paralysée par la peur. Ma voix, un simple filet, s'égara dans la pièce.
- J'ai... j'ai peur, murmurai-je à peine.
Nathan, les traits tendus, se pencha vers moi. Ses yeux, habituellement paisibles, exprimaient une compassion profonde.
- C'est bon, on est là. murmura-t-il, sa voix chaude me réconfortant. Il glissa une main sur ma joue, effleurant délicatement ma peau, puis il saisit ma main.Anéo s'approcha à son tour, sa main rejoignant celle de Nathan qui tenait la mienne. Serrant leurs mains, je me sentis enveloppée dans un cocon de sécurité, leur odeur familière me rassurait. Leurs présences, rassurantes, commençaient à dissiper les ténèbres de mon cauchemar.
Le lendemain matin, l'aube peinait à percer les ténèbres. Un silence inhabituel régnait dans la maison. Je me soulevai, l'esprit embrumé par les événements de la veille. Le ronronnement familier des motos était absent. J'étais sûre que le président et son second avaient déjà pris la route.
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Knights of Hell.
RandomObsédée par l'idée de tourner la page, Lexie aspirait à effacer les traces d'une existence qui l'avait maudite. Les blessures qu'elle portait, tant physiques que psychologiques, la poussaient à fuir un monde où la confiance était une notion étrangèr...