Mais ...

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Ce matin là, je me réveillais avant l'invasion de mes sœurs. Je restais un long moment à écouter les bruits familiers de la maison. Ma mère chantait -atrocement faux- dans la cuisine. Mon père était dans la salle de bain où il devait se raser. Je ne me levais pas avant que les filles ne sautent dans mon lit. C'était mon dernier matin à la maison et je pressentais que ce serait le dernier moment de calme avant bien longtemps. Les premières années, les Chaperons n'avait que peu de permissions. Je pris mon petit déjeuner dans un silence religieux, seulement troublé par le babillages de Josie qui ne semblait se douter de rien. Ma mère m'aida ensuite à boucler mon sac et à choisir mes habits à grand renfort de ronchonnements. Elle désapprouvait apparemment le choix du jeans, noir et simple, et de la tunique bleu roi.

- Ne rêve pas Maman je ne mettrais pas de robe, râlais je.

- Mais Chérie c'est ton dernier passage devant tout le Village !

Je rétorquais, déterminée :

- Justement ! Pas question de me ridiculiser sur l'estrade ...

Elle soupira mais me laissa enfin finir de me préparer seule. Ma porte s'ouvrit et je protestais :

- Maman tu ...

- C'est pas Maman, ricana Benji'.

Je me tournais vers mon frère. Il portait un costume digne d'un mariage, il leva les yeux au ciel quand il lu ma question silencieuse. Il avait beaucoup grandi ces dernières années, je ne lui arrivait plus qu'à l'épaule et il avait la même carrure que notre père. Imposante mais rassurante. De son regard bleuté il dégageait une impression de douceur et d'innocence, rare chez une garçon de seize ans.

- Tu connais Maman, tu l'as fais flanché pour toi mais on a du subir sa désapprobation ...

J'éclatais de rire devant sa tête dépitée. Il avait de la classe en costard cravate mon petit frère !

- Je venais te dire qu'on t'attends, marmonna t il en ressortant de ma chambre, vexé.

Je le suivis et embarquais dans la voiture familiale, absolument pas conçue pour sept personnes. Pendant le chemin j'écoutais les jérémiades de Rose qui se plaignait de la sensation d'étouffement pendant que Caylee se remaquillait en se regardant dans un petit miroir de poche. Je ne pus m'empêcher de sourire à cette vue. On aurait dit un clown avec la tonne de cosmétique qui badigeonnait son visage pâle.

Une fois sur place je sentis un stress énorme tomber sur mes épaules comme une chape de plombs. Il y avait foule ce qui intensifiait cette impression de disparaître, de ne plus exister. Je tremblais.

- ça va ? me demanda discrètement Benji'.

La boule qui obstruait ma gorge était tellement énorme que je n'arrivais même pas à lui répondre. Je hochais la tête et il me caressa le dos, pas convaincu. Je repérais Fanny au premier rang et indiquais à mes parents que j'y allais. Je m'assis près d'elle. elle n'était absolument pas stressée comme à son habitude. Elle me sourit gentiment avant de prendre ma main. A son contact je me détendis. Je ne savais même pas d'où venait cette angoisse sourde qui me tordait les tripes. Je regardais la directrice et le Maire monter sur l'estrade avec un œil nouveau. C'était peut être la dernière fois que je verrais ce spectacle. Ma famille s'installa derrière moi à côté des parents de mon amie. Benji' pressa doucement mes épaules et je me tournais pour lui sourire.

- Bonjour mes très chers amis, commença le Maire avec un grand geste de la main.

Fanny l'imita en gloussant et je l'imitais avant de me taire sous le regard de reproche de mon ancien professeur de langues.

Into The Woods [Fanfiction Code Rouge]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant