" Ses yeux ont tout un ciel de larmes.
Ni ses paupières, ni ses mains
Ne sont une nuit suffisante
Pour que sa douleur s'y cache. "HARRY
Harry marche le long de la plage. Le ciel au dessus de lui est noir. C'est un ciel de fin du monde. Il fait lourd. Cet air là, lourd, colle à ses vêtements comme si il voulait l'empêcher d'avancer. Mais Harry lutte. Il avance, à petits pas, avec ses pieds qui s'enfoncent dans le sable humide, il fait des traces, des traces qui n'existeront plus au petit matin.
Harry marche vers nul part, c'est à dire l'horizon. Parfois il s'arrête, il ne bouge pas, son corps reste fixe, secoué seulement par le vent, et seul son visage se tourne et il regarde droit sur le côté, vers la mer, vers le ciel noir d'orage et puis il regarde cette ligne là, imaginaire, où le ciel se noie dans la mer, où tous les deux se fondent dans la même colère.
Harry n'a pas peur des orages, en fait parfois, les gens disent qu'il n'a peur de rien. C'est faux bien sûr, Harry est comme tout le monde, il est souvent transi de peur et cette peur là dévore tout en lui, elle dévore même les émotions et les larmes et à force d'avoir cette peur Harry ressemble à un rocher immobile et gris, sans émotion. Si les gens savaient ce qui se passe à l'intérieur de lui, ils trembleraient sûrement.
Harry avance comme ça, de longues minutes qui s'étirent comme la plage, comme les vagues, il marche et on ne saurait plus dire d'où il vient ni ce qu'il cherche, si un jour il s'arrêtera ou si il contournera la terre entière pour trouver l'endroit où commence l'océan.
Harry a les cheveux fous secoués par le vent, et parfois ils lui viennent dans les yeux, il s'accrochent à sa peau collante de sel et de vent, à sa bouche qui a un goût de mer.
Harry marche et il marcherait jusqu'au petit matin, il se coucherait dans le sable et regarderait le soleil naître du ventre de la mer, et la course des oiseaux blancs dans le ciel encore gris, mais un gris presque blanc, un gris calmé de sa colère, il aurait pu, oui, si il n'y avait pas eu une silhouette en travers de son chemin, une silhouette dressée comme un phare, avec des larmes partout, comme si la mer en tempête était venu la frapper de ses vagues blanches.
LOUIS
Ce que Louis attend, c'est l'orage. Il l'attend comme ça, il est droit, comme si il voulait toucher le ciel, mais en vérité c'est le cas. Il voudrait y monter, au ciel, trouver la source de l'éclair et s'y mettre tout entier pour sentir enfin l'électricité parcourir tout son corps, même ses veines et son cœur. Il voudrait se sentir éclatant d'une telle force, la force de l'orage, il voudrait
e x p l o s e r
au milieu des nuages, comme quand la pluie éclate et tombe des nuages.
Ce serait beau.
Ou peut être pas beau. Juste grandiose et merveilleux et affreux aussi et douloureux. C'est ça. Douloureux. Ce serait comme mille poignards plantés en même temps dans sa peau. Et ce serait comme ressentir toute la douleur du monde en un millième de seconde et ensuite il n'y aurait sûrement plus rien mais au moins le dernier souvenir qu'il aura ce sera ça :
le monde entier.
Louis pleure à force d'attendre, mais il ne sait pas trop pourquoi. Il ne pleure jamais d'habitude, ou pas comme ça, en regardant le ciel, il pleure plutôt face contre terre, mais cette nuit non, il n'arrive plus à baisser la tête, le ciel entier l'appelle et c'est FOU comme il aime le ciel et la mer et le vent et la pluie sur son visage et le grondement sourd de l'orage au loin.
Il sursaute lorsque une main se pose sur son bras, une main gelée et puis il se retourne et devant lui il y a un jeune homme, avec des cheveux fous qui lui vont dans les yeux et une bouche qui ne sourit pas et des yeux qui sont comme le ciel, mais sans la colère, juste infini et incompréhensible et très très beaux.
-Tu es sur mon chemin.
-Il n'y a pas de chemin sur une plage, s'entend répondre Louis, mais il ne sait pas si le jeune homme a entendu à cause du vent parce qu'il fronce ses sourcils et sa bouche sans sourire se tord un peu.
-Il y en a un. Il y a des chemins partout.
Louis se recule un peu et il regarde autour de lui mais non, il est sûr qu'il n'y a pas de route, c'est juste le sable qui s'étire très très loin et dans le noir de la nuit on ne peut même pas voir jusqu'où il va, si il a une fin ou si il va seulement se noyer dans la mer à un moment. Pas de chemin.
-Je ne vois pas.
-C'est normal, c'est seulement mon chemin. Je ne vois pas le tien non plus.
Louis reste un moment silencieux, il regarde la bouche sans sourire et les yeux comme le ciel et puis il secoue la tête, très lentement, et là, juste là, alors que le premier éclair tombe le long des vagues, le jeune homme pose sa main sur la joue de Louis, sa paume un peu froide et il essuie ses larmes et puis il dit :
-Tu pleures.
Louis a un peu honte alors il recule encore, et il essuie lui même ses joues et brusquement il ne sait plus pourquoi il pleurait et ce qui lui paraissait si juste quelques minutes auparavant est extrêmement ridicule et vulgaire à présent.
-Non.
-Si. Mais ce n'est pas grave. C'est bien.
-C'est bien ?
Le jeune homme hoche la tête et puis il hésite un moment avant de finir par s'asseoir sur le sable. Puisque son chemin ne se libère pas, il va attendre un peu. Louis s'assoit aussi, presque automatiquement. Ils sont là, serrés l'un contre l'autre et la pluie commence à tomber de plus en plus fort et l'orage au loin gronde et parfois un éclair inonde le ciel qui devient blanc mais ensemble ils parlent et plus rien autour n'existe.
-Moi je ne sais plus pleurer, parce que j'ai peur.
-Peur de quoi ?
-Je ne sais pas... De tout. C'est à l'intérieur de moi que j'ai peur et il n'y a que la nuit sur mon chemin que parfois cette peur là s'en va.
Ils restent un peu silencieux, ils écoutent les vagues qui gémissent sous leurs yeux le vent qui siffle et la terre qui gronde et se meurt et Louis voudrait parler, dire à ce garçon ce qui ne va pas chez lui, ce qu'il voudrait détruire, mais quelque part, il sait qu'il n'y a pas de mots assez forts, que personne n'a jamais su les dire, ces choses là, ces choses qu'on ne peut même pas nommer dans sa tête parce qu'elles sont justes des choses silencieuses des choses sans bruits mais qui font mal et qui prennent toute la place.
Alors il dit :
-Moi j'attends la foudre.
Ça à l'air normal pour le jeune homme parce qu'il hoche la tête et il répond :
-J'espère qu'elle tombera vite alors.
Louis ne sait pas trop quoi dire. Parce qu'il ne sait plus, en réalité. Il a un peu peur qu'elle tombe maintenant, mais pas à la bonne place, pas sur lui mais à côté, sur ce jeune homme là. Il faut qu'il lui dise de partir mais à la place :
-Je suis Louis.
-Moi c'est Harry.
Ensuite ils regardent tous les deux la mer dans le noir et les éclairs un peu, qui viennent casser les vagues en deux, et illuminer la terre entière le temps d'une seconde et ils ne disent plus rien et Louis se dit que peut être, Harry a décidé que son chemin se finissait là et qu'il ne va plus jamais repartir.
#unjourfic
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(un jour) - Larry Stylinson
ФанфикLouis est à la recherche de la brûlure de l'orage. A la place, il trouve Harry. Mais peut-être que, finalement, il s'agit de la même douleur.