HARRY-C'est pour moi ?
-Pour toi.
-Pourquoi ?
-Parce que tu vis ici pour une semaine encore. Tu as le droit d'avoir un mur.
Louis regarde le mur blanc de la chambre, celui contre la fenêtre. Son mur. Harry vient de le lui offrir. Les autres murs de l'appartement sont tous à Harry. Tous. Mais celui de la chambre, contre la fenêtre, c'est celui de Louis maintenant. Ça lui fait un peu mal au ventre, mais il remercie quand même.
Harry a l'air tout fier, avec ses mains sur ses hanches, son débardeur trop grand, son sourire vainqueur.
-On ira acheter de la peinture ?
-Je peux prendre la tienne, si j'ai besoin.
-Le noir ce n'est pas ta couleur.
Louis soupire. Harry lui ébouriffe les cheveux comme si il était un gosse et puis il part en sifflotant dans la cuisine. Louis s'assoit sur le lit, il a vraiment mal au ventre, au cœur, là ça sert. Il déteste le cadeau d'Harry, c'est blanc, c'est immense, un mur, qu'est ce qu'il va en faire, il ne sait pas écrire, pas de jolies choses comme Harry, c'est blanc, c'est immense, un mur, dans la chambre, parce qu'il vit ici.
Je vis ici. Avec toi.
Juste pour une semaine.
Jusqu'au bout des vacances.
Louis se roule en boule dans la couette. Il a envie de pleurer, ça lui pique la gorge. Il entend Harry siffloter encore. Pourquoi Harry est-il heureux ? Ça arrive parfois, ça dure une minute, quelques heures, deux jours, puis bouche sans sourire.
Louis n'est pas heureux, il aime être ici, chez Harry, il y a la mer, le bruit du vent, il n'a pas besoin de bouger et personne ne le force à quoi que ce soit. Ça ressemble au bonheur pour quelqu'un qui n'y regarderait pas de trop près.
Mais c'est si triste, si triste.
C'est sans rires, et sans couleurs, c'est noir, ou blanc. Il manque à Louis des présences, de l'amour. Surtout de l'amour. Harry n'aime pas. Harry n'aime rien d'autre que le vent. Parfois il oublie Louis. Souvent. Louis ne veut pas être aimé par Harry mais parfois il aimerait qu'il le regarde vraiment.
Dans l'après midi, ils vont faire les courses. Ils vont au magasin de bricolage, il y a un rayon immense de peintures. Harry veut toutes les regarder, une par une. Il dit si elles conviennent à Louis. Les couleurs claires vont à Louis, toutes les bleues aussi.
-Là : Bleu d'orage !
Il tend le pot à Louis qui le prend entre ses mains. La couleur est jolie. C'est un bleu métallique, presque gris, un peu sombre, pas trop, lumineux. Ce bleu là est parfait. Alors Louis sourit et Harry a l'air vraiment content.
Ils font le tour du magasin, ils se perdent dans les rayons. Ils font semblant de choisir des choses pour l'appartement : de nouvelles lampes, un tapis, une tapisserie, une cuvette Bob l'Éponge pour les toilettes. Ils testent un grand matelas king size, s'allongent sur des canapés hors de prix, se font virer des cuisines grandeur nature. Ils rient comme des gamins, en se poussant dans les caddies, à se jeter dans les allées et slalomer entre les clients.
Quand ils vont à la caisse, Harry paye.Puis en sortant, ils repassent par la plage. Ils vont sur la grève, ils regardent le soleil qui se couche. Ils restent un moment immobiles, à fixer l'horizon, à regarder les mouettes qui dansent dans le ciel. C'est beau, c'est calme, Louis se sent léger et peut être un peu heureux aussi. Il ne sait pas très bien.
Et quelque part, dans ce temps suspendu, Harry lui prend la main et la serre dans la sienne
et alors
il ferme les yeux
et s'autorise un sourire.
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(un jour) - Larry Stylinson
FanfictionLouis est à la recherche de la brûlure de l'orage. A la place, il trouve Harry. Mais peut-être que, finalement, il s'agit de la même douleur.