Partie I - Chapitre 6

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LOUIS

Le même cauchemar revient sans cesse. Louis, ballotté par un vent destructeur, est jeté de vagues en vagues, il a de l'eau partout, jusque dans le nez, il s'étouffe et il pleure, il a mal. Le vent siffle dans ses oreilles, défaits ses vêtements, et quand il est nu, que son corps n'a rien pour se protéger contre le ciel, un éclair traverse son ventre de part en part.

C'est là qu'il se réveille.

Il se redresse d'un coup, haletant, comme un pantin disloqué qu'on viendrait de remonter. Ses cheveux sont pleins de sueur, sa peau aussi. Souvent, il est tout seul dans le lit. Si Harry est là, il ne dit rien. Il lui tourne le dos, il fixe son mur. Ils ne se touchent jamais dans leur sommeil, il n'y a pas de raison que Harry vienne le réconforter. 

Louis se lève, un peu chancelant. Il traverse la chambre, sort dans le couloir. Il n'allume pas les lumières mais il se guide en se tenant aux murs. Il va dans la cuisine. Là c'est éclairé, parce qu'il y a un réverbère juste sous la fenêtre. Une lumière blafarde, le sol est bleu pâle, les murs blancs. C'est une autre dimension, où il n'y a pas un bruit. Après la tempête de son sommeil, Louis aime le silence de la cuisine. Il sort un verre et le remplit d'eau. Appuyé contre la table, il boit à petites gorgées, son cœur a du mal à reprendre des pulsations normales. Il regarde le ciel. 

Est ce que ça a un sens, d'être là, en pleine nuit ? Dans cet appartement appartenant à quelqu'un que je connais si peu. Je devrais partir, prendre mon sac, mes fringues, m'enfuir. C'est la nuit, c'est peut être le bon moment. Le jour je n'y arrive pas, franchir la porte est comme mourir, mais là, sous les étoiles, ce serait sûrement possible, de marcher vers ailleurs. 

Il repose son verre sur la table et ferme un peu les yeux. Il y a des pas dans le couloir, et quelques secondes plus tard, Harry qui pousse la porte. Louis rouvre les paupières. Harry est torse nu avec son bas de jogging. Il a les cheveux en bordel et les yeux pleins de sommeil. Louis s'en veut de l'avoir réveillé alors que, pour une fois, il n'était pas sorti dehors. 

-Est ce que ça va ?

Louis hoche doucement la tête. Harry a l'air vraiment inquiet, comme il l'était le premier soir, alors que Louis pleurait sur la plage. 

-J'ai fait un cauchemar.

-Tu veux le raconter ?

-Je ne sais pas.

-L'écrire ?

-Je n'écris pas bien.

-Ce n'est pas la question. 

Harry sourit un peu, et puis il passe sa main dans ses boucles. Et puis, encore, cette même main, il l'a tend vers Louis qui entrelace ses doigts entre les siens. Le geste est si naturel, comme mille fois répété. 

-Tu veux une tisane ?

Louis secoue la tête. La tisane, ça ne guérit pas tout. Là tout de suite, il mourrait d'envie de demander à Harry de le prendre dans ses bras et de le serrer fort. 

Il mourrait d'envie de faire l'amour, allongé dans le noir sur le tapis doux du salon. 

Des envies qu'on ne prononce pas à voix haute. 

-Tu veux... Qu'on regarde la télé ? Ou que je te laisse tranquille ? Tu veux sortir dehors ? 

Louis trouve ça bizarre, cette façon qu'à Harry d'être prévenant par intermittence. Une moitié du temps je te protèges et je te fais te sentir important, l'autre moitié je t'ignore et je disparais sans me soucier de toi. Ça ne marche pas. Il y a quelque chose qui ne va pas chez lui, mais Louis n'a pas envie de chercher quoi. Parce que 50% de la journée, Harry est adorable, alors...

Il serre un peu plus fort sa main et puis il murmure :

-Je veux bien qu'on retourne au lit et qu'on parle un peu. 

Harry acquiesce. Ils vont se recoucher, les mains qui se frôlent au milieu de la couette. Ils se regardent dans l'obscurité. Harry murmure :

-Tu vas repartir un jour ?

-A la fin des vacances. 

-C'est les vacances là ?

-Oui.

-Je ne savais pas. Tes parents s'en fichent que tu sois là ?

-Oui. 

-Ils savent que tu ne va pas bien ?

-Je sais pas. Pourquoi tu poses toutes ces questions ?

Les doigts d'Harry s'égarent. Il soupire.

-Parce que c'est ce que tu as envie d'entendre.

-Non. Ca me rend triste.

Harry le fixe quelques secondes. Ses yeux brillent comme deux petites lunes noires.

-Je crois que j'aime bien être triste moi. Je ne me sens pas entier sans ça. C'est quelque chose qui m'inspire.

Louis tend la main. Il touche la joue d'Harry du bout des doigts. Son cœur bat un peu plus fort.

-Parfois, tu es l'être humain qui me fascine et me fais le plus peur au monde.

 -Parfois, tu es l'être humain qui me fascine et me fais le plus peur au monde

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(un jour) - Larry StylinsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant