HARRY
Harry ne sait plus.
Il ne sait plus pourquoi il s'est retrouvé échoué sur le sable.
Il ne sait plus.
Comme si son corps, à un moment de la nuit, avait été avalé par un trou noir.
Il ne se souvient que du froid dans chacun de ses os, des vagues venant lécher ses chevilles, pénétrant partout, semblant lui créer une deuxième peau. Il ne se souvient que du sable dans sa bouche, du vent partout sur ses joues. Il se souvient qu'il n'avait plus la force de se lever. Il se souvient d'un sommeil sans rêve. Il se souvient de la pluie commençant à tomber dans le petit matin, de l'aube au dessus des maisons, d'un ciel gris et orange, comme une peinture à l'eau, délavée. Encore le froid. Le froid humide s'infiltrant partout. Il se souvient, la marée montante, encerclant ses jambes. Il se souvient avoir eu le courage de se traîner sur quelques mètres, et puis s'être dit, à quoi bon, et n'avoir plus eu aucun courage du tout, si ce n'est celui de rester là, immobile, à respirer le sol mouillée et avaler de la pluie. Et puis encore le sommeil. Les paupières collées par le sel. L'impression d'un corps sale et trop lourd à porter. D'un cœur comme un fardeau.
Et puis, longtemps après, comme émergeant d'un brouillard, les mains de Louis sur son visage, son souffle, sa voix au milieu de celle de l'océan.
Retour à l'appartement.
Harry est toujours recroquevillé sur le canapé. Il n'a pas bougé depuis que Louis l'a laissé là pour aller prendre une douche. Il est emmitouflé dans une couverture. Il fait bon. Le froid n'est plus qu'un souvenir imprécis, qui n'a rien laissé sur sa peau. Aucune marque. Juste ça, l'impression qu'il aurait pu se passer quelque chose. Un vide immense qui aurait pu être comblé.
Tant d'eau, tant d'eau.
Harry ferme les yeux. Il n'a plus le droit d'y penser. C'est fini. Louis est venu. C'est fini.
Louis revient de la douche. Il porte un t-shirt de Harry, beaucoup trop grand pour lui, et un jogging qui à l'air tout doux. Harry a envie de lui demander d'approcher, pour pouvoir se lover contre lui. Mais il n'ose pas. Ce serait... Bizarre.
Louis lui sourit un peu, comme tout ce qu'il fait, timidement.
-Tu veux prendre une douche maintenant ?
Harry hausse les épaules. Louis insiste.
-Ça te ferait du bien.
Il finit par se lever. Louis l'accompagne jusqu'à la salle de bain, comme si il risquait de tomber à chaque pas, ce qui est... Agaçant. Alors Harry rentre dans la petite pièce et lui ferme la porte au nez.
Il se déshabille méthodiquement. Puis il va sous la douche. Il allume le jet. L'eau est chaude, elle coule partout sur sa peau, le long de son cou, descend sur ses omoplates, glisse sur son dos, ses fesses ses cuisses et
Il se souvient.
Ce qu'il voulait fuir c'était
Il se colle à la paroi de la douche. L'eau coule dans le vide. Le bruit est assourdissant. Il ouvre la bouche. Il voudrait hurler mais rien ne sort, si ce n'est un bruit ridicule, le glapissement d'un chiot auquel on aurait écrasé la queue. Il se met à pleurer. Les larmes jaillissent toutes seules, secouent son corps avec une telle force qu'il est obligé de s'asseoir dans la douche.
Il a l'impression qu'il va s'étouffer avec sa propre respiration tant elle est saccadé. Autour de lui, le monde devient d'un bleu translucide, à peine strié de lumières aveuglantes. Il se sent hurler quelque chose, mais il n'entend plus rien.
Et puis la porte de la salle de bain s'ouvre d'un seul coup, et Louis apparaît à nouveau. Harry le regarde, et il lit dans ses yeux une panique sans nom. Louis s'approche. Harry essaie de reculer. Il ne veut plus qu'il le touche. Est-ce que c'est lui qu'il a appelé ? Pars. Vas t'en. Je ne veux plus que des mains effleurent ma peau. Louis lui dit de respirer. Il lui dit ça les yeux dans les siens. Il essaie de lui attraper les poignets. Harry n'a plus d'air, il n'a plus d'air il n'a plus d-
-NON.
Louis tient ses poignets entre ses mains. Fermement. Harry respire à nouveau. Il sent son cœur battre jusque dans ses tempes, le vacarme est assourdissant.
-LACHE MOI.
-Harry. Ne fais pas l'idiot.
Louis le tire vers lui.
-NON.
Il sanglote. Il sent son corps devenir très lourd. Louis le tire encore. Il se laisse faire. Il répète :
-Non non non non non non
Mais Louis l'assoit sur le tapis, puis il le sèche dans une grande serviette de bain. Le silence revient d'un seul coup. Harry est brusquement très fatigué. Fatigué de se battre. Fatigué des mauvais rêves. Tellement tellement fatigué. Peut être qu'il le dit à voix haute parce que Louis s'agenouille et dit :
-Je vais t'emmener au lit, d'accord ?
Harry hoche la tête. Il se raccroche au visage de Louis. Il ne voit plus que ça. Louis comme un ange venu de l'orage. Il se laisse habiller comme un enfant. Puis Louis essaie de le porter mais il est trop lourd, alors il se contente de rester contre lui, le nez dans son cou. Louis le met au lit. Il lui rajoute une couverture, pleins d'oreillers.
Et puis il s'assoit sur le lit, et il prend la main de Harry. Il lui sourit. Harry sourit aussi. Il ne sait pas pourquoi. Louis se penche, il lui embrasse la joue. Très tendrement.
Harry s'endort.
fin de l'orage.
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(un jour) - Larry Stylinson
FanfictionLouis est à la recherche de la brûlure de l'orage. A la place, il trouve Harry. Mais peut-être que, finalement, il s'agit de la même douleur.