L'Hôpital

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Rose n'avait pas eu le temps de reprendre son souffle. Apparemment, être le sauveur du monde sorcier avait ses avantages : Harry avait tout juste pris le temps de tirer Hugo de son lit, après quoi, il les avait fait transplaner, directement dans un couloir de l'hôpital Sainte-Mangouste où presque toute la famille Weasley semblait déjà rassemblée.

- Qu'est-ce que ça veut dire ?! cracha Rose comme un fauve pris au piège.

- Je suis passé chez ton père aujourd'hui, répondit Harry sans se laisser démonter, la prenant à parti. Je voulais vérifier si la maison tenait toujours debout en son absence. Relever le courrier, peut-être arroser quelques plantes vertes... Et devine ce que j'ai trouvé ?

Rose ne dit rien. Elle voyait la porte de la chambre à présent. Harry avait au moins eu la décence de la faire transplaner dans le couloir, et pas directement devant le lit d'hôpital. Cette porte close l'appelait, muette, opaque, avec tout ce qu'elle dissimulait. Son père se trouvait derrière, elle le savait. Seigneur, dans quel état allait-il être ?

- C'est vrai, Rose ? intervint soudain son grand-père, Arthur Weasley.

Rattrapée par les évènements, la jeune fille regarda autour d'elle, hébétée. Elle fut engloutie par ces visages familiers et cette mer de cheveux roux. Elle vit sa grand-mère, Molly, tous ses oncles et tantes : Charlie, Bill et Fleur, Percy et Audrey, George et Angelina, et bien sûr, Ginny. Elle vit aussi ses cousins et cousines plus âgés : Victoire, Dominique, Louis, Molly, Lucy, Fred, Roxanne et James. Ils étaient tous là. Même Teddy Lupin, le petit ami de Victoire et filleul d'Harry, était venu. Elle en conçut soudain un tel besoin de fuir qu'elle poussa rageusement la porte de la chambre et la claqua derrière elle.

Elle entendit des cris derrière la porte, mais son grand-père les empêcha d'entrer. Elle lui en fut reconnaissante pour cela. Il fallait qu'elle soit seule, avant que la tempête se déchaine.

Se retournant vers la pièce, Rose découvrit son père assis dans son lit, qui l'observait. Il avait l'air lucide. Terriblement amaigri, comme d'habitude, mais sobre. Il la dévisageait, un petit sourire triste aux lèvres, l'air de dire : « Ҫa a bien marché jusqu'à présent, Rosy. Mais c'est terminé. Nous sommes découverts. »

Alors qu'elle s'approchait, il lui ouvrit ses bras :

- Comment vas-tu, ma chérie ?

- Papa...

Elle l'embrassa, savourant l'étreinte protectrice de ses bras frêles, le fait de le savoir en vie, en bonne santé – relativement – et non en colère contre elle.

- Que s'est-il passé ? demanda-t-elle.

- Ce qui devait se passer, répondit-il, effroyablement résigné.

Il lui prit les mains :

- Tu n'as rien à te reprocher, ma chérie. Mets-toi bien ça dans la tête. Je sais que tu as fait tout ce que tu as pu. Je sais que c'était un secret que tu n'aurais jamais dû avoir à porter. Ne les laisse pas te dire le contraire.

A cet instant, la porte se rouvrit, et la famille Weasley déferla. Harry était visiblement rouge de colère, et ne tenait son sang-froid qu'au respect qu'il nourrissait pour ses beaux-parents :

- J'espère que tu es contente de toi ! Tu sais comment je l'ai trouvé ? Est-ce que tu sais dans quel état je l'ai trouvé ?!

Il se retourna sur son auditoire, comme possédé :

- Avachi devant la fenêtre ouverte, à moitié nu, sans rien à manger ! Puant d'alcool : c'est à peine s'il a su me reconnaitre !

Muets, Arthur et Molly Weasley restaient perdus devant la scène, saisis d'horreur. Harry brandit les lettres que Rose lui avait écrites :

A Coeurs Perdus : 2e Génération (Scorose)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant