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- NOOON ! gueule Madeline.
- Maintenant Staf Seeger, vous allez me faire le plaisir d'amener cette détenue au gaz, ajoute Helga en expirant bruyamment.
Kurt prend brusquement Madeline par les épaules et la tire de force hors du camp des femmes. Madeline résiste. Elle ne veut pas la laisser.
- Ce n'est qu'une enfant... sanglote-t-elle.
Elle est étendue. Morte. Sa protégée. Auprès d'elle, Helga crache du sang. Elle s'essuie le menton. Elle n'est pas humaine. C'est une folle. Elle a tuée une enfant.
- Faites quelque chose. Ce n'est qu'une enfant. Elle a tué une enfant.
Kurt ignore ses paroles. Madeline lutte dans ses bras. Elle se débat, essayant de se libérer pour rejoindre sa protégée.
- Elle est seule. Il ne faut pas qu'elle reste seule. Elle a peur.
Elle balance des coups partout, tentant de toucher une faiblesse dans la défense du Standartenführer.
- Vous ne pouvez plus rien pour elle, chuchote Kurt en échappant de justesse à un coup de pied.
Les muscles de Madeline se décontractent. Elle se laisse amener. Le cercle de détenues qui entourait Ida se disperse. Elle seule reste étendue. Sur le coin d'un baraquement, Madeline voit disparaître le corps inerte de la petite Ida.
Kurt la ramène au Kanada. Dans quel autre endroit aurait-il pu l'amener ? La chef-gardienne veut la voir assassinée. Elle ne peut pas retourner dans le camp des femmes. Elle serait reconnue immédiatement.
Le Kanada est désert. Les prisonniers sont tous dans leur camp pour le couvre-feu. Kurt ouvre une baraque d'entreposage de vêtements et la referme derrière lui. Il installe Madeline sur un tapis de cotons, laines et autres tissus. Elle est paralysée. Elle se laisse tomber.
- Ce n'était qu'une enfant...
De grosses larmes coulent sur les joues de Madeline. Il la couvre d'une couverture. Il ne peut rien faire d'autre. « Demain vous allez revoir Liliane » est la seule phrase qu'il parvient à dire.
Elle a le regard perdu. Kurt se demande à quoi elle pense. Sûrement à la jeune fille assassinée. Il ne la connaissait pas. Par contre, elle la connaissait clairement. Il ne veut surtout pas mentionner ceci, mais il doit lui changer les idées. S'il ne le fait pas, elle va continuer de souffrir. Et lui également.
- À quoi Liliane ressemble-t-elle ?
Madeline prend un temps avant de répondre, toujours prisonnière de ses pensées :
- Elle est... Merveilleuse. Elle porte un manteau rouge ardent. C'est son préféré. Elle ne le retire que pour aller dormir.
Elle tremble comme une feuille. À travers la lucarne, le soleil brillant pointe son nez avant d'aller se coucher.
- Elle ne me ressemble pas. Elle a des cheveux longs pour son âge. Ils descendent en cascade jusqu'au milieu de son dos. Ils sont blonds, exactement de la même couleur que ceux de son père. Souvent, je les tresse pour qu'ils soient plus courts. Elle a un visage rond au teint clair, avec deux pommettes bien rosies. Elle est toujours souriante, même dans les moments les plus difficiles. Ses yeux... Ses yeux si doux... Ils ont le pouvoir de faire disparaître tous les soucis du monde. Ils sont d'un bleu flamboyant. Elle ne regarde nulle part lorsqu'elle observe. Elle ne voit rien. Je remercie la vie de l'avoir faite ainsi. Jamais elle ne pourra voir cet affreux monde. Cette Terre médiocre. Ces yeux ne méritent pas de voir cela.
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Le SS qui aimait une juive
Historical FictionLes soldats SS n'aiment pas les juifs et les juifs n'aiment pas les soldats SS. Il en a toujours été ainsi depuis le début du règne nazi. Lors de la Shoah, Madeline Gumpertz est une juive de nationalité française. Veuve et mère, elle sera d'abord dé...