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Alda pose un pain sur la table. Assis autour de celle-ci, Josef, Madeline, Liliane et Kurt goûtent à une crème de pommes de terre bouillante. Madeline trempe délicatement ses lèvres dans une cuillerée pour vérifier sa température. Elle est parfaite, donc elle place son bol devant Liliane. Elle lui met sa cuillère dans la main.
- Devant toi, sur la table, il y a un bol de potage.
Liliane tâtonne le dessus de la table à la recherche du bol. Elle parvient à le trouver. Du bout des doigts, elle calcule sa position et, lorsqu'elle en certaine, y trempe sa cuillère.
Madeline hoche la tête, satisfaite. Elle aurait pu la faire manger comme elle le faisait lorsqu'elle avait un an, mais elle désire lui apprendre à être débrouillarde.
- Tout est allé très vite. Néanmoins, l'essentiel est que nous y sommes arrivés, raconte Kurt. Depuis le début du repas, il raconte à Alda comment il a fait pour sortir du camp.
- Je ne sais pas s'ils pourraient retrouver nos traces. J'ai toujours fait très attention de ne pas garder des papiers qui parlaient des évasions. Je les détruisais.
Madeline coupe une tranche de pain et la donne à sa petite. En passant au-dessus de sa tête, elle colle un baiser sur ses cheveux blonds.
- Tu as des nouvelles d'Heinz ? demande Kurt à l'intention d'Alda qui vient tout juste de s'asseoir.
Son regard s'égare vers la fenêtre de la cuisine et une lourde ambiance envahit soudain la salle à manger.
- Non.
Kurt comprend. Le silence inonde la pièce. Le bruit des cuillères frottant contre le fond des bols est le seul son qui se fait entendre dans la petite maison de campagne.
- Sa dernière lettre remonte à six semaines. Il ne faut pas s'inquiéter pour lui. La guerre se terminera un jour. Et il reviendra.
Après cette discussion l'atmosphère se détend. Josef, qui a pris le temps de se laver avant le dîner, parle de quitter la Pologne lorsque la guerre sera terminée... Si elle se termine un jour.
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Avant de quitter la chambre d'invitée, Madeline jette un coup d'œil au lit qui est serré contre le mur. Liliane s'y est endormie. Elle souffle un « Je t'aime » et referme délicatement la porte. Dans le couloir, il fait sombre. Durant le dîner, des chandelles étaient éparpillées dans la salle à manger. Mais dans ce couloir, il n'y a aucune source de lumière. Elle se fie à la faible lueur qui provient des escaliers et s'y dirige.
Après le dîner, elle a aidé Alda à laver les assiettes. Elle n'a revu ni Kurt, ni Josef depuis ce moment. Alda est partie se coucher une fois la dernière assiette sèche et placée dans le placard. Madeline l'a suivie pour coucher Liliane qui frottait ses petits yeux fatigués.
Au-delà de la rampe d'escalier, elle perçoit Josef qui s'est endormi sur le long divan du petit salon. Elle tente de faire le moins de bruit possible en quittant la maison par la porte d'entrée.
La lune est pleine. Ses reflets éclairent la noirceur d'une nuit d'août. L'air est frais, mais pas froid. Elle marche jusqu'au puit, et s'y pose.
- Est-ce que c'est la fin du monde ? finit-elle par se demander à voix haute.
Elle ferme les yeux. Elle a envie de fumer. Une bonne cigarette la détendrait certainement. Elle inspire. Lorsqu'elle ouvre ses yeux, elle remarque une faible lumière provenant d'un des bâtiments. « Ça doit être une grange ou une écurie » se dit-elle. En tendant mieux l'oreille, elle entend une jolie mélodie qui s'en échappe. Elle associe ce son à des notes de piano.
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Le SS qui aimait une juive
Historical FictionLes soldats SS n'aiment pas les juifs et les juifs n'aiment pas les soldats SS. Il en a toujours été ainsi depuis le début du règne nazi. Lors de la Shoah, Madeline Gumpertz est une juive de nationalité française. Veuve et mère, elle sera d'abord dé...