Sentinelles

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Rey médite une grande partie de la nuit jusqu'au matin, avec rien d'autre que les numéros du panneau de commande contre son lit comme témoins du temps qui passe. Le petit déjeuner est servi à sept heures, par un droïde noir.

"Merci," dit Rey par habitude, se demandant quelle proportion de ce complexe ne fonctionne que grâce à des droïdes.

Après le petit déjeuner, Rey visite les lieux, bien décidée à tenter d'établir une carte de la structure générale. Son badge d'accès la laisse passer presque partout, avec quelques exceptions notables ; l'ascenseur refuse de lui donner accès au-delà du troisième étage, où se situe la centrale de commandes. Elle ne peut pas non plus accéder à la centrale énergétique, et doit se contenter de regarder par les portes vitrées les énormes turbines qui lui rappellent un peu les Star Destroyers.

Mais à priori il n'y a pas de moteurs. L'orbite de la comète et la gravité du trou noir suffisent à alimenter les machines. Pourtant il y a une hyperpropulsion. C'est une machine gigantesque, prenant presque toute la place dans le hangar, et Rey n'en a jamais vu de semblable auparavant. Oh, ce qu'elle ne donnerait pas pour une bonne dissection de ces convertisseurs kinétiques - mais il y a un droïde de sécurité de l'autre côté des portes qui a son périscope braqué sur elle, alors elle finit par s'éloigner.

De temps en temps, elle laisse glisser les doigts sur un mur ici ou là, cherchant à comprendre l'histoire du bâtiment qu'elle parcourt. Il y a des sensations obscures, lourdes, gravées dans la pierre. Une époque où ce complexe fourmillait d'activité, plein de peur et de pouvoir ; tout tournait autour d'une créature humanoïde qui manipulait la Force comme une araignée dressée au centre de sa toile.

Elle réalise que c'était le QG de Snoke.

Elle cherche des informations sur ce qui lui est arrivé, mais les murs l'ignorent. Il était là, et l'instant d'après il n'était plus, puis ce fut l'exode, le complexe se vida et les gens s'enfuirent pour sauver leur peau. Fuyaient devant Kylo. Fuyaient de peur d'une riposte du Premier Ordre.

Rey essaie de mettre au clair la contradiction d'un 'Leader suprême' qui est en conflit avec sa propre organisation, quand un droïde familier la rejoint.

"Maître Jedi, vous êtes invitée à dîner avec-"

"Est-ce que ça va devenir une habitude?" L'interrompt-elle.

Elle soupire devant les cliquetis confus du droïde. "Laisse tomber. Et non - je vais trouver le chemin seule. Pas la peine que tu m'accompagnes."

Elle arrive évidemment en retard, s'étant perdue sur le pont six. Elle reconnaît qu'elle aurait dû accepter que le droïde l'escorte, en constant qu'à son arrivée, Kylo et Tam en sont déjà à la moitié du repas. Elle s'attend à ce que Kylo soit agacé - une de ses émotions les plus courantes, mais il est surtout surpris.

"Je commençais à penser que tu boudais dans ta chambre," dit-il quand elle s'installe devant une assiette de légumes variés et d'une céréale ressemblant à du quinoa.

"Et ne pas profiter de ta charmante compagnie?" Elle regarde Tam, mais il ne relève pas le nez de son assiette. Son cœur se serre quand elle comprend qu'il est certainement encore fâché contre elle.

Ils mangent en silence un moment, et Rey sent le malaise monter en elle comme une vapeur brûlante. Elle essaie de se comporter du mieux possible. Elle se sert même du couteau et de la fourchette dans une tentative de manger normalement, mais elle doit quand même s'y prendre mal parce que Kylo la fixe avec insistance.

Puis quelque chose se passe sous la table. Elle pourrait jurer que Kylo a mis un coup de pied à Tam, car ce dernier s'est levé comme si une mouche l'avait piqué. Il accorde un regard coupable à Rey. "Je m'excuse de ce que j'ai dit hier. Je ne le pensais pas."

La Lune, le Soleil, et l'étoile au milieuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant