La Lune, le Soleil, et l'étoile au milieu

Etoiles Contraires

Je suis sûre de l'avoir vu par ici, se dit-elle en cherchant du regard dans la zone de cargo silencieuse. Mais elle ne voit que les vieux containers et n'entend que le gargouillis tranquille du système d'aération.

"Tam?" Appelle-t-elle doucement, croyant entendre des pas. Elle suit le bruit jusque dans le monte-charge qui mène à la salle commune. Quelqu'un a laissée allumée la table de Dejarik, et elle l'éteint d'un geste. La banquette où dort habituellement Tam est vide.

Un mouvement à l'extrémité de son champ de vision la fait se retourner, guettant le couloir intérieur. "Tam? Allez c'est l'heure de la douche. Tu ne peux pas te cacher éternellement!"

Elle avance silencieusement dans le couloir, suivant sa courbe, dépasse le local technique et la salle des moteurs, revenant par l'autre côté en croisant le cargo arrière, jusqu'à se tenir au croisement entre la salle du canon laser et l'accès menant au cockpit, guettant dans la salle commune une fois de plus.

"Où sont-ils passés?" Souffle-t-elle, fronçant les sourcils.

Le fracas d'un panneau percutant le sol la fait sursauter et se retourner vivement. Un garçon couvert de poussière s'accroche pour redescendre du circuit d'aération, les pieds devant.

"Tam, qu'est-ce que tu fabriques?" Gronde-t-elle, n'osant pas penser à combien de décennies de poussière ont dû s'accumuler ici.

Il a l'air de faire semblant de ne pas l'entendre, et quand il tombe sur ses pieds devant elle, elle comprend son erreur. Ce n'est pas du tout Tam. Il est plus petit, plus maigre, des traces violettes sous des yeux noirs en amande, et bien qu'il porte une tignasse de boucles noires, ses cheveux sont trop foncés pour être ceux de Tam. Ces étroits yeux tristes regardent droit à travers elle, puis il tressaille soudain, comme surpris par un son inattendu.

Rey entend d'autres voix, provenant du cockpit. "Je sais, on n'a rien pu faire. Si on reprend la route Hibek dans l'autre sens, on devrait pouvoir éviter le plus gros des patrouilles. Si on récupère Luke à huit heures on peut repartir à neuf, et on arrivera encore bien avant que le trafic ne soit trop dense. J'en peux plus de subir la pression de Sebuoi à propos de cette cargaison."

Puis un fantôme apparaît. C'est forcément un fantôme. Car voilà Han Solo, jeune et séduisant, avec une chevelure brune et épaisse jetée en arrière avec un négligé étudié. Leia avait raison. Il y a quelque chose de fascinant dans ces traits marqués, un peu voyous. Le garçon s'écarte de son passage, mais Han n'a pas l'air de le remarquer. Il est trop occupé à discuter avec un homme à la peau noire qui marche à ses côtés, et qui, quelques pas plus loin, trébuche sur le panneau détaché du plafond.

Han le ramasse, surpris, puis lève les yeux vers le trou qu'il devrait boucher. En regardant autour de lui quand il voit le garçon il cligne des yeux, comme s'il venait tout juste de réaliser sa présence.

"Tu démontes mon vaisseau, le môme," râle-t-il, décontenancé par le vide dans les yeux du garçon.

"Il va bien?" Demande l'autre homme.

"Ouais, il est... toujours comme ça." Et tout dans le ton qu'il emploie trahit le poids de la déception et de la résignation tandis qu'il remet le panneau en place et continue son chemin, oubliant le garçon aussitôt le dos tourné.

Rey observe le garçon qui se penche silencieusement en avant, suivant son père des yeux. "Ben...?" Chuchote-t-elle.

Le garçon tourne la tête, regardant dans là couloir. "Qui est là?"

Il ne la voit toujours pas, et il passe devant elle, pinçant ses oreilles jusqu'à ce qu'elles deviennent écarlates. "Personne, personne," souffle-t-il pour lui-même, descendant à quatre pattes pour vérifier sous la table de déjarik. "Y'a quelqu'un?"