Les mouches tombent comme des gens.
Elles ont des yeux étranges, qui dégoûtent un peu, et elles font du bruit. Leur bruit dérange, et on juge leur mode de vie.
Les mouches, elles ne savent parfois rien de tout ça, ou parfois si. À vrai dire personne ne sait ce qu'elles pensent, et personne ne va leur demander. Ou alors, on pense qu'elles ne se demandent rien. Elles sont, point.
Pourtant les mouches sont rarement. On les écrase, on les noie, on les regarde avec agacement parce qu'elles sont un fardeau.
La mouche est incomprise, la mouche n'est pas aimée, la mouche est seule ou du moins nul ne cherche à s'y mélanger. La mouche reste avec la mouche.
La mouche a des yeux aux milles facettes, et des ailes finement dessinées. Au creux de son coeur se cache probablement une beauté que l'on ne veut pas voir parce qu'elle est différente, et parce que ça ferait trop peur de s'y attacher. S'attacher à la mouche, c'est s'attacher à la fatalité du destin, c'est s'ouvrir en sachant qu'elle va mourir. C'est effrayant la mort, et c'est normal de garder ses distances.
La distance que l'on place avec la mouche est alimentée par la colère, la frustration, parce que c'est tellement plus simple de ne pas voir ce qui est vrai ; la mouche avait le droit de vivre comme toi, mais tu lui as retiré pour ne pas avoir à la supporter.
C'est lourd le poids d'une vie.
La mouche c'est un peu une maladie.
On la voit, on la fuit. Et parfois on compatit.
Quand la mouche est malade, quand la maladie fait mouche, personne ne parle, plus rien ne bouge. C'est étrange et inhumain, c'est inhabituel et ça ne fait rien.
Ça ne fait rien.
C'est impuissant, c'est la marche contre le vent.
La mouche elle tombe, elle meurt aussi. Au fond sa vie est courte, depuis le début, et puis ce n'est pas grave ou si, c'est grave, mais le monde l'a décidé alors à quoi bon.
Les mouches qui tombent comme des feuilles c'est poétique.
Et parfois le malheur c'est beau.
Mais au fond du coeur qui manque d'air et s'étouffe, il n'y a qu'une chose qui reste et qui semble ne pas vouloir partir.Et quand le coeur est malade, les gens tombent comme des mouches.
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Pourquoi j'aurai dû naître animale
Short StoryIci seront entreposées toutes mes nouvelles écrites depuis 2012-2013 ! Elles sont classées dans l'ordre chronologique, la numéro 1 étant la plus vieille. Il a une ambiance étrange plutôt commune à tous les textes, malgré quelques exceptions, et les...