Chapitre 20- Charlène et les autres

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«CHA OUVRE JE SAIS QUE TU ES LÀ !»
Ma meilleure amie ouvre la porte de chez elle lentement, et j'entre sans même dire bonjour tant je suis pressée.
«Bonjour quand même, me fait-elle la remarque.
Aujourd'hui, pas le temps pour les salutations. Je veux savoir.
-Tu veux une clope ? me propose a-t-elle soudain. J'allais sortir fumer, tu viens ?
-Non, j'ai arrêter.
-À cause d'Hugo ?
-À cause de tout, Charlène.
-Comme tu voudras.
-C'était toi ?
-De quoi tu causes ? rétorque Charlène, visiblement interloquée.
-Hier soir, le cadeau d'Hugo, c'était toi ?
-Ah ça ! Héhé oui, il t'a plu mon cadeau ? me fait-elle avec un grand sourire.
-À cause de toi j'ai failli passer la nuit en garde à vue !
-Hein, mais pourquoi tu dis ça ?
-Je sais que c'est toi Cha, pas la peine de faire semblant.
-Mais enfin de quoi tu parles ? Je croyais qu'elle t'aurait plu ma robe...
Elle persiste dans son mensonge et s'enfonce à vue d'œil.
-Il ne s'agit pas de la robe là !
-Mais bordel je ne vois pas de quoi tu parles Mélanie !
-Je te parles du braquage de Monoprix que toi et Hugo avaient organisé ! C'est diabolique ! Tu t'imagines le risque encouru ? je crie histoire de bien me faire comprendre.
À la place, ma meilleure amie éclate de rire.
-Ah ouai, tu trouves ça drôle ?»

J'allume la télé et je met la 1. En bas de l'écran il est écrit en minuscules caractères : «braquage d'un supermarché Monoprix à Périgueux en Dordogne par deux étudiants cagoulés». D'habitude, je ne regarde jamais ces petits messages qui s'affichent en bas de votre écran, car pour moi, l'information est au centre du téléviseur. Mais quand mon père a  allumé la télé pour la première fois ce matin et que j'ai vu cela, ça m'a tout de suite tapé dans l'œil.
Pour tout vous dire, je ne suis pas fière de ce que j'ai fait, ou plutôt de ce que l'on a fait. C'est vrai, je n'aurais pas dû manger tant de chocolats.
La police dit que les suspects n'ont pas laissé de traces, et qu'il est impossible de les identifier pour l'instant car leurs visage étaient recouvert d'une cagoule. Ils disent aussi que la façon dont ils se sont introduit dans le magasin reste encore incertaine. D'après eux, les malfaiteurs auraient, je cite, "agressé un homme en lui proposant de venir boire un verre (puisque celui-ci était soûl quand nous l'avons retrouvé), et forcé à leur fournir les codes d'accès auquel cas ils «tueraient toute sa famille». Je trouve la fin plutôt fantaisiste. Mais ce que je ne comprend pas, c'est pourquoi ils n'ont pas mis le VÉRITABLE sujet en évidence :
«Boucherie au premier étage. Le corps de six paquets de kinder retrouvés morts en ce jour funeste»
Cela aurait été plus clinquant.
«Alors, c'était vous ? me demande Charlène estomaquée.
-C'était nous. Et ne me dis pas que tu n'as rien avoir avec tout cela.
-Quoi ? Mais tu es folle ma parole ? M'accuser d'une chose si grave ? Je ne l'aurais jamais laissé faire un truc pareil si j'avais su ! Il m'a seulement demandé si je pouvais lui prêter ma robe pour une nuit, et comme il est un peu efféminé sur les bords, j'ai accepté... À vrai dire, j'ai cru qu'il voulait te l'offrir comme cadeau d'anniversaire.
-Moi aussi au début. Et puis quand j'ai vu qu'il commencé à m'emmener dehors, je me suis d'abord demandé si nous n'allions pas en soirée. Finalement, ça s'est avéré être beaucoup mieux que cela...»

Je lui ai raconté notre soirée depuis le moment où Hugo est venu cogné à ma fenêtre, jusqu'à sa prestation en costume de super héros dans les moindres détails. À la fin de mon récit, ma meilleure amie n'en revenait pas.
«Et vous avez eu le temps de faire tout ça en une nuit ? demande Charlène.
-Oui. Et on en aurait eu plus encore si la police n'était pas arrivée à ce moment-là.
-La police ! Et qu'est-ce qui s'est passé ensuite ?
-Et bien en fait, on a pas capté tout de suite qu'on était cerné. C'est seulement en entendant cet imbécile de chauffeur qu'on a compris. Il a dû se rendre compte dans la soirée qu'il avait perdu ses clés, et il a immédiatement fait venir les flics sur les lieux du vol. Du coup, on est tout les deux parti se cacher, chacun de notre côté. Hugo s'est planqué dans le rayon toilette intime, et moi, j'ai sauté dans un bac rempli de peluches jusqu'à ce que l'on ne voit plus ma tête. Ensuite, dès que les agents sont montés pour fouiller l'étage, nous avons pris la fuite. On est sorti par la porte de service qui doit toujours restée ouverte en cas de danger. Une fois dehors, on a atterri dans les poubelles, et on est resté là. J'étais tétanisée par l'angoisse et tout mon corps tremblait de peur. On a dû resté comme ça une bonne heure je dirais. À vrai dire, Hugo aussi avait peur, peut-être même plus que moi. Il a serré très fort ma main et nous avons attendu. Donc après un moment nous sommes partis à pied en direction de ma maison mais sur le chemin, on s'est fait arrêté par une patrouille de police, encore. Mais en voyant le costume d'Hugo, ceux-ci ont cru qu'on allait à une soirée déguisée et nous ont laissé partir. Meuf, je n'ai jamais autant stressé de ma vie à part hier soir !
-Tu m'étonnes ! C'est vraiment incroyable ce que vous arrivez à faire ensemble tout les deux. Et dire que j'ai déjà du mal à aller au cinéma avec Henry...
-Tu ne comprends pas ! À un moment, j'ai cru que tout était fini Cha. J'ai même voulu renoncer à m'enfuir, j'étais prête à me rendre s'il le fallait.
Et je l'aurais fait, si Hugo n'avait pas pris ma main à ce moment-là.
-Du coup, j'imagine que vous êtes ensemble ? demande mon amie surexcitée.
-Effectivement.
-Hooooo mon dieu! Doux Jésus ! Dieu tout puissaaaaaaaaaant ! s'écrit-elle.
Charlène a tendance à prier le seigneur de toutes les façons qu'il soit quand elle est choquée. Mais là, je crois que c'est plus que cela.
-JÉSUS MARIE JOSEPH !!!
-Ça va allait ? je demande en mettant ma main sur son épaule.
-Oui ! Je suis tellement heureuse pour toi mon chat ! C'est dingue ! Vous allez si bien ensemble tout les deux !
-Merci Cha, je répond simplement.
-J'espère que vous resterez ensemble toute votre vie ! D'ailleurs, si vous avez des enfants, est-ce que je pourrais être la marraine du premier ?
J'éclate de rire en même temps qu'elle.
-Doucement, on ne s'emballe pas !
-N'empêche que je suis contente pour vous.
-Merci.
Elle est vraiment très émue. Ça me touche venant de sa part. Je me dis que j'ai de la chance d'avoir une meilleure amie comme elle.
-Je t'aime Cha.
-Moi aussi Mel.»

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