3 mois ont passé depuis la soirée chez Bérénice. Entre-temps, quelques embrouilles avec Charlène, des rendez-vous avec Hugo et surtout des barres interminables. Mais ce n'est pas fini. Ce soir, ma mère, ma sœur ainsi que la mère de Charlène partent au Mont-Dore faire du ski. On ne voulait pas y aller car aucune de nous deux ne skie, et mon frère, lui, préfère rester jouer à ses jeux vidéos comme d'habitude. Cela a peu d'importance car une fois qu'on aura mis un film d'horreur, il s'en ira dans sa chambre en prenant ses jambes à son cou. Il sait que moi et Charlène on regarde beaucoup de films d'horreur, et lui déteste ça. Dès qu'il en regarde un, il se met à faire beaucoup de cauchemars la nuit. Il a toujours été de nature très peureuse, déjà petit il avait la trouille à cause d'un cheval à bascule dans sa chambre. La nuit, il pensait que ce cheval le hanté et viendrait le tuer pendant son sommeil. Des tas de fois il m'a confié l'avoir vu l'observer avec ses yeux rouges, et le lendemain il jurait qu'il avait bougé. Mon frère a toujours adoré faire son intéressante mais je crois qu'il était réellement effrayé par ce jouet. Alors ce soir, il nous suffit de mettre un film d'horreur pour qu'il nous laisse enfin seules, nous, la télé et le saucisson.
«On rentrera sûrement demain dans la soirée. Surtout ne faîtes pas de bêtises, soyez sages tout les trois.
-Oui maman, répond Charlène avec impatience.
-Mel, je veux que tu t'occupe bien de ton frère, et toi Hadri tu ne dois pas oublier d'écouter ta sœur, continue ma mère.
-Bien sûr mam's, je répond.
Hadri, lui, reste silencieux.
-Tu es sûr que tu ne veux pas aller avec eux ? je lui demande avec un air sournois.
-Maman! Tu vois? Les filles ont dit qu'elles allaient m'embêter ! s'écrit mon petit frère de douze ans.
-Non, personne n'embêtera personne ici, sinon je confisque tout les jeux, est-ce bien clair?
Comme si cette punition fonctionnait encore sur moi.
-Mais non, promis maman on ne fera rien, profitez bien de la neige et éclatez-vous!
-À demain mes poussins!»
...
18h42
«Bon Hadri, Cha, si je fais des pâtes tout le monde en mange?
-Ouaiii mamène! s'exclame Charlène affalée depuis plus d'une heure sur le canapé et qui n'arrête pas de grignoter.
-Hadri, c'est bon ?»
Il fait signe de la tête sans même lever les yeux de son jeu.
Décidément, j'ai bien fait d'arrêter Clash of Clans moi.
Je me dirige vers la cuisine et me met au travail. Je leur demande toujours s'ils veulent manger des pâtes en sachant pertinemment que je ne sais faire que cela. De toute façon, ce ne sont pas ces deux gros qui vont me demander de leur faire du choux farci aux champignons.
J'attrape une casserole dans un tiroir et fait couler l'eau du robinet dedans. Je place ensuite le tout sur le feu, et j'ajoute une pincée de sel à la casserole.
Pendant que l'eau bout, j'en profite pour sortir l'égouttoir, le placer dans l'évier et couper un gros morceau de beurre que je m'apprête à mélanger avec les pâtes lorsqu'elles seront prêtes.
Hadri et Charlène, eux, mettent la table dans le salon.
Neuf minutes se sont écoulées, je retire les pâtes du feu, les égoutte et mélange le beurre avec.
«Ça y est, c'est prêt, tout le monde à table! je crie.»
Voici le moment que je préfère, celui où mes deux protégés rappliquent à table avec la faim au ventre.
Comme d'habitude, je demande à mes invités comment ils trouvent mes pâtes:
«Super bonnes, répond Charlène avec entrain, tu ne les a jamais aussi bien réussi!
Je sais qu'elle en fait des tonnes car je n'ai fait que rajouter un tout petit peu de sel. Néanmoins, son compliment me fait très plaisir.
-Et toi Hadri, comment tu les trouves ?
Mon frère plane au dessus de son assiette à moitié vide.
-Quoi, tu ne manges pas?
-J'ai pas très faim, dit-il.
Il n'a même pas touché à son assiette.
-Comme tu voudras, tu les mangeras quand tu auras plus faim, je lui répond calmement.»
D'habitude, je l'aurais déjà envoyé dans sa chambre et privé de dessert, mais ce soir, je n'ai pas envie qu'il y ait une dispute alors j'évite les commentaires désobligeants.
«Charlène et moi on va sûrement regarder un film d'horreur ce soir, je dis à Hadri. Je préfère te prévenir.
-Chucky la poupée tueuse! dit Charlène en faisant la grimace.
-Ho, vous allez regarder Chucky? Je peux le regarder avec vous ! s'écrit-il soudain.
Je suis surprise, car en général, il ne veut jamais regarder les films d'horreur avec nous, il a trop peur pour cela.
-Je crois que tu ne comprend pas bien, Hadri. Charlène et moi on aime bien être seules pour regarder un film d'horreur. Je t'avais dit d'aller faire du ski avec Mina et maman, mais tu as refusé. Maintenant que tu es là, j'aimerais que tu nous laisse seules un peu toutes les deux.
-Mais je ne ferais pas de bruit! C'est promis! ajoute-t-il les mains jointes.
-Est-ce que je t'embête quand tu es avec tes copains Hadri? je m'énerve.»
