Le plus dangereux des loups de la bergerie

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Ses mots sonnaient en moi. Ils étaient simples, ils étaient clairs. Alors pourquoi ne parvenais-je pas à les comprendre ?


 Lorsqu'il s'était approché de moi, mon cœur n'avait cessé de m'élancer. « Il a le cœur sur la main », ne pouvaient s'empêcher de m'expliquer mes amis. Il était beau, il était gentil. Un ange tombé du ciel, ou un preux chevalier venu me délivrer d'une vie désintéressée, voilà comment mes yeux me forçaient à le voir. Alors j'avais suivi mon cœur. Grossière erreur.

La loi du plus fort est sans doute la meilleure, les paroles ne peuvent rien face à la force brut. Il le savait, je le savais. Bien que consciente de cela, j'avançais tête baissée droit dans la gueule du loup. J'étais confiante, j'étais amoureuse. Mon cœur ne me trahirait jamais. Je pouvais m'y fier et approcher cet homme qui attirait à lui à la fois mon corps et mon âme. Si stupide.

Aurais-je dû écouter ma raison plutôt que de suivre naïvement les désirs capricieux de mon cœur ? Aujourd'hui encore je me le demande. Ma raison n'avait pourtant cessé de m'harceler, m'ordonnant de me méfier. Il est dangereux.

Mais je n'étais qu'une brebis naïve, un agneau innocent. Comment pouvais-je reconnaitre un loup manipulant si bien l'art du déguisement ? Comment reconnaitre le prédateur derrière le masque d'agneau ?

Pourtant je le savais. Il fallait se méfier des personnes qui ont le cœur sur la main. La question serait alors de savoir ce qui se trouve dans leur poitrine, eux pour qui le cœur a dû être arraché pour se retrouver dans leur main.

Oui, ces mots résonnaient encore en moi. Ils résonneraient toujours en moi, et il le savait. Il savait qu'il m'avait piégé, il savait qu'il allait me dévorer. Et docilement je me laissais entrainer.

Le prédateur se penchait dangereusement au-dessus de moi, un sourire carnassier dessiné sur ses lèvres. Il aimait ça, il aimait sa façon de m'avoir trompé ainsi. J'aurai dû le détester, j'aurai dû le haïr. Mais comment haïr cet homme qui avait arraché son cœur de sa poitrine pour me l'offrir ? Comment en vouloir au prédateur pour qui mon cœur était enchaîné ?

S'approchant de mon oreille, le souffle du loup chatouillait ma peau sensible. « Je ne suis pas une brebis, doux petit agneau », avait-il commencé à me rappeler, amusé. « De tous les prédateurs, tu t'es languies du plus dangereux des loups de la bergerie, petit agneau chère à mon cœur ».

Le laissant me prendre dans ses bras, je n'avais plus de raison de résister. Alors je laissais de loup déguisé en agneau me dévorer d'une torride passion et de ses redoutables flots. 

Dulcis PromissisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant